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La décharge de Faa'a s’embrase


Tahiti, le 18 janvier 2020 – Un vaste incendie s’est déclaré samedi matin, pour durer toute la journée et une partie de la nuit, dans la décharge de Faa’a à Saint Hilaire. Dimanche, la situation était sous contrôle et la commune s’attachait à compacter la zone touchée avec de la terre. « Il faut régler le problème », reconnaissait dimanche le premier adjoint, Robert Maker, tout en regrettant le manque de moyens des communes pour la gestion des déchets.
 
De grosses fumées se dégageaient samedi matin de la décharge de Mumuvai à Faa’a dans le quartier de Saint-Hilaire. Un important incendie s’est déclaré entre 9h30 et 10h sur le site, souvent en proie à ce type d’incidents. Les pompiers, aidés par les services techniques de la commune et des engins de chantier ont longuement travaillé pour circonscrire les flammes. Selon le premier adjoint de la commune, Robert Maker, présent sur place, l’incendie a d’abord été maîtrisé dans la soirée de samedi, avant de reprendre vers 22 heures pour être totalement circonscrit vers 1 heure du matin.
 
Dimanche, les services techniques de la commune faisaient livrer de la terre sur le lieu de l’incendie pour compacter la zone sinistrée et étouffer littéralement toute possibilité de départ de feu sous les déchets de la décharge. L’objectif étant d’empêcher tout contact entre la nappe de méthane, qui s’est formée sous la décharge, et l’oxygène présent dans l’air à la surface, selon les explications de Robert Maker. Des opérations surveillées par le premier adjoint et par le tavana, Oscar Temaru, qui s’est rendu samedi sur place pendant l’incendie.

« Il faut régler le problème »

Sur l’origine exacte de l’incendie, Robert Maker restait dubitatif ce week-end. « Pour faire un feu, il faut trois éléments : de l’oxygène, du carburant et un allumeur. Or hier au soir, quand nos services ont laissé la décharge, rien ne laissait paraître un quelconque début d’incendie. Donc on suppose qu’il y a un allumeur qui a fait qu’il y ait ce feu », expliquait samedi l’élu, indiquant qu’en général ses services arrivent à anticiper les départs de feu lorsqu’ils aperçoivent de légères fumées blanches lors de leurs inspections.
 
« Cette partie de la décharge ne sera plus utilisée. Mais il faut régler ce problème », convient Robert Maker. « Et ça ne peut pas être réglé uniquement par les communes. Le statut de 2004 nous a imposé d’un seul coup la gestion des déchets, mais cela représente des investissements qui dépassent les capacités des communes de Tahiti ». L’élu appelle donc les communes, le Pays et l’Etat à se mettre autour de la table pour aborder cette question de la gestion des déchets à Tahiti, mais aussi dans les îles.

Bouissou saisit l’occasion

Enfin, calendrier politique oblige, le candidat Tapura à la mairie de Faa’a, Jean-Christophe Bouissou, n’a pas manqué l’occasion de tacler l’équipe municipale sortante sur les réseaux sociaux ce week-end. « Nous savons maintenant d’où proviennent les nuages… Pas d’Australie », a commenté le candidat et ministre sur sa page Facebook, en référence à la conférence de presse d’Oscar Temaru jeudi dernier. Le candidat indiquant que son programme politique prévoyait la fermeture de la décharge et l’adhésion de la commune au syndicat mixte Fenua Ma.

Problématique décharge

En proie à des incendies réguliers ces dernières années, la décharge de Mumuvai à Faa’a fait l’objet de critiques récurrentes à la fois juridiques et environnementales. Outre le problème de la propriété des terres sur lesquelles est installée la décharge, l’exploitation du site n’a jamais fait l’objet d’autorisations réglementaires. La décharge est installée sur un site naturel sans protection pour le milieu et la dernière étude réalisée par la commune en 2017 a mis en évidence des traces de pollution. Pour toutes ces raisons, la chambre territoriale des comptes recommandait en 2018 à la mairie de Faa’a de fermer purement et simplement la décharge. Une recommandation à laquelle le tavana, Oscar Temaru, avait répondu à l’époque en rappelant que les autres communes de Polynésie, le Pays et même les services de l’Etat usaient eux-aussi largement de cette décharge « irrégulière ». Si des projets de mutualisation intercommunales avec les municipalités limitrophes sur la question des déchets ont été évoqués ces dernières années, Oscar Temaru avait indiqué en 2018 à la chambre territoriale des comptes que « la commune ne pourra fermer la décharge actuelle que dans la mesure où elle obtiendra les financements nécessaires ». Reprenant ainsi les arguments de Robert Maker ce week-end.

Rédigé par Pauline Stasi et Antoine Samoyeau le Samedi 18 Janvier 2020 à 15:32 | Lu 5916 fois