Paris, France | AFP | jeudi 01/02/2024 - La "bombe sociale" du logement a explosé en raison de l'"ampleur et de la gravité" de la crise en 2023, a alerté la Fondation Abbé Pierre dans son rapport annuel, 70 ans après l'appel de son fondateur à la solidarité envers les sans-abri.
"L'année 2023 restera celle de l'aggravation alarmante de la crise du logement, et face à cela le gouvernement continue une politique d'austérité, ce qui est pour nous une erreur fondamentale", a résumé mercredi lors d'une conférence de presse Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé Pierre (FAP).
Ce sombre constat touche d'abord les plus vulnérables, à savoir les 330.000 personnes sans domicile, qui ont plus que doublé en dix ans, mais aussi les 4,2 millions de personnes mal logées.
Chaque soir à l'automne, plus de 8.300 personnes ont été refusées en France par le 115 faute de places d'hébergement d'urgence, dont 2.800 mineurs, contre 6.300 en 2022, et ce malgré l'augmentation du nombre de places.
Si l'accès à l'hébergement d'urgence s'est engorgé en quelques années, y compris hors période hivernale, c'est notamment parce que l'accès au logement social "a connu une chute brutale", relève le rapport.
Au total 2,6 millions de ménages attendent un logement social, mais les personnes vivant avec moins de 500 euros par mois ont paradoxalement vu leur taux de succès diminuer de 22% à 12% entre 2017 et 2022.
Si cette crise du logement est "inédite", selon la Fondation, c'est qu'elle touche désormais tous les publics, y compris les candidats à l'achat qui ne parviennent plus à emprunter en raison de la hausse fulgurante des taux d'intérêt depuis 2022.
Elle grippe "avec une force et une rapidité inouïes" tous les secteurs d'activité en même temps: construction, ventes et locations, logement social.
"On voit des salariés bloqués dans leur mobilité, des entreprises qui peinent à recruter, des ménages confrontés au rétrécissement de l'offre locative privée sous la pression des locations touristiques et des résidences secondaires, des jeunes qui renoncent à leurs études faute de logement, des demandeurs de logements sociaux qui sont de plus en plus en concurrence", énumère Christophe Robert.
"Habitat indigne"
Face à ce constat, la Fondation regrette "l'absence de réponse réelle du gouvernement" ou des propositions "qui ne traitent pas les causes de la crise".
Ce qu'elle explique par un "différend de diagnostic" entre les acteurs de terrain et l'Etat, ce dernier anticipant une baisse de la croissance démographique ou surestimant les capacités du parc de logements.
Corollaire de cette crise, l'habitat "indigne", dont les logements portent atteinte à la santé, la sécurité ou à la dignité humaine, pèse plus que jamais sur le quotidien des plus modestes.
Cette France peu visible "des taudis", qui soumet "plus d'un million de personnes" à des conditions de vie "très difficiles", reste le "parent pauvre de l'action publique", souligne la Fondation, reconnaissant que le projet de loi adopté la semaine dernière sur le sujet "va dans le bon sens".
"L'habitat indigne n'est pas simplement une vétusté, une ancienneté, des problèmes techniques dans le logement", mais "c'est la rencontre entre la dégradation dans le bâti et le parcours de ménages en difficulté", analyse Manuel Domergue, directeur des études de la FAP, rappelant que les mal-logés sont prêts à "tout accepter plutôt que la rue".
Mardi, le Premier ministre, Gabriel Attal, a promis un "choc d'offre" pour répondre à la crise, ce qui doit notamment se traduire par un soutien au logement intermédiaire, aux loyers légèrement inférieurs au marché, pour aider les classes moyennes.
Mais pour la FAP, c'est oublier "les trois quarts des demandeurs de logements sociaux", qui attendent "un logement très social".
"Bien que le constat soit sérieux (...), l'analyse qui en découle est à charge", a estimé de son côté le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu, regrettant une lecture "visant la seule responsabilité de l'Etat".
Le budget alloué à l'hébergement d'urgence a atteint un "niveau sans précédent, avoisinant les 3 milliards d'euros par an", a-t-il rappelé, et la moyenne des places d'hébergement d'urgence, "203.000 au cours des trois dernières années" est deux fois plus élevée qu'il y a dix ans où elle s'élevait à 93.000 places.
Les deux plans Logement d'abord ont par ailleurs aidé "550.000 personnes à sortir de la rue".
Rappelant que le logement "contribue à hauteur de 91,8 milliards d'euros aux recettes fiscales" pour "41,5 milliards de dépenses", la FAP appelle, elle, à relever l'effort public pour le logement, qui "n'a jamais été aussi faible" depuis 2010.
La Fondation Abbé Pierre propose d'ériger en priorité nationale la lutte contre le sans-abrisme, relancer le financement du logement social, généraliser l'encadrement des loyers, revaloriser les aides personnalisées au logement (APL) et ne se prive pas de citer l'abbé Pierre, pour qui "gouverner, c'est d'abord loger son peuple".
