PAPEETE, 16 avril 2019 - La maison de la culture-Te Fare Tauhiti Nui accueille une conférence de l’historienne Corinne Raybaud, mercredi 17 avril à 18 h 30 au Petit théâtre, dans le cadre des célébrations du 250e anniversaire de l’arrivée du capitaine James Cook. Tahiti Infos se joint à cet événement et publie jusqu'à mercredi une série quotidienne d'articles en lien avec cet événement historique.
Aujourd'hui, le quatrième volet de cette série s'intéresse à la célèbre carte dessinée sur les indications de Tupaia et à la demande du capitaine Cook, afin localiser les îles dans le voisinage de Tahiti.
Selon plusieurs chercheurs (ECKSTEIN Lars et SCHWARZ Anja The making of Tupaia’s map) qui se sont penchés sur la carte de Tupaia, ils en ont déduit qu’il s’agissait de trajets, d’expéditions ancestrales et de temps, plutôt que d’un placement d’îles sur une surface plane ce qui correspond habituellement à une carte, du point de vue européen.
Tout d’abord, les Européens ont un système d’orientation Nord-Sud-Est-Ouest constitué des points cardinaux. Concernant Tupaia il a une autre logique, celle des cheminements. Aussi place-t-il toujours Avatea au centre de la carte, ce qui signifie le midi mais aussi son point de départ. Ces deux systèmes d’appréhension du monde sont très différents. On peut considérer que Tupaia est un personnage curieux et ouvert à toutes les nouveautés ; aussi s’intéresse-t-il à la vision du monde des Européens à travers la cartographie. Les Anglais font aussi l’effort de se rapprocher de lui en tentant de comprendre son système.
Ainsi, ils savaient qu’ils le soumettaient à un exercice très difficile compte tenu du fait qu’issu de la tradition orale, les Polynésiens transmettaient depuis des générations leurs savoirs à leurs descendants par la parole, tandis que les Européens léguaient leurs connaissances par l’écrit. De sorte que représenter le monde polynésien sur une surface plane était d’une grande complexité pour traduire tout un univers de légendes et de récits transocéaniques guidés par les dieux. Cependant, Tupaia releva le défi et produisit une carte de Polynésie.
>> Lire aussi : Navigation ancestrale : les Polynésiens avaient déjà la science
Même s’il fallut du temps aux Européens pour la comprendre, cette part de leur savoir est arrivée jusqu’à nous et nous éclaire un peu sur le mode de navigation des anciens Polynésiens. Leurs connaissances transmises oralement étaient faites d’une observation attentive de la nature, du vent, des courants, des saisons et de leurs changements. Ainsi, ils savaient déceler les moments les plus favorables pour se déplacer d’un archipel à l’autre et cela pouvait se matérialiser sur la carte par un trajet long ou court qui correspondait à du temps plutôt qu’à de la distance. De sorte que Tupaia plaçait loin du point de départ, des îles où les vents et les courants étaient contraires pour y accéder, tandis que des îles plus proches pouvaient signifier une navigation rapide et plus aisée.
Tupaia n’est certainement pas allé dans tous les archipels qu’il a placés, mais ses ancêtres dont il était le dépositaire du savoir y sont allés et il était riche de toutes leurs expériences. Enfin, on peut considérer que James Cook passionné par la cartographie a fait grand honneur à Tupaia en lui confiant cette mission de placer les îles sur une carte. S’il ne l’avait pas considéré, il ne lui aurait rien demandé. En l’invitant à la table à cartes, centre décisionnaire du navire et domaine de prédilection du capitaine Cook, ce dernier a considéré Tupaia comme son égal. En outre, il a mentionné son nom sur la carte à laquelle il a contribué. Ainsi, même si les connaissances de Tupaia n’étaient pas facilement comprises par les Anglais, ceux-ci s’y sont intéressés et en ont tenu compte.
Aujourd'hui, le quatrième volet de cette série s'intéresse à la célèbre carte dessinée sur les indications de Tupaia et à la demande du capitaine Cook, afin localiser les îles dans le voisinage de Tahiti.
Selon plusieurs chercheurs (ECKSTEIN Lars et SCHWARZ Anja The making of Tupaia’s map) qui se sont penchés sur la carte de Tupaia, ils en ont déduit qu’il s’agissait de trajets, d’expéditions ancestrales et de temps, plutôt que d’un placement d’îles sur une surface plane ce qui correspond habituellement à une carte, du point de vue européen.
Tout d’abord, les Européens ont un système d’orientation Nord-Sud-Est-Ouest constitué des points cardinaux. Concernant Tupaia il a une autre logique, celle des cheminements. Aussi place-t-il toujours Avatea au centre de la carte, ce qui signifie le midi mais aussi son point de départ. Ces deux systèmes d’appréhension du monde sont très différents. On peut considérer que Tupaia est un personnage curieux et ouvert à toutes les nouveautés ; aussi s’intéresse-t-il à la vision du monde des Européens à travers la cartographie. Les Anglais font aussi l’effort de se rapprocher de lui en tentant de comprendre son système.
Ainsi, ils savaient qu’ils le soumettaient à un exercice très difficile compte tenu du fait qu’issu de la tradition orale, les Polynésiens transmettaient depuis des générations leurs savoirs à leurs descendants par la parole, tandis que les Européens léguaient leurs connaissances par l’écrit. De sorte que représenter le monde polynésien sur une surface plane était d’une grande complexité pour traduire tout un univers de légendes et de récits transocéaniques guidés par les dieux. Cependant, Tupaia releva le défi et produisit une carte de Polynésie.
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Même s’il fallut du temps aux Européens pour la comprendre, cette part de leur savoir est arrivée jusqu’à nous et nous éclaire un peu sur le mode de navigation des anciens Polynésiens. Leurs connaissances transmises oralement étaient faites d’une observation attentive de la nature, du vent, des courants, des saisons et de leurs changements. Ainsi, ils savaient déceler les moments les plus favorables pour se déplacer d’un archipel à l’autre et cela pouvait se matérialiser sur la carte par un trajet long ou court qui correspondait à du temps plutôt qu’à de la distance. De sorte que Tupaia plaçait loin du point de départ, des îles où les vents et les courants étaient contraires pour y accéder, tandis que des îles plus proches pouvaient signifier une navigation rapide et plus aisée.
Tupaia n’est certainement pas allé dans tous les archipels qu’il a placés, mais ses ancêtres dont il était le dépositaire du savoir y sont allés et il était riche de toutes leurs expériences. Enfin, on peut considérer que James Cook passionné par la cartographie a fait grand honneur à Tupaia en lui confiant cette mission de placer les îles sur une carte. S’il ne l’avait pas considéré, il ne lui aurait rien demandé. En l’invitant à la table à cartes, centre décisionnaire du navire et domaine de prédilection du capitaine Cook, ce dernier a considéré Tupaia comme son égal. En outre, il a mentionné son nom sur la carte à laquelle il a contribué. Ainsi, même si les connaissances de Tupaia n’étaient pas facilement comprises par les Anglais, ceux-ci s’y sont intéressés et en ont tenu compte.