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La grève générale peut-être évitée


© présidence
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Tahiti, le 5 mars 2023 – Plusieurs organisations syndicales ont déposé, mercredi, un préavis de grève générale pour mardi matin. Elles dénoncent notamment le non-respect du protocole d'accord signée en novembre 2021 à l'issue de la précédente grève générale. Une première rencontre s'est déroulée vendredi après-midi avec les ministres de l'Économie et du Travail. La présidence, confiante, espère signer un protocole d'accord ce lundi.
  
L'intersyndicale à l'origine d'un préavis de grève générale pour mardi, composée des organisations syndicales CSTP-FO, A tia i mua, CSIP, Otahi et O oe to oe rima, a été reçue vendredi après-midi par le ministre de l'Économie et des Finances, Yvonnick Raffin, ainsi que la ministre du Travail, Virginie Bruant. Les syndicats veulent dénoncer le non-respect du protocole d'accord signé en novembre 2021 à l'issue de la précédente grève générale, qui s'était achevée après sept jours de mobilisation.
 
Parmi les doléances, on retrouve pêle-mêle et tous azimuts “le déplafonnement de la prime d’ancienneté” pour la porter à 38 ans contre 25 ans actuellement ; “les conditions pour prétendre à la pension de retraite” ; “la révision du système d’attribution des subventions aux organisations syndicales” ; une révision des règles de représentation lors des “procédures disciplinaires pour la sanction ou le licenciement” ; “la protection effective de l’emploi local dans l’ensemble des secteurs d’activité” en imposant une durée de présence sur le territoire de 10 ans ; “le budget et les crédits du comité d’entreprise” ; “la mise à disposition des centrales syndicales d’un local syndical à l’instar de la Maison des syndicats” ; une meilleure gestion des situations de “harcèlement au travail” ; “la lutte contre le travail illégal” ou encore “la stratégie française pour l’Indopacifique”.

“Aucune discussion” sur le fonds de soutien aux salariés ayant perdu leur emploi

Autre point figurant au préavis, “la négociation salariale annuelle dans certains secteurs d’activité”. Les syndicats dénoncent le fait que la mise en place de la prime du pouvoir d'achat, exonérée de charges sociales et fiscales, initiée par le Medef pour relancer le pouvoir d'achat, ait été faite au détriment des négociations salariales annuelles et, qui plus est, beaucoup d'entreprises n'auraient pas joué le jeu. Au niveau de la grille et du pouvoir d'achat, le Medef disait 'on va donner cette prime pour ne pas augmenter les salaires', mais l'ensemble des salariés aujourd'hui n'ont pas obtenu la prime du pouvoir d'achat. On a laissé faire les entreprises et les élus, et ils n'ont pas respecté", indique Atonia Teriinohorai, secrétaire général de O oe to oe rima.
 
L'intersyndicale dénonce également le fait que les discussions autour de la mise une place d'un “fonds spécial de soutien aux salariés ayant perdu involontairement leur emploi”, souvent comparé à une caisse polynésienne d’assurance chômage, soient au point mort. La question de la mise en place de ce fonds faisait partie des revendications portées lors de la dernière grève générale de novembre 2021. À la sortie du mouvement de grève, il avait été convenu qu'une réflexion tripartite serait organisée dès 2022 par le gouvernement pour en définir les modalités de fonctionnement et de financement. Il avait été annoncé que ce fonds serait opérationnel pour début 2023. Or, nous sommes en mars 2023 et “il n'y a pas eu de discussions”, affirme Atonia Teriinohorai. “C'est primordial. Il faut qu'on ait un accord là-dessus”, insiste-t-il.

Convergence avec le mouvement des fonctionnaires d'État

Pour l'entrée en grève, si aucun accord n'est trouvé d'ici là, la date du 7 mars n'a pas été choisie au hasard. Les syndicats, qui disent dans leur préavis s'opposer “fermement” à la retraite nationale à 64 ans, viendront ainsi se greffer, si la grève est effective, au mouvement des fonctionnaires d'État qui appellent à une nouvelle manifestation à l’échelle nationale, mardi matin. “Le 7 mars doit être une véritable journée morte dans les entreprises, les administrations, les services, les commerces, les écoles, les lieux d'études, les transports...”, indique d'ailleurs l'intersyndicale des fonctionnaires d'État. Une marche contre la réforme nationale des retraites est prévue à partir de 9h30 entre l'école To'ata et le haut-commissariat, où se tiendra ensuite un sit-in jusqu'à midi. Une convergence des mouvements qui permettrait sans doute d'intensifier les chiffres de la mobilisation. En effet, alors que la crise économique n'a épargné personne et que la hausse du coût de la vie est une préoccupation chez beaucoup, le syndicaliste de O oe to oe rima ne semble pas pour autant confiant sur une mobilisation massive. “On va voir ce qu'il y a ! Comme d'habitude, il y a des entreprises qui jouent le jeu, et d'autres qui ne jouent pas le jeu. Les salariés aussi, ils voient leur intérêt. Nous, on ne va pas imposer à tout le monde de bloquer. On verra.” En novembre 2021, si le mouvement avait duré sept jours, il avait en revanche assez peu mobilisé. Mais la faible mobilisation avait été compensée par des débrayages ciblés dans quelques secteurs essentiels, comme à Aéroport de Tahiti (ADT) sans grande incidence pour autant sur l'activité aéroportuaire, à la CPS où plusieurs antennes avaient été fermées ou encore au Port autonome, où des barrages filtrants avaient été mis en place.
 
Dans un communiqué envoyé aux rédactions à l'issue de la rencontre, vendredi, la présidence a annoncé simplement, sans plus de détail, que “l'ensemble des points a été balayé et les ministres ont apporté les précisions et les réponses sur les dossiers qui relèvent de la compétence du gouvernement.” Pour la présidence, cette première rencontre s'est bien déroulée, “sans aucun point de tension”. Confiante, elle annonce une nouvelle rencontre ce lundi après-midi “pour signer un protocole d'accord”. La grève générale sera peut-être évitée.

Rédigé par Anne-Laure Guffroy le Samedi 4 Mars 2023 à 16:12 | Lu 2774 fois