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L’intérim en Polynésie : un souffle d’oxygène pour de nombreuses familles


Ici, une représentante d'une agence d'intérim, expliquant les modalités d'inscription, à des élèves de l'Université de la Polynésie Française. C'était à l'occasion du forum des étudiants, en début février de cette année.
Ici, une représentante d'une agence d'intérim, expliquant les modalités d'inscription, à des élèves de l'Université de la Polynésie Française. C'était à l'occasion du forum des étudiants, en début février de cette année.
Depuis quatre ans, les pertes d’emploi s’accélèrent et se multiplient. Les entreprises hésitent à recruter, n’ayant que peu de visibilité sur l’avenir économique du fenua. Le chômage grandissant, le travail temporaire apporte une aide providentielle à de  nombreux chercheurs d’emploi. Focus sur l’Intérim en Polynésie…

Le chômage touche près de 30% de la population active polynésienne. Depuis quatre années, les demandes d’emploi progressent : 8 258 en 2009, 9 075 en 2010, 8 799 en 2011 puis 10 540 l’an dernier. Lorsque, malgré une recherche d’emploi active, l’espoir s’amoindrit, une des solutions est  de se tourner vers les agences d’intérim dont l’activité de recrutement vient en complément des missions d’offres d’emploi du SEFI.

« Nous gérons près de 300 intérimaires chaque mois. » nous précise Sylvie Bouchiquet, directrice de l‘agence Pro Intérim. Ce chiffre concerne les intérimaires réguliers et actifs. Cependant, pour ceux qui s’inscrivent pour la toute première fois, leur nombre atteint les 100 par par semaine. La crise actuelle que traverse notre fenua ne fait qu’accroître les statistiques. « Nous avons de plus en plus de mères de famille ayant un ou des enfants à charge. Il y a aussi beaucoup de personnes qui ont perdu leur emploi et qui ne savent plus quoi faire. Le travail temporaire est une sorte d’alternative à la perte d’un poste, en attendant de trouver mieux. »

« Nous sommes les « pompiers » des ressources humaines des entreprises »

Aujourd’hui, les entreprises ne recrutent plus comme auparavant. Mais certains de leurs projets générent une hausse ponctuelle d’activité, nécessitant de faire appel à de la main d’œuvre qualifiée. Les intérimaires entrent en jeu. Le système du travail temporaire, par sa souplesse répond parfaitement aux besoins : « …et c’est là que nous intervenons. Les demandent arrivent parfois à la dernière minute. Nous avons un temps de réaction très court, l’objectif est de pouvoir répondre rapidement à la demande, mais aussi d’offrir du travail à nos intérimaires. Nous sommes un peu, les « pompiers des ressources humaines des entreprises locales.» précise Sylvie Bouchiquet.

Le principe est simple et efficace : l’entreprise contacte l’agence par mail ou par téléphone. « Une fois que la société nous a fait parvenir sa demande, nous faisons un choix d’intérimaires qui peuvent intervenir rapidement. L’avantage de ce système, c’est qu’avec le temps, nous avons une liste de personnes qui connaissent déjà le travail au sein de l’entreprise en question. Cela créé une fidélisation. En effet, il arrive que des sociétés demandent les mêmes intérimaires. »

D’un point de vue général, les agences d’intérim font travailler 500 personnes, tous secteurs confondus. Les contrats de travail s’intitulent « des missions » et peuvent durer de quelques jours à quelques mois, sans toutefois dépasser 24 mois. Tous les secteurs sont susceptibles d’avoir recours au travail temporaire. 

