Tahiti le 2 mars 2025. La société Access Partnership, spécialisée dans la détection des marchés porteurs à l’attention des "décideurs nationaux et régionaux" a sorti un long rapport flatteur sur le développement de la Polynésie française en matière d’informatique et d’avenir numérique.
La société qui aide "les grandes entreprises à relever des défis réglementaires complexes et à étendre leurs produits et services à de nouveaux marchés" afin "d'anticiper les réglementations futures et de gérer les tendances politiques à l'échelle mondiale" s’est donc arrêtée sur le potentiel du Fenua en matière de numérique dans un rapport de 30 pages intitulé "Connecter la Polynésie française : une opportunité de croissance et d’innovation."
En espérant que leur analyse ne soit pas aussi fausse que la mise en page du rapport, composée de photos des Philippines et non de Polynésie française, Access Partnership voit en Polynésie française la possibilité de profiter "d'avantages d’ordre économique et social et d’opportunités nouvelles" pour les investisseurs étrangers qui voudraient s’implanter à l’occasion de l’installation des nouveaux câbles Google. Pour Access, la Polynésie française va "améliorer la résilience de son réseau, stimuler sa croissance économique et créer de nouveaux emplois."
L’appel aux investisseurs du numérique est lancé, comme un gigantesque pari à l’international. Les bookmakers des marchés semblent convaincus de l’attractivité du Pays si nous parvenons à réduire les latences (durée d'attente entre une information entrante et sa réponse), pour développer et offrir de nouveaux services à l’international comme "les paiements numériques, les applications de l'IA ou les applications qui nécessitent une transmission quasi instantanée des données, comme l’apprentissage virtuel et la diffusion vidéo en continu".
Le temps de latence polynésien, qui est estimé à 176 millisecondes, est pour l’heure trop élevé pour envisager ces nouveaux potentiels, mais l’arrivée des 8 câbles (selon le président Brotherson) de Google pourraient faire sauter la banque.
"À court terme, l'installation d'une nouvelle infrastructure de câbles sous-marins aura un fort impact sur le marché local des infrastructures de réseau, notamment en permettant de réaliser des économies sur le transit IP et de réduire la latence du réseau (« effets de marché »)", analyse Access Partnership. "Au-delà de ces effets à court terme, une meilleure connectivité via une meilleure infrastructure de réseau crée de nouvelles opportunités économiques pour la Polynésie française et s’inscrit dans les objectifs de politique sociale de l'archipel (« effets catalytiques »)."
Quels impacts
Le rêve de Moetai Brotherson de faire du Fenua un hub numérique à haut potentiel, vecteur d’emplois nouveaux et de PIB est crédibilisé par ce rapport. "La connectivité numérique va révolutionner l'accès à l'éducation et faciliter les activités de formation numérique », est-il exposé. « Cette évolution encourage le développement d’une main-d'œuvre qualifiée, un véritable atout pour bénéficier des nouvelles opportunités économiques sur le long terme". C’est ce que nous expliquait l’année dernière Eugène Sandford, avant de se faire débarquer de la DGEN (Direction générale de l’économie numérique).
Au niveau santé, Access évoque aussi la possibilité d’ "améliorer la qualité et l'accès aux soins de santé" et de "débloquer la croissance économique". "D’ici 2030, les nouvelles infrastructures de câbles devraient augmenter la production économique annuelle de 493 millions USD (56,5 milliards de francs) cumulés sur cinq ans, tout en soutenant plus de 2 200 emplois" prophétise l’étude.
Les Polynésiens dans leur ensemble pourraient bénéficier, toujours selon l’étude, d’une baisse des prix de l’ordre de 1,7 % par an et une augmentation du trafic de données internet de 1,1 % par an.
La Polynésie, nouvel Eldorado du numérique ? "La Polynésie française est aujourd'hui aux prémices d'une transformation numérique, source de diversification économique et de croissance", note le rapport… Rien que ça.
Dans son point 3, le rapport évoque l’environnement que le Pays doit mettre en place afin de favoriser l’essor à l’international des possibilités numériques polynésiennes. "Si la Polynésie française souhaite continuer d’attirer les investissements et les efforts nécessaires pour encourager le développement de son infrastructure de connectivité numérique, les organismes de réglementation doivent proposer un plan économique raisonnable et un rendement adéquat aux fournisseurs de connectivité à l’échelle internationale qui cherchent à investir dans le pays", explique Access. "La mise en place d'un cadre réglementaire et juridique stable est incontournable pour protéger ces investissements et les opérations en cours, notamment en se tenant aux côtés des différents acteurs, lors de la construction, l’acquisition, l'exploitation, la location et l'entretien des câbles sous-marins à ces fins."
Voter un cadre juridique simplifié pour favoriser l’entretien et la réparation des câbles par voie maritime est souhaité.