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"La greffe me permettrait de revivre normalement "


Le quotidien de Ginger est rythmé par ses séances de dialyse. Depuis deux ans et demi, trois fois par semaine, il passe quatre heures branché à un appareil.
Le quotidien de Ginger est rythmé par ses séances de dialyse. Depuis deux ans et demi, trois fois par semaine, il passe quatre heures branché à un appareil.
Papeete, le 17 juin 2019 - Dans le cadre de la semaine de réflexion sur le don d'organes et sur la greffe qui se tient jusqu'au 23 juin, plusieurs événements sont organisés pour sensibiliser et informer les Polynésiens à ce don crucial trop mal connu. Actuellement en Polynésie, 147 patients sont inscrits sur la liste d’attente d’un greffon.

Le seul espoir pour les Polynésiens atteints d'insuffisance rénale terminale de revivre un jour normalement est de recevoir un rein, seule greffe pratiquée en Polynésie. "Le frein est qu'il n'y a pas assez de donneurs, les gens refusent souvent faute d'avoir été bien informés sur ce sujet. Souvent si le DON ne se fait pas, c'est parce que les gens ne se sont pas positionnés de leur vivant. Il faut vraiment parler du don d'organes. Les gens ne connaissent pas tous encore la loi et l'appliquer telle qu'elle, est difficile", précise Carine Domelier, infirmière à la Coordination des prélèvements d’organes du Centre Hospitalier de Polynésie française (CHPF).

92 GREFFES REALISEES EN POLYNESIE

La dialyse permet de filtrer le sang des personnes dont les reins ne fonctionnent plus correctement.
La dialyse permet de filtrer le sang des personnes dont les reins ne fonctionnent plus correctement.
Depuis octobre 2013, date de la première greffe de rein réalisée en Polynésie par le CHPF, 92 personnes ont pu être greffées. Vingt-cinq greffes l'ont été à partir de donneurs vivants et 67 greffes à partir de donneurs décédés. "La greffe permet aux patients de revivre normalement, la qualité de vie est meilleure, l’espérance de vie est augmentée. Les patients transplantés peuvent retourner vivre dans leur île, avoir des projets d’avenir…", explique Carine Domelier.

Et si une petite centaine de personnes ont pu retrouver une vie normale à l'issue de leur opération, ce chiffre pourrait être encore plus élevé, car pas moins de 147 patients sont inscrits sur la liste d’attente d’un greffon en 2019. Les 500 Polynésiens actuellement sous dialyse et la prévalence du trio infernal : hypertension artérielle, obésité, diabète, risquent de ne faire encore qu’accroître ces chiffres dans les années futures. En moyenne, une centaine de nouveaux cas d’insuffisance rénale est recensée par an. Il est donc essentiel que chacun se positionne sur le don d'organes.

Ginger : " Je voudrais que les mentalités évoluent sur le don d'organes "

Ginger est diabétique, en attente d'une greffe. Son quotidien est rythmé par ses séances de dialyse. Depuis deux ans et demi, trois fois par semaines, les lundis, mercredis et vendredi, Ginger passe quatre heures branché à un appareil.

" Je suis diabétique, avant d'être dialysé, je ne faisais pas attention, j'ai continué à bien manger, bien boire, pourtant le médecin me disait de faire attention. Et puis un jour, mes reins n'ont plus fonctionné et maintenant je vis grâce à cette machine. Je suis branché 12 heures par semaine, je ne peux presque plus travailler, ni voyager.
J'ai rencontré une dame qui m'a dit un jour que le don de greffe, c'était fiu. Je voudrais que les mentalités évoluent sur le don d'organes. Il est rare que le Polynésien accepte de donner ses organes. Au départ, je n'étais pas pour d'ailleurs. Il est resté sur l'idée que l'on donne une partie de soi. Il oublie qu'au-delà de cela, ce don c'est la vie. La greffe me permettrait de revivre normalement."

Messaouda et sa fille.
Messaouda et sa fille.
Messaouda : " C'est une renaissance "

Diabétique de type 1, Messaouda a été greffée du rein et du pancréas en avril 2018 après plusieurs mois d'attente et de dialyse.
"Ma sœur était prête à me donner un de ses reins, mais il me fallait aussi un pancréas, alors j'ai décidé de partir en France pour me faire greffer. C'était très difficile psychologiquement de quitter ma famille, ma fille, mon mari, mais je me suis préparée. Je savais qu'il fallait prendre tout 'le package' qui va avec la greffe, comme la séparation, l'acclimatation… Heureusement, j'avais une sœur là-bas qui m'a beaucoup soutenue.
Au bout de neuf mois d'attente, j'ai reçu une double greffe. A mon réveil, ma première pensée a été pour le donneur et sa famille, c'est une bénédiction, une vraie renaissance. J'ai juste appris que mon donneur a sauvé cinq vies, c'est merveilleux. Ce n'est pas un sacrilège pour le corps. Les religions prônent la vie. Il faut vraiment que les gens disent, soient informés sur le don."

Ce que dit la loi sur le don d'organes et de tissus

La loi stipule que nous sommes tous donneurs sauf si nous avons fait savoir de notre vivant que nous ne voulons pas donner. En aucun cas le prélèvement d’organes n’est automatique comme on l’entend parfois, c’est un DON. Vous avez le choix de refuser, il suffit de s’inscrire sur le registre des refus ou de l’écrire sur une feuille ou de le dire à votre famille. Pour les donneurs, c’est simple : il suffit de le dire à vos proches.

Programme des événements prévus :

Mardi 18 juin de 8 à 16h au CHPF :
La deuxième édition du défi interservice d’aviron indoor nommé "Challenge be a hero" destiné à mobiliser, sensibiliser et remercier le personnel de l’hôpital pour leur implication dans l’activité de transplantation. Le public peut venir se renseigner auprès des stands d’information qui seront dans le hall du CHPF et les encourager. Une projection du film "Et vous alors ? ", proposée dans l’amphithéâtre, toutes les 30 minutes, en continu de 7h30 à 16h30.

Jeudi 20 juin de 18h15 à 20h à l’UPF :
Dans le cadre des conférences " Savoirs pour tous " organisées par l’Université de Polynésie française, le Dr Pascale Testevuide présentera : " L’insuffisance rénale chronique : cette grande inconnue ".
L’objet de cette conférence est d’attirer l’attention sur une maladie peu connue du grand public, peu symptomatique, et qui pourtant fait des ravages, notamment en Polynésie française. La présentation expliquera le rôle des reins dans le corps humain, les signes évocateurs d’atteinte rénales, les degrés de sévérité, les causes des maladies rénales et enfin les traitements possibles. Elle montrera l’impact financier majeur de la maladie rénale chronique sévère sur l’individu et la collectivité, et l’importance de la prévention.

Vendredi 21 juin de 8h30 à 12h30 dans le hall du CHPF :
Journée de réflexion sur le don d'organes, la greffe et de reconnaissance aux donneurs.

Infos :
Facebook : Don d’organes Tahiti
www.redonnervie.org


le Lundi 17 Juin 2019 à 16:57 | Lu 4636 fois