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La Foire agricole sur fond de projets de développement aux Raromatai


Raiatea, le 1er juillet 2024 - La foire agricole des îles Sous-le-Vent s’est installée jusqu’au 5 juillet au lieu-dit “la piscine” qui accueille à Uturoa l’événement pour la première fois. À cette occasion, le ministre de l’Agriculture, Taivini Teai, a fait le déplacement afin d’inaugurer le Mātete fenua Raromatai et de promouvoir des projets agricoles mis en œuvre sur l’île de Raiatea.
 
Pari tenu pour le représentant de la Chambre d’agriculture et de pêche lagonaire (CAPL), Heiarii Roihau, qui souhaitait pouvoir organiser en 2024, une foire agricole regroupant plus d’exposants tout en attirant également des agriculteurs venus des Îles Sous-le-Vent. L’événement a ouvert ses portes mercredi dernier et se tient jusqu’à ce vendredi sous le chapiteau de La Piscine à Uturoa. “Il y a du monde pour cette première journée, expliquait mercredi Heiarii à l’ouverture. Nous avons réussi à faire venir plus d’exposants que pour le Mātete fenua classique et pour la première édition de la foire agricole des Raromatai, des agriculteurs de Huahine sont présents. Nous avons donc des représentants de Raiatea, Taha’a et Huahine. Nous espérons que Bora Bora et Maupiti seront présents l’an prochain et avons mis en valeur aussi bien des produits bruts que des produits transformés immédiatement consommables.”
 
Afin de souligner l’importance de l’événement, Taivini Teai, le ministre de l’Agriculture, des Ressources marines et de l’Environnement, s’est dit “très heureux d’être là pour la première fois”. Après les discours de Matahi Brotherson, maire de la commune de Uturoa, puis de Thomas Moutame, à la fois maire de la commune de Taputapuātea et président de la CAPL, le ministre a pris la parole et a rappelé dans son discours inaugural toute l’importance que revêt pour le Fenua le secteur primaire : “Notre objectif est d’atteindre la souveraineté alimentaire de notre pays, de développer une production saine et accessible à tous. Nous souhaitons soutenir le local. Il y a encore trop d’importations. Avant, nous exportions même des oranges, du café, de la vanille… Heureusement le secteur primaire connaît un regain d’activités. Notre pays a besoin d’aquaculteurs, d’éleveurs…”
 
Faisant écho au discours de Thomas Moutame, Taivini Teai a également insisté sur la transition écologique souhaitée par le gouvernement actuel. Il a déclaré que “le Pays va accompagner les agriculteurs qui souhaitent convertir leur agriculture en agriculture biologique. Il n’y a pas de Fenua sans fa’a’apu”. Une transition vers l’agriculture biologique qui permettra de “convaincre le consommateur d’acheter des produits locaux et des produits de qualité”.
 
Un attrait pour les produits transformés
 
Installée à la fois sous le chapiteau de la piscine et sur la place To’a Huri Nihi, la foire agricole regroupe cette année une cinquantaine d’exposants horticoles, vivriers, éleveurs, apiculteurs. Les agriculteurs proposant des produits transformés sont ceux qui connaissent le plus de fréquentation. Heifara Ebb et son épouse, Tefaatau Tahia, transforment le coco depuis 2020 sur leur terrain familial de Raiatea : “Nous avons créé en 2020 une entreprise familiale avec ma femme et mon fils sur la terre de mon grand-père, léguée par ma mère. Au départ, il y avait une quinzaine de cocotiers sur le terrain. Depuis nous en avons replanté une centaine. Grâce à des aides du Sefi et de la DAG nous avons doublé puis quadruplé notre production. Nous traitons entre 400 et 500 cocos par jour.” Soucieux de respecter la terre, l’entreprise a également obtenu en 2022 le label biologique pour ses cultures vivrières de taro, de manioc, de bananes vendues séchées, de gingembre et de curcuma transformés en poudre. Toujours dans le but de diminuer l’impact environnemental du plastique, l’entreprise familiale commence à commercialiser son lait de coco pasteurisé dans des bouteilles en verre consignées. “Certes, le coût d’achat est plus important mais nous essayons de convaincre à la fois les commerçants et les consommateurs que c’est important de diminuer le plastique.”
 
