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La Polynésie « en retard » sur sa transition digitale


Tahiti, le 3 mai 2020 - Vincent Fabre, président de l'Organisation des Professionnels de l'Economie Numérique (Open), a profité de l'examen du projet de loi sur les télécommunications pour évoquer ce qu'a révélé la crise du Covid-19 au niveau de l’économie digitale en Polynésie. Si les infrastructures de télécommunication se sont montrées « robustes », l'insuffisance de la préparation des entreprises notamment dans la gestion du télétravail a mis en lumière le retard du Pays dans la transition digitale.
 
Selon vous, la Polynésie n'est pas prête pour la transition digitale ?
 
« Cela fait quelques années au travers d'Open que je sensibilise les entreprises pour accélérer la transition digitale et, effectivement, on a vu lors de la gestion de cette crise que toutes les entreprises n'étaient pas prêtes. En tout cas pas de la même façon. Les retards accumulés ne se rattrapent pas pendant des périodes de crise. Elles se préparent à l'avance. On a bien vu les entreprises qui étaient en retard et celles qui étaient au rendez-vous et qui ont pu mettre en place rapidement le télétravail et une continuité de service pour les consommateurs. Mais la plupart des entreprises étaient en décalage et ça je le regrette. J'espère qu'avec le dé-confinement progressif les entreprises se mettront en ordre de marche pour se préparer à la prochaine crise. »
 
Vous préconisez un certain nombre de textes réglementaires devraient être pris pour rattraper le retard ?
 
« Il y a des textes sur lesquels il faut travailler. Il y a bien sûr la loi du Pays sur l'interconnexion de la partie internet. Ce qui a été évoqué aujourd'hui, ce n'est que pour la partie téléphonie mobile. Il y a aussi tout un corpus réglementaire à finaliser autour de la signature électronique et de la dématérialisation pour les entreprises. Cela a été fait de façon très précise pour les administrations publiques et sur les appels d'offres, par contre sur la partie privée, c'est moins abouti. On voit bien aujourd'hui que les téléservices à distance proposés par les entreprises sont incomplets. »
 
La gestion du télétravail a t-elle été efficace pendant cette période de confinement strict ?
 
« On manque de statistiques. En métropole, cela varie en fonction des secteurs d'activité mais j'ai retenu un chiffre de 30 à 40% de personnes en télétravail. Je pense que le chiffre en Polynésie est très, très en deçà. Là encore c'est un sujet qu'il faut préparer à l'avance. Le droit du travail polynésien est très en retard donc déjà il faut qu'il se mette à niveau. Mais au delà du droit du travail, il faut que les entreprises préparent le télétravail. Le télétravail c'est à la fois du matériel pour pouvoir travailler, des applicatifs pour travailler à distance mais c'est également une conduite du changement. Ça ne se décrète, il faut le préparer. Le collaborateur doit être prêt, la hiérarchie et le manager doivent être prêts. Ce sont des choses qui se préparent à l'avance et qui ne se mettent pas en place en période de crise. C'est pour ça qu'il va falloir profiter d'une période d'accalmie pour travailler sur ces sujets et les roder de façon plus efficace. »

Rédigé par Propos recueillis par Sébastien Petit le Dimanche 3 Mai 2020 à 12:16 | Lu 77834 fois