Trois manières de s’inscrire

« Il vous suffit de venir en agence, en veillant à apporter avec vous une pièce d’identité, un curriculum vitae, votre carte CPS et si vous avez des diplômes, prenez-les ou bien des photocopies. Mais vous avez aussi notre site internet où vous pouvez déposer votre curriculum vitae, en joignant éventuellement une lettre de motivation. Celle-ci n’est pas imposée, mais tous ces éléments nous permettront d’évaluer le potentiel du candidat, sachant quand même qu’un entretien sera organisé et quelque soit le niveau, diplômé ou pas. La porte est vraiment ouverte à tous et à toutes. Enfin, il nous arrive de passer des annonces par l’intermédiaire du SEFI. Il est possible d’y répondre, sachant que cette catégorie d’annonces concernent des métiers spécifiques ou rares. »

En second lieu, il peut arriver que, dans un cadre et des besoins particuliers liés notamment au secteur financier, administratif ou stratégique, l’agence procède à des tests. « Attention, ce ne sont pas des tests sanctions. Pas du tout, il s’agit simplement de nous assurer que le candidat a bien les connaissances requises au poste cité. D’ailleurs, il arrive souvent que des candidats se sentent rassurés sur leurs compétentes. D’autres, au contraire, se sont aperçus qu’ils ne correspondaient pas à ce qui était recherché, mais qu’ils avaient des qualités dans un autre domaine. Au final, il y a toujours un côté positif dans cette approche. »

Le recours aux services d’intérimaires a le double avantage de pouvoir bénéficier de personnes fiables, compétentes et de gagner du temps dans la mise en place des procédures de recrutement. La directrice de Pro Intérim défend l’idée que la Polynésie recèle de valeurs sûres en terme de main d’œuvre : « Nous avons de nombreux retours positifs des entreprises avec lesquelles nous travaillons. Nous avons un bon vivier de forces et compétences différentes. De toute manière, nous n’enverrons jamais quelqu’un sans être sûr de sa capacité à assurer les fonctions d'un poste ou d’un autre. Et aujourd’hui, nos clients sont très satisfaits des personnes mises à leur disposition. Certes, il y a des métiers rares où il faut des qualifications spéciales, mais nous avons des jeunes qui reviennent au fenua pour travailler dans leur pays. Le potentiel est là.»

L’humilité et la patience

Il arrive que des diplômés n’arrivent pas à trouver des missions à la hauteur de leurs espérances. Une des raisons principales est l’incapacité des sociétés de rémunérer l’intérimaire selon les barèmes en vigueur ou les diplômes obtenus. Certains chefs d’entreprises d’ailleurs n’hésitent pas à prétexter une économie morose pour recruter du personnel surqualifié à des salaires inadaptés.

La solution, bien qu’elle puisse paraître décevante au premier abord, est de proposer des missions qui ne sont certes pas rémunérées à leur juste valeur, mais qui permettront à l’intérimaire d’acquérir une expérience précieuse et d’apprendre le fonctionnement de l’entreprise favorisant ainsi son intégration, pouvant déboucher, sur une future embauche. Certains ont été recrutés de cette manière et ont signé leur contrat à durée indéterminée avec les salaires y afférents.


Sylvie Bouchiquet au centre :"Nous recevons également beaucoup de mères de familles."
Sylvie Bouchiquet au centre :"Nous recevons également beaucoup de mères de familles."
Un salarié « comme » les autres

Lorsqu’il est en mission dans une entreprise, l’intérimaire perçoit une rémunération qui ne peut être inférieure à celle d’un salarié titulaire. Les salaires horaires sont évalués en fonction de la catégorie et de la qualification équivalente à celle d’un employé de l’entreprise.Il perçoit une prime de précarité, de 6%. Mais, lorsque l’intérimaire vient à être embauché en CDI, Contrat à Durée Indéterminée, la dite prime est supprimée.

D’autre part, il bénéficie d’une prime de congés payés de 10%. Les contrats de mission sont directement signés avec l’agence d’intérim elle-même. Cette dernière effectue, par la même occasion, les déclarations sociales auprès de la Caisse de Prévoyance Sociale,  garantissant ainsi une capitalisation en vue d’une retraite.