"L'année 2023 restera celle de l'aggravation alarmante de la crise du logement, et face à cela le gouvernement continue une politique d'austérité, ce qui est pour nous une erreur fondamentale", a résumé mercredi lors d'une conférence de presse Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé Pierre (FAP).
Ce sombre constat touche d'abord les plus vulnérables, à savoir les 330.000 personnes sans domicile, qui ont plus que doublé en dix ans, mais aussi les 4,2 millions de personnes mal logées.
Chaque soir à l'automne, plus de 8.300 personnes ont été refusées en France par le 115 faute de places d'hébergement d'urgence, dont 2.800 mineurs, contre 6.300 en 2022, et ce malgré l'augmentation du nombre de places.
Si l'accès à l'hébergement d'urgence s'est engorgé en quelques années, y compris hors période hivernale, c'est notamment parce que l'accès au logement social "a connu une chute brutale", relève le rapport.
Au total 2,6 millions de ménages attendent un logement social, mais les personnes vivant avec moins de 500 euros par mois ont paradoxalement vu leur taux de succès diminuer de 22% à 12% entre 2017 et 2022.
Si cette crise du logement est "inédite", selon la Fondation, c'est qu'elle touche désormais tous les publics, y compris les candidats à l'achat qui ne parviennent plus à emprunter en raison de la hausse fulgurante des taux d'intérêt depuis 2022.
Elle grippe "avec une force et une rapidité inouïes" tous les secteurs d'activité en même temps: construction, ventes et locations, logement social.
"On voit des salariés bloqués dans leur mobilité, des entreprises qui peinent à recruter, des ménages confrontés au rétrécissement de l'offre locative privée sous la pression des locations touristiques et des résidences secondaires, des jeunes qui renoncent à leurs études faute de logement, des demandeurs de logements sociaux qui sont de plus en plus en concurrence", énumère Christophe Robert.
"Habitat indigne"
Face à ce constat, la Fondation regrette "l'absence de réponse réelle du gouvernement" ou des propositions "qui ne traitent pas les causes de la crise".
Ce qu'elle explique par un "différend de diagnostic" entre les acteurs de terrain et l'Etat, ce dernier anticipant une baisse de la croissance démographique ou surestimant les capacités du parc de logements.
Corollaire de cette crise, l'habitat "indigne", dont les logements portent atteinte à la santé, la sécurité ou à la dignité humaine, pèse plus que jamais sur le quotidien des plus modestes.
Cette France peu visible "des taudis", qui soumet "plus d'un million de personnes" à des conditions de vie "très difficiles", reste le "parent pauvre de l'action publique", souligne la Fondation, reconnaissant que le projet de loi adopté la semaine dernière sur le sujet "va dans le bon sens".
"L'habitat indigne n'est pas simplement une vétusté, une ancienneté, des problèmes techniques dans le logement", mais "c'est la rencontre entre la dégradation dans le bâti et le parcours de ménages en difficulté", analyse Manuel Domergue, directeur des études de la FAP, rappelant que les mal-logés sont prêts à "tout accepter plutôt que la rue".
Mardi, le Premier ministre, Gabriel Attal, a promis un "choc d'offre" pour répondre à la crise, ce qui doit notamment se traduire par un soutien au logement intermédiaire, aux loyers légèrement inférieurs au marché, pour aider les classes moyennes.
Mais pour la FAP, c'est oublier "les trois quarts des demandeurs de logements sociaux", qui attendent "un logement très social".
"Bien que le constat soit sérieux (...), l'analyse qui en découle est à charge", a estimé de son côté le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu, regrettant une lecture "visant la seule responsabilité de l'Etat".
Le budget alloué à l'hébergement d'urgence a atteint un "niveau sans précédent, avoisinant les 3 milliards d'euros par an", a-t-il rappelé, et la moyenne des places d'hébergement d'urgence, "203.000 au cours des trois dernières années" est deux fois plus élevée qu'il y a dix ans où elle s'élevait à 93.000 places.
Les deux plans Logement d'abord ont par ailleurs aidé "550.000 personnes à sortir de la rue".
Rappelant que le logement "contribue à hauteur de 91,8 milliards d'euros aux recettes fiscales" pour "41,5 milliards de dépenses", la FAP appelle, elle, à relever l'effort public pour le logement, qui "n'a jamais été aussi faible" depuis 2010.
La Fondation Abbé Pierre propose d'ériger en priorité nationale la lutte contre le sans-abrisme, relancer le financement du logement social, généraliser l'encadrement des loyers, revaloriser les aides personnalisées au logement (APL) et ne se prive pas de citer l'abbé Pierre, pour qui "gouverner, c'est d'abord loger son peuple".