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La 21e édition du Fifo est lancée


Tahiti, le mardi 6 février 2024 – La 21e édition du Festival international du film documentaire océanien (Fifo) s’est ouverte ce mardi à la Maison de la culture. Événement culturel international rythmé par ses projections de films, le Fifo s'articule également autour de ses ateliers et ses tables rondes, où professionnels et amateurs viennent prendre la température au sein du paysage audiovisuel local. 
 
Créé en 2004 sous l'impulsion de Wallès Kotra et Heremoana Maamaatuaiahutapu, le Festival international du film documentaire océanien (Fifo) a su s'établir comme l’un des événements incontournables du calendrier culturel local. Premier et seul festival de films documentaires dédiés à l'Océanie, ce dernier se démarque par son engagement : “Le Fifo est l'exutoire d'une angoisse, l'angoisse de disparaître”, affirmait Wallès Kotra, lors de la cérémonie d'ouverture du festival. “Il s'agit d'une crainte réelle et partagée par tous les Océaniens, la peur de devenir des fantômes culturels, balloté par les images provenant de l'étranger. Dans un monde d'images, largement dominé par les Gafam (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft, NDLR), la petite musique du Fifo doit continuer à se jouer. C'est là notre combat, notre raison d'être”, a-t-il ainsi conclu. Un combat qui a largement trouvé ses partisans au sein du Pacifique Sud. En effet, pour cette 21e édition, le Fifo rassemble des acteurs de l'audiovisuel venus d'Australie, de Nouvelle-Zélande, de Nouvelle-Calédonie ou encore de Rapa Nui.
 
Et l'engagement des réalisateurs était palpable dès les premiers films proposés en ce jour d'ouverture du festival. À l'exemple du documentaire Circle of Silence, retraçant le scandale politique du meurtre de cinq journalistes australiens au Timor, en 1975, au travers du regard de l'une des veuves, Shirley Shackleton, qui a dédié sa vie à la découverte de la vérité sur ce tragique événement. “C'est important de voir ce genre de film, de récit, qui parle d'histoires dramatiques de nos voisins, de nos cousins de l'Océanie. Ce sont souvent des affaires étouffées par les politiques, et donc par les médias. C'est bouleversant, triste, et en même temps, on éprouve de l'empathie pour ces protagonistes. On se sent proche d'eux. Ces films documentaires créent un lien entre eux et nous”, témoignait Cécile, retraitée curieuse venue prendre le temps de vivre ce festival pleinement : “J'enchaîne les séances depuis ce matin”.  
 
En marge du concours, l'organisation donnait également rendez-vous aux professionnels et amateurs de l'audiovisuel au paepae a Hiro pour des séances de discussions autour de sujets ciblés. Parmi eux, celui sur le développement de l'audiovisuel en Océanie et des choix politiques à venir a fait beaucoup réagir : “Je ne sais pas si je suis déçu, mais au moins, nous avons déjà quelques éléments de réponse de la part du gouvernement concernant notre secteur et c'est bon à savoir”, expliquait Keanu, étudiant en audiovisuel à l'Isepp, suite à la déclaration du président de la Polynésie française, Moetai Brotherson, affirmant que la construction d'une nouvelle infrastructure audiovisuelle et la mise en place de formations plus poussées ne sont pas d'actualité. Pour autant, ce dernier a réaffirmé son vœu d'atteindre 25% du PIB porté par les secteurs du numérique et de l'audiovisuel d'ici dix ans. Et si cette promesse a laissé l'auditoire perplexe, le président de la Polynésie française aura le temps d'étayer son argumentaire lors des Assises de l'audiovisuel qui auront lieu cette semaine, en parallèle du festival.

À titre d'information, en raison des conditions météorologiques qui se dégradent sur l'île de Tahiti, le Fifo fermera ses portes ce mercredi 7 février. 
 

le Mardi 6 Février 2024 à 18:00 | Lu 907 fois