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La légende des deux anguilles de Fatu Hiva


Germaine raconte les légendes d'Hanavave
Germaine raconte les légendes d'Hanavave
Fatu-Hiva - 12-01-16 - Isolée au sud des Marquises, Fatu Hiva (ou Fatu Iva) est une île très préservée. 600 habitants, répartis sur deux villages, Hanavave et Omoa, y résident. Une seule route de 17 km relie les deux vallées. À chaque passage de l'Aranui 5, les croisiéristes randonnent d'Omoa à Hanavave. La doyenne du village d'Hanavave, Germaine est toujours présente : elle a de nombreuses légendes à raconter dont celle de Ko'e'e iti et Ko'e'e nui : la légende des deux anguilles.

La légende des deux anguilles est très connue à Fatu Hiva. Le grand-père de Germaine, décédé en 1975, lui a transmis l'histoire de Ko'e'e nui et Ko'e'e iti. Aujourd'hui, la dame de 70 ans entend encore son grand-père lui parler. "Il a beaucoup à me dire", confie-t-elle.
Elle a transmis les légendes du village à ses onze enfants mais tous sont partis vivre à Tahiti, Bora Bora et ailleurs, tandis qu'elle est toujours restée habiter à Hanavave. Toutes les trois semaines, la venue de l'Aranui dans la baie des Vierges est chaque fois un renouveau pour le village. Les denrées, le gasoil, les colis divers et variés vont remplir les maisons et la supérette. Pendant une journée, les croisiéristes effectuent la marche entre les deux seuls villages de l'île, d'Omoa à Hanavave, qui abritent chacun environ 300 habitants.

Germaine aime conter ses légendes. Aujourd'hui elle raconte l'histoire des deux anguilles. Celle-ci met en scène une rivalité entre deux îles des Marquises : Nuku Hiva et Fatu Hiva.
Ko'e'e nui est un dieu représenté sous la forme d'une anguille et habitant à Taipivai à Nuku Hiva ; Ko'e'e iti vient de Hananave à Fatu Hiva.
L'anguille femelle de Fatu Hiva s'ennuyait. Elle partit chercher l'autre anguille, Ko'e'e nui sur l'île de Nuku Hiva. Quand elles se rencontrèrent à Tapivai, les deux anguilles dialoguèrent.
L'anguille d'Hanavave demanda : "Qu'est-ce que tu manges ?"
Ko'e'e nui répondit : " De la boue dans la rivière. Et toi ?"
Ko'e'e iti : " Moi, des fleurs parfumées, du pandanus, du ylang-ylang, du jasmin…"
Les deux anguilles firent ensuite leurs besoins dans l'eau et celle d'Hanavave laissa une odeur parfumée après son passage.

Alors, l'anguille de Nuku Hiva décida de suivre celle de Fatu Hiva. Une fois arrivées sur l'île la plus au sud des Marquises, Ko'e'e iti demanda à Ko'e'e nui de s’engager la première car le passage était étroit. Mais Ko'e'e nui refusa, ne faisant pas confiance à Ko'e'e iti. Elle aurait dû l’écouter car elle resta bel et bien coincée dans les rochers, empêchant l’eau de s’écouler.

Quand les habitants de Hanavave s’aperçurent qu'il n'y avait plus d'eau et qu'ils virent que Ko'e'e nui était coincée, les villageois tuèrent l'anguille. Ils l’emmenèrent pour la mettre dans un grand four et nourrir tout le village.
Ko'e'e iti rentra là où elle vivait habituellement mais elle était triste car elle était seule.

Depuis cette histoire, il y a toujours eu un conflit entre Nuku Hiva et Fatu Hiva. Pour "ramener le sort", les habitants de Nuku Hiva ont pêché tous les grands requins spécifiques aux eaux de Fatu Hiva. D'ailleurs, une danse où les femmes sont debout retrace cette légende. Quand le Festival des arts des îles Marquises s'est déroulé à Nuku Hiva en 1989, les deux îles se seraient entendues pour qu'il n'y ait plus de conflit, raconte Germaine. Le festival, qui s'est déroulé en décembre dernier à Hiva Oa, reste le lieu de toutes les légendes.

La baie des Vierges de Hanavave, autrefois appelée la baie des Verges à cause de ses grands pitons hérissés est un point de mouillage incontournable pour le visiteur arrivant par la mer. La baie et ses formations géologiques extraordinaires offrent un des panoramas les plus beaux de la Polynésie. Orienté ouest, on le voit s’embraser lors des couchers de soleil.

• Tous les mois, l'Aranui 5 débarquent ses passagers qui randonnent sur la seule route de l'île.

La confection du Tapa

Fatu Hiva s'est spécialisée dans la confection du tapa. Il est confectionné avec trois types d'écorces : le mûrier, le banyan. Les habitants de Fatu Hiva vont dans les vallées désertes pour récupérer la peau du banyan, puis la nettoient, la posent sur un caillou plat, et la tapent pour élargir les fibres jusqu'à temps que la peau s'élargisse pour devenir un support pour le dessin.

Rédigé par Noémie Debot-Ducloyer le Mardi 12 Janvier 2016 à 09:17 | Lu 4306 fois