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La Sofidep pourra participer à la Tahiti Nui Jingmin Ocean Farm


La Sofidep pourra participer à la  Tahiti Nui Jingmin Ocean Farm
PAPEETE, jeudi 7 février 2013. Le débat a été animé au sein de l’hémicycle de la Polynésie française lors de la première journée de la session extraordinaire de l’assemblée. Au cœur des débats jusqu’en milieu d’après-midi, la création de la Tahiti Nui Jingmin Ocean Farm et la participation que le Pays portera au sein de cette société sino-polynésienne qui exploitera une ferme aquacole de grande ampleur. Les élus de l’opposition ont notamment longuement questionné le gouvernement : où seront implantés les sites de production et de recherche ? Qui sont réellement ces trois investisseurs chinois ? Quelles garanties apportent-ils sur leurs capacités financières et techniques ? Pourquoi passer par la Sofidep pour l’apport en numéraire que le Pays investira dans cette société, en plus de la mise à disposition de son patrimoine naturel ?

Dans les rangs de l’opposition, le scepticisme était de mise. Dans le groupe Tahoeraa, Edouard Fritch parlait d’opacité et d’opportunité politicienne, s’interrogeant sur la crédibilité des actionnaires chinois, et rappelant que son groupe avait, par deux fois (les 10 décembre et 9 janvier) interrogé le gouvernement pour avoir en mains le document signé, lors de la création de cette joint-venture. «Il n’y a pas eu de suite à cette demande, ce qui nous donne à penser que vous avez des choses à cacher». Armelle Merceron, pour le groupe A ti’a Porinetia, non encore officiel à l’assemblée, allait plus loin, qualifiant la Tahiti Nui Jingmin Ocean Farm de «joint adventure». L’élue avançait comme argument le manque de sérieux de ce projet, puisque les étendues marines que la Polynésie mettra au pot commun de la société, ne sont pas clairement définies : «ou vous ne le savez pas et ce n’est pas sérieux. Ou bien vous le savez et vous êtes malhonnête de ne pas nous dire quels sont ces biens concernés» ? De son côté, Gaston Tong Sang s’interrogeait sur la précipitation de ce projet, alors que les élus n’ont pas eu en mains suffisamment d’éléments pour en apprécier la réelle qualité.

Au sein de l’UPLD, le projet de ferme aquacole sino-polynésienne est défendu becs et ongles. «Aucun projet comme celui-ci n’avait pas encore été envisagé par notre Pays. Quelle faute a donc commis la Chine pour que vous vous opposiez à ce genre de projet ?» interrogeait Victor Maamaatuaiahutapu. Le projet a obtenu également le soutien appuyé du non inscrit, Clarentz Vernaudon, qui a pris la parole plusieurs fois sur ce dossier alors qu’il était silencieux à l’assemblée depuis de longs mois. Bémol enfin, de la part d’Eleanor Parker de Te Mana O Te Mau Motu. L’élue des Îles du Vent a questionné le gouvernement pour savoir comment avaient été évaluées les ressources marines apportées par le Pays (1,2 milliard de Fcfp) et réclamait également plus d’informations sur les investisseurs chinois, s’inquiétant qu’une fois les ressources marines polynésiennes auront été «exploitées et épuisées, après ils iront ailleurs».

Les deux délibérations concernant le changement de statut de la Sofidep pour que cette SEM puisse prendre une participation de 2% de la future société exploitant la ferme aquacole sino polynésienne, et apporter une participation financière de 40 millions de Fcfp au capital de la future société par action simplifiées ont été adoptées à la majorité.




Pierre Frébault : «J ‘ai les documents… en chinois»


Interrogé par différents élus sur ce projet sino-polynésien de ferme aquacole, le ministre des finances Pierre Frébault a répondu depuis la tribune du gouvernement en brandissant des documents. «J’ai ici tous les documents, mais ils sont écrits en chinois» ! Au sujet du fonds d’investissement chinois, qui doit garantir la participation financière des trois investisseurs chinois, partenaires du projet, le ministre a montré deux feuilles rédigées en chinois également. «J’ai ici la traduction du certificat d’engagement du fonds d’investissement» argumente le ministre «les trois investisseurs chinois ont créé une société spécifique, mais ce sont eux-mêmes qui sont membres du Conseil d’administration du fonds d’investissement chinois» indiquant par cette déclaration que le gouvernement a pris des assurances sur ce projet, «nous avons obtenu ces engagements, nous avons vérifié la capacité de cette société à apporter ces financements».

Rédigé par Mireille Loubet le Jeudi 7 Février 2013 à 15:47 | Lu 1145 fois