On voit que la richesse de la Polynésie, mesurée par notre PIB, est revenue au niveau de 2005. Mais la population a augmenté de 10% pendant ce temps, donc il reste un long chemin pour rattraper le temps perdu pendant la crise de 2007-2013.
PAPEETE, le 21 aout - La bonne santé de l'économie polynésienne se confirme en chiffres. Une nouvelle estimation du PIB de la Polynésie révèle que la croissance de notre économie a été de 2,5% en francs constants l'année dernière. Nous n'avions plus connu une croissance aussi rapide depuis... 2003. Cette embellie de l'activité économique a été accompagnée par la création de l'équivalent de 1500 emplois à temps plein.
Selon les comptes économiques rapides de la Polynésie française (CEROM) publiés hier, 2018 a été une très belle année pour notre économie. Il ne s'agit encore que d'estimations, qui pourraient être révisées de quelques milliards de francs dans les années qui viennent, mais la tendance est claire : notre produit intérieur brut (PIB) aurait augmenté de 2,5% l'année dernière, pour atteindre 615,5 milliards de Fcfp.
Selon les économistes de l'Institut de la Statistique de la Polynésie française (ISPF), l'Institut d'Emission d'Outre-Mer (IEOM) et de l'Agence française de Développement (AFD), tous les grands composants de l'économie sont en forme (voir encadrés), que ce soit la consommation, le commerce extérieur ou les investissements. Seule la hausse des cours du pétrole a tenté de plomber l'atmosphère, mais sans arriver à freiner la croissance.
Cette belle performance, après une croissance tout aussi remarquable de 2,4% en 2017, permet à l'économie polynésienne de se rapprocher de son plus haut d'avant la crise : en francs constants, nous arrivons au même PIB qu'en 2005. Encore 3% de croissance supplémentaire pour revenir au niveau de 2007, soit juste avant la profonde crise qui a ravagé la société polynésienne au tournant de la décennie.
NOUS SOMMES ENCORE DANS LE RATTRAPAGE DE LA CRISE
Nicolas Prud'homme, directeur de l'ISPF, a expliqué lors de la conférence de présentation du CEROM que "cette croissance de 2,5% est un rattrapage presque mécanique de la crise des années 2007 à 2013. Cette croissance est fragile, car elle est très dépendante de la consommation des ménages, du tourisme et des taux d'intérêts bas. Nous sommes soumis aux facteurs extérieurs. De plus, le PIB est un indicateur qui ne fait pas la différence entre une croissance favorable aux plus nécessiteux et à l'environnement. Mais nous sommes optimistes pour l'avenir proche, nous sommes en train de compiler les chiffres du deuxième trimestre 2019 et les résultats sont favorablement orientés."
Si le paysage économique reste dégagé, il y a donc quelques petits bémols dans ce beau tableau. En plus de ceux mentionnés par le directeur de l'ISPF, notons que depuis 2007 la population polynésienne a augmenté de 10%, donc même si la richesse du pays revient à son maximum historique, le rattrapage économique sera encore long avant que le niveau de vie de chacun redevienne ce qu'il était à l'époque. Et une inquiétude reste vive : même avec cette croissance record, notre économie n'a créé que 1500 emplois salariés équivalents temps plein (+2,3%) l'année dernière. Même si ce rythme se maintient, il faudra une génération entière pour fournir un travail aux 36 100 personnes qui cherchent un emploi (dont seulement 14 700 sont inscrits au SEFI) rien que dans l'archipel de la Société...
Selon les comptes économiques rapides de la Polynésie française (CEROM) publiés hier, 2018 a été une très belle année pour notre économie. Il ne s'agit encore que d'estimations, qui pourraient être révisées de quelques milliards de francs dans les années qui viennent, mais la tendance est claire : notre produit intérieur brut (PIB) aurait augmenté de 2,5% l'année dernière, pour atteindre 615,5 milliards de Fcfp.
Selon les économistes de l'Institut de la Statistique de la Polynésie française (ISPF), l'Institut d'Emission d'Outre-Mer (IEOM) et de l'Agence française de Développement (AFD), tous les grands composants de l'économie sont en forme (voir encadrés), que ce soit la consommation, le commerce extérieur ou les investissements. Seule la hausse des cours du pétrole a tenté de plomber l'atmosphère, mais sans arriver à freiner la croissance.
