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La délégation polynésienne à Paris épinglée par la Chambre Territoriale des Comptes


La délégation polynésienne à Paris épinglée par la Chambre Territoriale des Comptes
« La délégation représente aujourd’hui une charge disproportionnée par rapport au service qu’elle rend ». Dans son rapport d’observations définitives rendu public le 1er septembre, la Chambre Territoriale des Comptes se montre plus que sceptique sur l’utilité, et surtout, l’efficacité de la Délégation polynésienne à Paris, dont près d’un agent sur deux est affecté à la gestion du personnel et au fonctionnement de la structure. Pour les magistrats de la CTC, la Polynésie française doit donc se prononcer sur l’avenir de la délégation et sur la diminution de son coût.

Première remarque de la Chambre, les dépenses de fonctionnement de la délégation sont « très élevées ». La CTC pointe particulièrement du doigt les rémunérations du personnel : elles représentent 75 % du budget de fonctionnement de la délégation. Le salaire brut moyen s'y établit à un peu plus de 401 000 francs et le salaire le plus faible à un peu plus de 205 000 francs. « Comparé aux rémunérations d’agents de mêmes qualifications, et compte tenu du coût de la vie en métropole, les émoluments des personnels de la délégation peuvent être considérés comme très élevés » note le rapport.

Des agents inutiles, dont un psychologue clinicien

Sur la période examinée (2005-2010), le budget de fonctionnement de la délégation a évolué entre 210 millions et près de 300 millions de francs, alors que dans le même temps, les effectifs passaient de 31 à 25 agents, ce qui reste « très supérieur à ses besoins ». La CTC note ainsi la présence d’un psychologue clinicien qui ne correspond « à aucune des missions de la délégation » ! En outre, sur les 25 agents, seuls 2 assurent effectivement des missions d’encadrement, 19 étant limités à des missions d’exécution. « Une partie de l’effectif est en complète inadéquation avec les tâches incombant aux fonctions occupées » note donc la CTC.

En second lieu, c’est l’immeuble du boulevard Saint- Germain qui attire l’attention de la CTC. On le sait depuis le rapport Bolliet : le capital immobilisé pour les besoins de la délégation que constitue l’immeuble du 28, boulevard Saint-Germain à Paris, est considérable. La Chambre recommande, comme le proposait le rapport de la mission d’assistance à la Polynésie française, la vente de cet immeuble : elle pourrait rapporter 1,8 milliard de francs. Rappelons que le gouvernement privilégie pour l’instant sa location.

Au-delà de ces remarques, la CTC met en question l’existence même de la délégation : « la question de son maintien doit être examinée par la collectivité de la Polynésie française » affirme la chambre, pour qui la délégation a été « sous-utilisée » jusqu’ici, et surtout depuis 2007, date à laquelle ses missions avaient pourtant été largement étendues. Cantonnée à un rôle de « soutien logistique », la délégation ne fait plus la preuve de son utilité. La CTC suggère donc la mise en œuvre d’une « démarche de performance », comportant une stratégie, des objectifs, et un plan d’action, des indicateurs, un dialogue de gestion, une évaluation, « pour que la délégation ne soit pas seulement une charge mais devienne un véritable investissement ».

La délégation est en outre confrontée à des difficultés dont ne fait pas état la CTC. Plusieurs agents ont porté plainte pour harcèlement à l’encontre de la directrice de la délégation polynésienne, Maeva Salmon. L'affaire est actuellement en cours d'instruction par la justice.

le Vendredi 2 Septembre 2011 à 12:07 | Lu 2087 fois