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La biodiversité de Nouvelle-Calédonie passée au peigne fin par des naturalistes


Nouméa, France | AFP | vendredi 09/12/2016 - Une trentaine de chercheurs ont exploré pendant un mois des eaux douces et des forêts isolées de Nouvelle-Calédonie pour rechercher des espèces nouvelles, dans un archipel dont l'endémisme est l'un des plus élevés au monde.

Cette campagne s'inscrit au sein d'un vaste programme d'exploration de la nature baptisé La Planète Revisitée et mené conjointement par le Museum national d'histoire naturelle (MNHN) et l'ONG Pro-Natura International. Depuis dix ans grâce à ce projet, des milliers d'espèces ont déjà été découvertes au Vanuatu, au Mozambique, en Papouasie Nouvelle-Guinée, à Madagascar ou en Guyane.

En Nouvelle-Calédonie, l'expédition, au budget d'environ 1 million d'euros, a été découpée en six modules marins et terrestres. Le premier en août s'est intéressé à la faune et à la flore des profondeurs autour de l'île des Pins (sud) et le dernier se déroulera en novembre 2017.

Ce découpage en petits groupes de chercheurs s'explique par la segmentation de la biodiversité de l'archipel, considéré comme un point chaud de la planète.

"La Nouvelle-Calédonie est une mosaïque de terroirs qui diffèrent par le relief, le climat, la géologie... Le principal enjeu de cette exploration, c'est le micro-endémisme, l'extrême localisation de la plupart des espèces", a expliqué à l'AFP Philippe Bouchet, professeur au MNHN.

"C'est fascinant pour un naturaliste mais c'est un casse-tête pour les gestionnaires de la ressource", a-t-il également indiqué à l'occasion mercredi de la restitution des premiers résultats de l'expédition aux collectivités locales.

Pour leur deuxième campagne calédonienne, les scientifiques ont étudié les eaux douces de la Grande-Terre et les forêts de la côte Oubliée, une zone montagneuse isolée au sud-est.

Comme lors de toutes les précédentes expéditions de La Planète Revisitée, les invertébrés marins et terrestres, organismes les moins connus, ont été les pôles d’intérêt.



-300 spécimens de blattes -
En forêt, où le déroulement de l'inventaire a été perturbé fin novembre par des pluies diluviennes, ce sont les insectes, qui ont dominé les travaux.

"Le spécialiste des blattes repart avec 300 spécimens, c'est à peu près identique pour les grillons", a indiqué Olivier Pascal, responsable du volet terrestre des expéditions.

Phasmes, fourmis, diptères, sauterelles, escargots - l'île en compte 216 espèces jusqu'alors recensées-....les chercheurs ont collecté des centaines d'échantillons dont 250 d'espèces d'arbres.

L'équipe réunie autour de Philippe Bouchet réalise de son côté l'exploration de la biodiversité des eaux douces de la Grande-terre, y compris pour la première fois des eaux souterraines.

"Dans le volet hydrobiologique (science qui étudie la faune aquatique des rivières et cours d'eau, ndlr), il y aura probablement plusieurs centaines d'espèces nouvelles : des petits crustacés, des petits coquillages... Je sais d'ores et déjà qu'on a plus de 50 espèces nouvelles de gastéropodes, tous micro-endémiques", a déclaré ce spécialiste des mollusques.

De retour à Paris, les scientifiques vont s'atteler à la description de leurs trouvailles, avec la difficulté de débusquer pour chacune d'elle le spécialiste le plus éclairé.

"Nous travaillons avec des experts de trente pays. Mais si pour 5.000 mammifères, il y a peut-être cent spécialistes, pour une famille de guêpes et d’abeilles, qui peut compter 120.000 espèces différentes, il n'y a sans doute que cinq personnes dans le monde, capables de les identifier", a indiqué Olivier Pascal.

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Rédigé par () le Vendredi 9 Décembre 2016 à 05:37 | Lu 704 fois