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L'opposition boycotte la commission d'enquête de la majorité


L'opposition a donné une conférence de presse à l'issue de la séance.
L'opposition a donné une conférence de presse à l'issue de la séance.
PAPEETE, le 08/09/2016 - Les membres de la commission permanente se sont réunis ce jeudi en séance, afin de discuter de plusieurs dossiers dont les mises en place des deux commissions d'enquête demandées, aussi bien par l'opposition que par la majorité. Celle de la majorité a été validée avec 12 voix pour et 9 voix contre. Et pas question pour les membres de l'UPLD et du Tahoeraa de faire partie de cette commission.

Les travaux sur la nouvelle commission d'enquête devraient démarrer d'ici quelques jours, une fois que la publication sera faite au Journal officiel. Les membres de la commission permanente à l'assemblée se sont réunis ce jeudi pour débattre de plusieurs dossiers, dont la mise en place des deux commissions proposées, aussi bien par la majorité, que par l'opposition.

Avec 12 élus, le rassemblement pour une majorité autonomiste (RMA) a fait valider sa commission d'enquête au grand dam des 9 membres de l'opposition. "Nous ne pouvons pas accepter de participer à ces travaux. C'est la raison pour laquelle, lors de la présentation de l'article 3 qui prévoit la composition de la commission, madame Tina Cross est intervenue pour marquer sa décision de refuser de participer à cette commission", souligne Antony Géros, président du groupe de l'UPLD à l'assemblée. Un choix que rejoignent les élus orange.

La raison de la non-participation aux travaux de cette commission est unanime pour les élus de l'opposition : "On voit bien que cette commission d'enquête n'a pas le même objectif. Et pire, la révision tarifaire de l'électricité ne figure pas du tout dans les missions et objectifs de leur commission d'enquête. Donc on n'a rien à y faire", clame Gilda Faatoa Vaiho, élue Tahoeraa Huiraatira.

"Nous avons, lors de nos interventions, exprimé notre volonté de trouver un consensus pour la dernière fois. Afin de modifier les missions de la commission proposée par la majorité, dans la mesure, où l'objectif qui attrait à la baisse de la tarification de l'électricité ne figure pas dans leur commission d'enquête. Donc, on leur a demandé, si on pouvait se mettre d'accord pour amender favorablement leur proposition de délibération. Ils ont refusé", rajoute Antony Géros.

Des propos que ne réfute pas le président de cette commission d'enquête, Antonio Perez : "C'est vrai que ce n'est pas écrit, mais je me suis exprimé sur notre souhait à aboutir à cet objectif. Aujourd'hui, les gens en ont assez des promesses, ils veulent des actions. Nous allons réunir tous les éléments nécessaires pour réussir notre transition énergétique. La baisse de la tarification de l'électricité se fera tout naturellement, par la suite."

"Notre vision est de répondre à une attente et un besoin immédiat et urgent", rétorque Gilda Faatoa Vaiho. "Comment baisser le prix de l'électricité ? On a essayé de répondre à cela, en demandant la création d'une commission d'enquête. Elle a été rejetée par la majorité. Leur seul objectif est de faire le bilan des gouvernances passées. Donc si je comprends bien, ils regardent derrière. Quand on passe son temps à regarder dans le rétroviseur, on oublie le grand parebrise qui est devant."

La mission de cette commission d'enquête est de faire le bilan, tant sur l'évolution du secteur énergétique au cours de ces dernières années, que sur son organisation et son fonctionnement actuel.

Elle devrait réunir neuf élus, dont 5 du RMA, 3 du Tahoeraa et 1 de l'UPLD. En attendant la publication officielle, le président de cette commission réunira ses membres pour élaborer ensemble un budget prévisionnel, qui ne pourra excéder les 3,5 millions de francs. Ces fonds serviront à financer les différentes missions qui seront mises en place durant les six mois d'investigations.

Antony Geros
Président du groupe UPLD à l'assemblée


L'UPLD a parlé de perquisitions ?

"L'UPLD a déjà déposé une plainte pour favoritisme et recel de favoritisme. Quand elle aboutira à une investigation, qui sera menée par les moyens judiciaires, elle va aboutir sur un certain nombre d'investigations qui vont se traduire notamment par des perquisitions. C'est à ce titre que nous avons évoqué le fait qu’aujourd’hui on n' a pas d'autres solutions que de laisser le pouvoir judiciaire faire son travail avec ses moyens. Les enquêteurs qui sont chargés de mener les travaux d'investigations, procéderont certainement à des auditions ou même peut être à des mises en examen, en tout cas il y aura des perquisitions."

Comment expliquez-vous le silence du pays sur les rapports de la SP 2000 et de la CRE (Commission de régulation de l'énergie), vous pensez qu'il y a des choses à cacher ?


"Certainement, c'est du moins ce que nous fait dire le comportement actuel du gouvernement. J'ai moi-même au cours d'une séance interpellé le vice-président sur la nécessité de nous transmettre ce rapport de la SP 2000. J'ai même écrit une lettre en tant que président du groupe UPLD pour interpeller le vice-président pour qu'il me donne ce rapport. Sur un rapport d'une centaine de pages, je n'ai eu que trois pages. Cela m'interpelle. Je ne peux pas comprendre comment une autorité aussi importante que le Pays s'adonne à des cachotteries de ce genre. Soit on est transparent, soit on ne l'est pas du tout."

Antonio Perez n'a pas été très clair pendant la lecture de son rapport, vous avez l'impression qu'il le faisait à contre-coeur ?

"C'est l'impression qu'il nous a donné par le timbre de sa voix, qui était presque inaudible. J'en ai fait d'ailleurs la remarque au président de la commission permanente, cela nous fait dire qu'on a eu en face de nous des représentants de la majorité qui ont présenté un dossier contre leur gré. D'ailleurs des personnes très loquaces d'habitude seraient intervenante plusieurs fois dans d'autres dossiers. Or là, vous avez vu qu'il n'y a eu aucune critique, il y a eu deux interventions de la majorité pour répondre à l'opposition mais sans plus.
Antonio Perez, avec toute sa force de corde vocale, ne s'est pas démené comme il fallait. Il a essayé de faire entendre lors de sa lecture le point de vue de la majorité mais j'émets des doutes sur sa sincérité sur ce point. Je pense qu'il n’était pas lui-même déjà convaincu.
"


le Jeudi 8 Septembre 2016 à 18:41 | Lu 2636 fois