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La Guadeloupe manque de médecins généralistes et spécialistes


Cedrick Isham CALVADOS / AFP
Cedrick Isham CALVADOS / AFP
Pointe-à-Pitre, France | AFP | mardi 21/03/2022 - Des médecins en nombre insuffisant, mal répartis sur le territoire et d'un âge avancé: comme certaines régions rurales hexagonales, les habitants de la Guadeloupe et des îles voisines ont du mal à obtenir un rendez-vous chez le médecin.

"Depuis le mois de janvier, il n'y a plus de médecin sur l'île de la Désirade (environ 1.500 habitants) et la population rencontre une forte difficulté d'accès aux soins", ont indiqué l'ARS Guadeloupe, l'Union régionale des praticiens de santé et la sécurité sociale, dans un courrier d'appel au volontariat, diffusé début mars sur les réseaux sociaux. 

Classée au 4e rang des régions françaises ayant les densités de médecins généralistes libéraux les plus faibles, la Guadeloupe est un désert médical selon l'Observatoire régional de la santé en Guadeloupe (Orsag) avec 87 médecins pour 100.000 habitants contre 99/100.000 en France hexagonale.

Afin d'attirer les praticiens, l'ARS promet un contrat d'aide à l'installation "majoré pour La Désirade, jusqu'à 60.000 euros", ou "un contrat de début d'exercice", "qui offre un revenu minimum garanti pouvant aller jusqu'à 11.000 euros par mois" s'il s'agit de la première année d'exercice, mais aussi des avantages fiscaux.

Cette petite île n'est pas la seule zone de l'archipel en pénurie de médecins. "Nous avons un vrai déséquilibre territorial en matière d'accès aux soins", note Jean-Claude Lucina, ancien directeur des soins de l'ARS Guadeloupe. En effet, si les gros bassins de population, d'activités économiques et touristiques ne manquent pas de médecins, les Grands Fonds, le Nord-Basse-Terre, ou certaines communes de la Côte-sous-le-Vent sont moins pourvues.  

Des femmes viennent accoucher en Guadeloupe 

"Parfois, nous avons des patients qui viennent de loin", indique à l'AFP Aurélien Collignon, médecin généraliste à Petit-Bourg, commune centrale de l'île, installé depuis 10 ans.

"La vie quotidienne sur une île, c'est plus compliqué que sur un continent, cela peut rebuter les velléités d'installations", explique Jean-Claude Lucina. 

Le territoire se classe également au 7e rang pour les praticiens spécialistes installés en libéral, selon l'Orsag, avec 68/100.000 habitants contre 94/100.000 habitants dans l'Hexagone, avec de surcroît, des praticiens plus âgés: 63% des spécialistes libéraux avaient plus de 55 ans en 2021.

"En février, j'ai tenté de prendre un rendez-vous chez un dermatologue en raison d'une allergie douloureuse au bras: je n'ai pas trouvé avant juin", raconte Françoise A., 37 ans, qui a renoncé à consulter. 

En matière de gynécologie, même si la Guadeloupe est un peu mieux lotie que l'Hexagone (12,9/100.000 habitants, contre 11,6 en France métropolitaine), le territoire n'a plus que trois maternités dont une de niveau 3, qui accueille les cas les plus compliqués.

"Lorsqu'en 2012, la maternité de Marie-Galante a fermé, les femmes ont dû venir accoucher en Guadeloupe", raconte Francelise Nadessin, sage femme coordinatrice du réseau Périnat qui organise l'hébergement en Guadeloupe des parturientes des îles durant la fin de la grossesse. "Chaque année, cela concerne 60 à 70 personnes qui viennent des îles du Sud, mais aussi de Saint-Martin, notamment les femmes avec des grossesse à risque", ajoute-t-elle. Sur l'île de Marie-Galante, un gynécologue se déplace toutes les semaines pour assurer les consultations.

Sur le territoire guadeloupéen, on mise beaucoup sur les maisons de santé qui se développent dans les communes pour attirer et fidéliser les médecins. Mais aussi sur une faculté de médecine annoncée par le gouvernement le 17 mars et qui doit "contribuer à améliorer la démographie médicale aux Antilles-Guyane", en apportant un cycle de formation complet et donc un "levier d'attractivité", selon un communiqué du gouvernement. 

Une annonce loin de faire l'unanimité: un collectif d'étudiants en médecine et de parents s'est d'ores et déjà constitué pour dénoncer une "obligation d'effectuer leur 2e cycle localement", redoutant que "la désorganisation de l'Université des Antilles et les problèmes structurels des CHU" de Guadeloupe et Martinique impactent lourdement la qualité de leur formation", écrit le collectif sur Twitter. 

le Mardi 22 Mars 2022 à 04:14 | Lu 173 fois