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La fusion de la DGRH et de la DMRA ne passe pas


Tahiti, le 3 juillet 2024 - Les agents de la DGRH ne décolèrent pas. Alors que le projet de fusion avec la DMRA accélère, leurs questions sont restées sans réponse. Pire, la ministre de la Fonction publique, Vannina Crolas, leur a envoyé des consultants pour les détendre… et c’est raté.

 
Dans un courrier commun envoyé le 4 juin dernier, les agents de la Direction générale des ressources humaines (DGRH) se sont dit inquiets du projet de fusion de leurs services avec ceux de la Direction de la modernisation et des réformes de l’administration (DMRA) proposé par la ministre de la Fonction publique.

Dans ce courrier, les agents reprochaient à la ministre le manque d’informations et de clarté sur ce projet, l’organisation de la nouvelle structure et les missions de la future direction. Inquiets sur les changements à venir, ils décrivaient dans ce courrier l’absence d’informations quant aux futures conditions de travail, l’absence de prise en considération de l’aspect humain lié à ces changements et la manifeste mésentente entre les agents eux-mêmes, dénonçant une “absence de considération” des agents de la DMRA envers ceux de la DGRH. Plus généralement, c’est même “l’incohérence” de ce projet qui était mise en avant.
 
Le 27 mai, afin de faire passer la pilule du projet de fusion, le cabinet de conseil Ora’ia de Cirgg avait été missionné par le ministère de la Fonction publique, pour travailler, avec les chefs de service d’une part et les agents d’autres part, à cette future fusion. Une présentation qui a laissé les agents complètement cois.
 
“Absence d’approfondissement des travaux”, “passation de tests psychométriques sans cohérence”, “absence de travaux approfondis sur les procédures liées aux nouvelles activités” et attitude “sèche et agressive” du prestataire qui lors de la réunion “a quitté la salle” laissant les agents “sans réponse”.
 
Les agents se sont alors demandé si on ne venait pas là de se moquer d’eux. Ils attendaient des réponses pratiques sur la fusion et leurs futures missions, ils ont obtenu une séance de coaching en management qui de surcroît a mal tourné.
 
Et plus de questions encore restent sans réponses désormais. Quid du futur chef de ce service à deux têtes ? Pourquoi le choix du prestataire Ora’ia “sans mise en concurrence pour la prestation de service et sans cahier des charges” ? Et surtout, quel est le vrai projet recherché derrière cette fusion ?
 
Un prestataire qui interroge
 
De méfiance envers la fusion, l’attitude des agents s’est transformée en colère contre le prestataire Ora’ia de Cirgg. La ministre de la Fonction publique, Vannina Crolas, connaît bien les équipes d’Ora’ia. La mairie de Faa’a, dont elle était secrétaire générale, a déjà travaillé avec cet organisme en 2022 pendant deux jours, les 15 et 16 novembre, pendant lesquels “l’ensemble des cadres de Faa’a (8 directeurs et 17 chefs de service) ont activement participé à un séminaire de management”, explique la mairie de Faa’a sur sa page Facebook.
 
Les agents de la mairie avaient alors rempli “un questionnaire psychométrique pour définir les préférences de comportement”, participé à l’analyse “Puzzle Disc” permettant de différencier différents profils de comportements (Dominant : rouge – Influent : jaune - Stable : vert ou encore Conforme : bleu).
 
Le flyer de la société présente une structure dirigée par deux personnes, “consultants en stratégie, enseignants et maîtres praticiens en hypnose PNL et PNO et conférenciers et auteurs d’articles sur les neurosciences appliquées”. Un flyer qui multiplie les logos des entreprises avec lesquelles la société aurait travaillé, alors qu’une simple recherche sur internet ne permet de relier aucun de ces organismes à la société… à part la mairie de Faa’a sur Facebook bien sûr.
 
Les agents de la DGRH n’ont pas apprécié la manœuvre infantilisante. Régler les problèmes d’une fusion complexe à grand renfort de méthodes d’happyness management n’a fait que renforcer leurs doutes sur l’avenir périlleux de ce projet dont ils ne comprennent ni les tenants, ni les aboutissants.

Rédigé par Bertrand PREVOST le Mercredi 3 Juillet 2024 à 19:57 | Lu 1413 fois