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La filière bois prête à être développée


La scierie de Papara, qui vient de rouvrir ses portes, espère ainsi doubler son effectif d'ici deux ans.
La scierie de Papara, qui vient de rouvrir ses portes, espère ainsi doubler son effectif d'ici deux ans.
PAPEETE, le 5 avril 2018. Le gouvernement vient de prendre deux arrêtés pour permettre l'utilisation de matériaux en bois de pins des Caraïbes pour la construction. Ces arrêtés étaient très attendus par les professionnels. La filière locale du bois va enfin pouvoir se développer. La scierie de Papara, qui vient de rouvrir ses portes, espère ainsi doubler son effectif d'ici deux ans.

Depuis près d'un mois et demi, on sent de nouveau le bois fraichement coupé dans la vallée de la Mateoro. La scierie de Papara a en effet repris du service. Emmanuel Gabriel en est le nouveau gérant. Créée en décembre 2010 puis reprise en décembre 2016 après deux ans d'arrêt d'activité, la scierie de Papara bénéficie d'une convention d'abattage annuel de 3 500 m3 de bois des Caraïbes. Ces arbres sont prélevés à Taravao, sur le parc géré de manière durable par le Service du développement rural. "La scierie de Papara peut ainsi transformer chaque année près de 1 800 m3 de bois local", explique Emmanuel Gabriel, qui emploie 12 personnes pour la scierie.

Emmanuel Gabriel est aussi le gérant de Tahiti Tuiles (tuiles, bardeaux, toitures, charpente). Reprendre la scierie était une évidence. "L'objectif était de bûcheronner, réaliser les produits et les poser et donc de s'inscrire dans une démarche écologique", explique Emmanuel Gabriel.

Son activité concerne essentiellement la production de bois de construction, mais de récents investissements ont permis à la scierie de Papara de réaliser des produits à forte valeur ajoutée et de diversifier sa gamme de produits. De l'écorce jusqu'à la pièce de bois finale, l'ensemble de la ressource est optimisé pour chacune de ses utilisations. La scierie produit donc du bois de construction, des tuiles de bois mais aussi des palettes, des plaquettes pour paillis de jardin, du bois combustible… Au total, 60 millions de Fcfp d'investissement ont été réalisés depuis la reprise de l'activité en décembre 2016 et ont permis de financer de nouveaux équipements ou de reconditionner des machines existantes.
Des investissements supplémentaires à hauteur de 90 millions de Fcfp sont prévus cette année pour financer de nouveaux équipements (scie à paquet, machines de découpe multi-lames avec train d'avancement, un broyeur, une centrale d'affûtage…). Emmanuel Gabriel souhaiterait doubler les effectifs d'ici deux ans.


La filière bois prête à être développée
Enfin une règlementation
Ce développement devrait être possible notamment grâce à la décision, attendue depuis longtemps par les professionnels, du conseil des ministres. Mercredi, celui-ci a pris deux arrêtés qui posent le cadre réglementaire normatif pour l'utilisation du bois provenant des pins des Caraïbes locaux (Pinus du Fenua). Ceux-ci pourront donc désormais être utilisés dans la construction d'édifices locaux. Ce qui ne pouvait pas être le cas jusqu'à maintenant.
Le premier arrêté pris ce mercredi concerne la définition des normes des bois de pin des Caraïbes et l’officialisation de son référentiel technique. Le second concerne l’agrément des gérants de scierie et autres professionnels de la filière forêt/bois pour effectuer le classement visuel des bois issus des forêts polynésiennes.

En effet, le marché du bois, centralisé sur Papeete, est aujourd’hui approvisionné en quasi- totalité par du bois résineux importé ! Un non-sens alors que le potentiel de production des forêts polynésiennes représente près de la moitié de notre consommation, dont à peine 5% est aujourd’hui couvert par la production locale.

Cette normalisation permettra d'utiliser les pins des Caraïbes pour la construction de grands bâtiments et servir à la construction du Village Tahitien si le projet aboutit.




350 000 m3 de bois de pin des Caraïbes au fenua

Le vice-président Teva Rohfritsch a visité ce jeudi la scierie de Papara, qui fonctionne de nouveau après deux ans d'arrêt d'activité.
Le vice-président Teva Rohfritsch a visité ce jeudi la scierie de Papara, qui fonctionne de nouveau après deux ans d'arrêt d'activité.
Géré durablement par le Service du développement rural, le parc arboricole polynésien est aujourd'hui estimé à 350 000 m3 de bois de pin des Caraïbes, réparti sur l'ensemble de la Polynésie française. Le SDR autorise un prélèvement total annuel de 23 500 m3 sous convention avec les opérateurs privés et se charge du réensemencement. Le SDR garantit ainsi une gestion et une exploitation maîtrisées de la ressource.
Le bois est de qualité supérieure et présente des qualités mécaniques exceptionnelles, compte tenu de sa densité. Le domaine sylvicole polynésien a aujourd'hui une quarantaine d'années. Il est à maturité.


Rédigé par Mélanie Thomas le Jeudi 5 Avril 2018 à 15:02 | Lu 4150 fois