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La douane saisit quatre crânes d'une espèce protégée de macaques


La douane saisit quatre crânes d'une espèce protégée de macaques
Le contrôle de trois colis en provenance d'Indonésie, arrivés sur des vols Air New Zealand au centre des messageries postales de Motu Uta début juillet, a permis aux agents de visite de l'antenne postale du bureau des douanes de Papeete-Port de saisir quatre crânes de macaques d’une espèce protégée par la Convention de Washington

Il s’agit de quatre crânes de macaques dont un finement ouvragé, acquis par un collectionneur local sur eBay et saisis lors d’un contrôle inopiné des douanes, sur un lot de colis dont la marchandise était déclarée en-deçà de la franchise douanière de 30 000 Fcfp.

Les colis ont été saisis au bureau de douane de Papeete-Port de Motu Uta, en provenance d’Indonésie.

Le destinataire, un collectionneur, a déclaré les avoir acquis pour 150 dollars US sur le site d’enchères en ligne et semblait ignorer que l’espèce était listée sur l’annexe II de la Convention sur le commerce international des espèces en voie d’extinction (CITES).

Identifiés par le Muséum d'histoire naturelle de Toulouse, sur réquisition douanière ces crânes ont été analysés "à 90% %" comme appartenant à des spécimens de l’espèce Macaca fascicularis ou Macaques crabiers. Le commerce international de ces petits singes à longue queue est strictement réglementé et soumis à autorisation.

Il s’agit pourtant d’une espèce de macaques qui prolifère en Asie du sud-est où dans certains espaces insulaires ce macaque crabier est considéré comme une menace pour de nombreuses espèces indigènes et pour les exploitations agricoles. Car en dépit de son nom, il s’agit d’un omnivore opportuniste. Il consomme indifféremment végétaux, semences, petits insectes, poissons, lézards, etc, et s’intéresse même aux poubelles et dépôts d’ordures lorsqu’il est en milieu urbain où il n’a aucun mal à s’adapter. Ce constat a d'ailleurs amené l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) à répertorier Macaca fascicularis parmi les "cent pires espèces exotiques invasives".

Macaca fascicularis est également identifié comme un vecteur possible du virus Ebola.

"Nous douaniers, ne sommes pas là pour élucubrer sur la réglementation : nous sommes là pour l’appliquer", affirme Marc Jannier, le responsable du pôle d’actions économiques des douanes en Polynésie française. "En l’occurrence, il faut un document qui atteste que le gouvernement du pays d’exportation autorise l’exportation. En l’absence de ce document le colis est en infraction. Et le destinataire de ce colis semble s’être mis en situation délictuelle sans le savoir. L’infraction a été relevée. Elle comporte la saisie du matériel concerné".

Incapable de produire ces certificats, l’importateur se trouve en situation délictuelle et sous le coup des peines prévues par l'article 286 bis du Code des douanes de Polynésie française. Il n'a pas été en mesure de présenter le permis délivré par les autorités du pays d'exportation conformément à la procédure imposée par la CITES.

Au cours de son audition, le collectionneur a déclaré avoir l’intention de démarrer un e-commerce international de cette espèce prisée des collectionneurs.

La visite de son domicile, effectuée en flagrant délit a conduit à la découverte de quelque 3 000 pièces (coquillages, insectes, papillons originaires de Guyane, tortues vertes des Tuamotu, œufs d'Autruche, etc) d’une valeur dépassant les 3 millions Fcfp.

"Ce n’est pas un bandit de grand chemin", rassure Marc Jannier. "C’est un personne qui ignorait la réglementation. (…) Vous savez, lorsque vous êtes à Tahiti et que l’on vous propose un coquillage au marché, avez-vous la certitude qu’il ne s’agit pas d’une espèce protégée ?"

La collection de cet amateur tahitien est en cours d’expertise, en liaison avec les services de la direction polynésienne de l’Environnement.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Lundi 22 Juillet 2013 à 12:02 | Lu 1625 fois