Fāora LAB partage le même principe de respect de l’environnement pour ses produits transformés à la vente : “Au début, nous travaillions dans la restauration et nous avions déjà constaté qu’il était difficile de se fournir ici. Beaucoup de produits venaient de Tahiti ou de plus loin. Après le Covid nous nous sommes mis à planter tout de suite en bio. C’est pour nous un respect de la nature et de nous-même.” Désormais, cette entreprise également familiale qui emploie deux ouvriers agricoles a atteint l’autonomie alimentaire en développant des cultures vivrières et fruitières. Au fa’a’apu s’est ajouté un petit élevage de canards, de poules pondeuses, de chevaux, de cochons et quelques ruches.
 
D’autres stands de produits transformés mettent à l’honneur le poisson. Il est possible de goûter et d’acheter de l’espadon, soit mariné à l’huile d’olive agrémenté d’épices ou de piment, soit fumé à froid, des sushis ou sashimis tout en buvant des sirops à base du curcuma, gingembre, baies roses. Pour les appétits plus solides, une roulotte zéro déchets, n’utilisant que des produits locaux en circuit court s’est installée avec, au menu, des poke poke ou des wraps ainsi que des douceurs locales.
 
Une culture de uru pour manger local à Raiatea
 
À l’issue de sa rencontre avec les agriculteurs exposant à la foire agricole, le ministre s’est ensuite rendu à Faaroa afin de visiter le site du futur abattoir de Raiatea. Il s’est également rendu sur le terrain de 10 hectares de la Direction de l’agriculture (DAG) sur lequel Wilfried Chung Sao va planter plus de 1 000 pieds de “uru rare”. Ce projet d’agro-transformation d’une envergure jamais égalée doit permettre de fournir aux cantines scolaires de Raiatea du premier et du second degré suffisamment de fruits de l’arbre à pain pour leur permettre de se mettre en conformité avec la règlementation locale qui exige que 50% des légumes consommés par les élèves soient issus de productions locales. Le “uru rare” connaîtra une étape de transformation afin de pouvoir être distribué surgelé. Là encore, ce produit transformé permettra de développer l’autonomie alimentaire du Fenua et de servir des produits sains et de bonne qualité aux enfants et aux consommateurs en général.
 
La variété choisie a pour avantage de pouvoir être conservée quelques jours de plus que certains autres types de uru. Elle offre aussi la possibilité d’être calibrée de manière parfaitement ronde ce qui facilitera le travail de découpe des machines pour une transformation en cubes, en chips et peut-être même en farine, comme l’explique un représentant de la DAG présent auprès du ministre lors de cette visite. La DAG a permis que ce projet voie le jour grâce à la location du terrain agricole et en permettant à l’investisseur de se fournir en plans de “uru rare” qui présente également un autre atout, celui d’avoir pu être planté in vitro au centre de recherche de Papara.
 
Les premiers plans de uru ont été mis en terre à proximité d’une rivière afin de pouvoir réaliser des captages d’eau pour l’arrosage et de manière à également intercaler entre les plans de uru des plantations de taro, de patates douces, de rhizomes afin d’éviter les problèmes liés à la monoculture. La totalité de cette plantation sera labellisée bio une fois la production lancée. L’initiative devra attendre huit ans avant de devenir rentable, selon les estimations du porteur de projet. Mais en attendant, outre l’aspect qualitatif apporté à cette nouvelle plantation agricole, l’activité génère déjà des emplois grâce à l’embauche de cinq ouvriers agricoles qui travaillent sur le site.
 

le Mercredi 3 Juillet 2024 à 12:36 | Lu 1221 fois