Paris, France | | samedi 14/03/2015 -Gilles Boeuf, l'un des grands spécialistes français de la biodiversité et président du Muséum national d'histoire naturelle, estime que la diversité biologique est un "capital" qu'il faut absolument préserver, et une source d'emplois.
Question: la biodiversité est en fort déclin dans le monde, des populations d'espèces s'effondrent, d'autres disparaissent. La situation est-elle aussi grave en France?
Réponse: dans les pays développés comme la France, on a beaucoup détruit par le passé, maintenant on détruit moins que dans les pays en développement où il reste de la forêt primaire ou des coraux, qui sont deux grands gisements d'espèces. Mais dans les territoires outremer - je rappelle que la France a le 2e espace marin au monde - des espèces disparaissent. Aujourd'hui, globalement, nous sommes beaucoup plus préoccupés par l'effondrement de certaines populations d'espèces que par des disparitions totales. Nous avons perdu depuis 40 ans plus de la moitié des individus de toutes les populations de vertébrés au niveau mondial.
Q: Un projet de loi sur la biodiversité arrive au Parlement, c'est le premier depuis la loi de 1976: depuis 40 ans, la protection de la nature a-t-elle eu des résultats?
R: Si l'on avait pas pris les mesures qui ont été mises en place, la situation serait beaucoup plus grave aujourd'hui. On a créé des réserves naturelles, lancé l'action du Conservatoire du littoral, agi pour dépolluer les rivières, etc. On ne le sait pas forcément mais les rivières sont en meilleur état qu'il y a 30 ans, même s'il reste encore des problèmes de pesticides, de perturbateurs endocriniens et que de nouvelles molécules apparaissent toujours. Globalement, il y a eu de gros progrès.
Q: Que dites-vous à ceux qui opposent protection de la biodiversité à développement économique?
R: Cela n'a aucun sens, c'est une idée stupide, dans la mesure où on ne fait pas des sanctuaires. L'humain doit vivre en harmonie avec la nature, y avoir accès de façon modérée. Plus on détruira la nature, plus on fera de l'argent très vite pour quelques uns en la surexploitant, plus on va entièrement appauvrir le système. On créera des emplois en maintenant la diversité biologique, c'est notre capital et on ne peut pas s'en passer. Le but de la future loi, c'est de tenir compte dans tous les projets de l'impact général sur la biodiversité. Et notamment sur la biodiversité ordinaire qui est un peu trop oubliée, c'est-à-dire tout le tissu du vivant, jusqu'aux millions de bactéries, et pas seulement les espèces emblématiques comme les éléphants ou les tigres. Je suis beaucoup plus un défenseur des écosystèmes et des milieux que des espèces. On sauvera les tigres si on sauve les forêts indiennes, on sauvera le panda si on sauve les forêts de bambous de Chine.
Question: la biodiversité est en fort déclin dans le monde, des populations d'espèces s'effondrent, d'autres disparaissent. La situation est-elle aussi grave en France?
Réponse: dans les pays développés comme la France, on a beaucoup détruit par le passé, maintenant on détruit moins que dans les pays en développement où il reste de la forêt primaire ou des coraux, qui sont deux grands gisements d'espèces. Mais dans les territoires outremer - je rappelle que la France a le 2e espace marin au monde - des espèces disparaissent. Aujourd'hui, globalement, nous sommes beaucoup plus préoccupés par l'effondrement de certaines populations d'espèces que par des disparitions totales. Nous avons perdu depuis 40 ans plus de la moitié des individus de toutes les populations de vertébrés au niveau mondial.
Q: Un projet de loi sur la biodiversité arrive au Parlement, c'est le premier depuis la loi de 1976: depuis 40 ans, la protection de la nature a-t-elle eu des résultats?
R: Si l'on avait pas pris les mesures qui ont été mises en place, la situation serait beaucoup plus grave aujourd'hui. On a créé des réserves naturelles, lancé l'action du Conservatoire du littoral, agi pour dépolluer les rivières, etc. On ne le sait pas forcément mais les rivières sont en meilleur état qu'il y a 30 ans, même s'il reste encore des problèmes de pesticides, de perturbateurs endocriniens et que de nouvelles molécules apparaissent toujours. Globalement, il y a eu de gros progrès.
Q: Que dites-vous à ceux qui opposent protection de la biodiversité à développement économique?
R: Cela n'a aucun sens, c'est une idée stupide, dans la mesure où on ne fait pas des sanctuaires. L'humain doit vivre en harmonie avec la nature, y avoir accès de façon modérée. Plus on détruira la nature, plus on fera de l'argent très vite pour quelques uns en la surexploitant, plus on va entièrement appauvrir le système. On créera des emplois en maintenant la diversité biologique, c'est notre capital et on ne peut pas s'en passer. Le but de la future loi, c'est de tenir compte dans tous les projets de l'impact général sur la biodiversité. Et notamment sur la biodiversité ordinaire qui est un peu trop oubliée, c'est-à-dire tout le tissu du vivant, jusqu'aux millions de bactéries, et pas seulement les espèces emblématiques comme les éléphants ou les tigres. Je suis beaucoup plus un défenseur des écosystèmes et des milieux que des espèces. On sauvera les tigres si on sauve les forêts indiennes, on sauvera le panda si on sauve les forêts de bambous de Chine.