Cette belle performance, après une croissance tout aussi remarquable de 2,4% en 2017, permet à l'économie polynésienne de se rapprocher de son plus haut d'avant la crise : en francs constants, nous arrivons au même PIB qu'en 2005. Encore 3% de croissance supplémentaire pour revenir au niveau de 2007, soit juste avant la profonde crise qui a ravagé la société polynésienne au tournant de la décennie.
NOUS SOMMES ENCORE DANS LE RATTRAPAGE DE LA CRISE
Nicolas Prud'homme, directeur de l'ISPF, a expliqué lors de la conférence de présentation du CEROM que "cette croissance de 2,5% est un rattrapage presque mécanique de la crise des années 2007 à 2013. Cette croissance est fragile, car elle est très dépendante de la consommation des ménages, du tourisme et des taux d'intérêts bas. Nous sommes soumis aux facteurs extérieurs. De plus, le PIB est un indicateur qui ne fait pas la différence entre une croissance favorable aux plus nécessiteux et à l'environnement. Mais nous sommes optimistes pour l'avenir proche, nous sommes en train de compiler les chiffres du deuxième trimestre 2019 et les résultats sont favorablement orientés."
Si le paysage économique reste dégagé, il y a donc quelques petits bémols dans ce beau tableau. En plus de ceux mentionnés par le directeur de l'ISPF, notons que depuis 2007 la population polynésienne a augmenté de 10%, donc même si la richesse du pays revient à son maximum historique, le rattrapage économique sera encore long avant que le niveau de vie de chacun redevienne ce qu'il était à l'époque. Et une inquiétude reste vive : même avec cette croissance record, notre économie n'a créé que 1500 emplois salariés équivalents temps plein (+2,3%) l'année dernière. Même si ce rythme se maintient, il faudra une génération entière pour fournir un travail aux 36 100 personnes qui cherchent un emploi (dont seulement 14 700 sont inscrits au SEFI) rien que dans l'archipel de la Société...
La consommation des ménages, moteur de la croissance
Le plus gros moteur de la croissance 2018 a été la consommation, principalement celle des ménages (qui ont apporté 1,7% sur les 2,5% d'augmentation du PIB à eux seuls). Cette consommation s'est retrouvée dans les ventes de voitures neuves (+10%), la reprise des crédits à la consommation et la hausse des importations de biens de consommation. Ce qui pousse les ménages à la consommation : une reprise des embauches (+2,3 %) et une hausse des salaires (+1,2 % pour le salaire moyen) qui profitent au pouvoir d'achat.
Tourisme : l'effet "United" va succéder à l'effet "French Bee"
Avec +10 % de fréquentation touristique en 2018, l'effet "French Bee" s'est fait pleinement sentir dans tous les secteurs liés au tourisme : transport international, hôtellerie, restauration... Si bien que les exportations de service ont explosé de +9 %, compensant largement une mauvaise année de plus pour la perle (nous avons exporté 2,3 millions de perles de moins l'année dernière). Notons qu'au niveau du commerce extérieur, notre poisson et notre vanille continuent de connaitre une croissance spectaculaire sur les marchés étrangers depuis 10 ans...
Notons que les premiers chiffres de 2019 montrent qu'après l'effet French Bee qui a profité aux pensions de famille et aux locations saisonnières de type AirBnB, les nouvelles lignes aériennes ouvertes par United Airlines semblent surtout profiter aux grands hôtels.
Notons que les premiers chiffres de 2019 montrent qu'après l'effet French Bee qui a profité aux pensions de famille et aux locations saisonnières de type AirBnB, les nouvelles lignes aériennes ouvertes par United Airlines semblent surtout profiter aux grands hôtels.
Les investissements profitent des taux d'intérêts bas
Au niveau des investissements, tout le monde semble s'en donner à cœur-joie, à commencer par les ménages qui profitent des taux d'intérêts historiquement bas pour acheter des biens immobiliers à tour de bras (+5 % pour les investissements des ménages en valeur). Le secteur public fait aussi peser son poids en augmentant ses investissements de 6 %. Restent les entreprises, qui sont plus prudentes avec une hausse des investissements de seulement 2 % (quand on ne compte pas les nouveaux Dreamliners achetés par ATN, ce qui est tout de même un gros morceau qui est sorti des statistiques). Toute cette frénésie de construction et d'achats à longs terme a d'ailleurs fortement contribué à faire exploser les importations (+5,7 %, avec tout de même une bonne partie causée par la hausse des cours du pétrole).