La sécurité est pris très au sérieux par l’agence d’intérim citée : « La sécurité de nos intérimaires est très importante. Plus encore, cette année. Nous fournissons des chaussures de sécurité pour ceux qui travaillent dans le bâtiment. Il en est de même pour les visites médicales. C’est pour cela que nous mettons en place des formations sur l’hygiène, ou la sécurité. Nous voulons qu’ils soient tous et toutes sensibilisées à ces deux domaines. »

Pour ces formations, leur programmation est rendu possible grâce aux cotisations au fonds de gestion paritaire pour la formation professionnelle continue, versées par l’agence elle-même, à l’association « Te pū nō te ‘ite ».

Un tremplin d’accès à l’emploi

Sylvie Bouchiquet gère un volume de travail d’environ 20 000 heures mensuelles. S’il est difficile de promettre des missions à l’ensemble des effectifs, il arrive heureusement que des individus décrochent un contrat à durée indéterminée. « Environ 20 % des missions d’intérim se transforment en emploi stable.  De plus, en effectuant ces missions, l’intérimaire développe ainsi son réseau professionnel. Cela concerne surtout les jeunes qui sortent de l’école à qui il est souvent demandé de l’expérience. Ils connaîtront le mode de fonctionnement des entreprises dans différents secteurs, mais le plus important, comme je le disais, c’est qu’ils apprennent à se connaître dans le monde du travail : leurs point faibles et leurs atouts. »

En clair, être intérimaire permet de développer son « employabilité », sa capacité d’adaptation, d’acquérir de nouveaux savoir-faire et donc de nouvelles compétences.

TP

L’intérim en Polynésie : un souffle d’oxygène pour de nombreuses familles
Naïza Chin – 28 ans, Master en énergie solaire

Les étudiants sont de plus en plus nombreux à venir s’inscrire dans les agences d’intérim. Diplômés pour la plupart, ils espèrent trouver leur voie, même si cela semble difficile à la première approche.

Tahiti infos : Comment t’es-tu retrouvée ici ? 

Naïza Chin: J’avais envoyé mon curriculum vitae. On m’a appelé pour définir mon profil afin de voir ce qui pourrait me correspondre le plus. J’ai travaillé trois ans dans l’énergie solaire mais dans différentes entreprises.

Tahiti infos : Quel est ton cursus scolaire ? 

Naïza Chin: J’ai eu une licence en biologie, puis un master en énergie solaire.

Tahiti infos : Et qu’attends-tu de l’agence d’intérim ? 

Naïza Chin: J’attends de pouvoir occuper un emploi car de nos jours, c’est difficile de travailler. Je ne veux pas rester dans une stagnation trop longue.

Tahiti infos : Imaginons que tu reçoives une proposition, mais qui serait sous-rémunérée, l’accepterais-tu ?

Naïza Chin: (hésitation) Cela dépend du poste et du salaire. S’il est très très bas, je ne pourrais pas accepter.
 

L’intérim en Polynésie : un souffle d’oxygène pour de nombreuses familles
Thomas Peterano – Ta’ata nō Hitia’a e ‘imi ra i te ‘ohipa

Nāho’a rahi o te pā’imi ra i te ‘ohipa. Noatu ā te aravihi e te itoito, aita te mau taiete e tihepu fa’ahou mai i terā ra tau i hotu noa ai te fenua nei. ‘Aua’a maoti te mau taiete e horo’a nei te mau ‘ohipa tau poto, i oraora ai vētahi mau ‘utuāfare.


Tahiti infos : Mea nāhea te ōra’a mai te mana’o e haere mai i’ō nei ?

Thomas Peterano: ‘Ua haere ‘ē na mai vau i’ōnei a ‘ahuru matahiti i teie nei

Tahiti infos : Te aura’a, ‘ua noa’a tā ‘oe ‘ohipa i roto i terā ārea taime ?

Thomas Peterano: ‘Ē ! terā ra, ‘ua ‘ere vau i tō’u tōro’a. Nō rēira vau i haere fa’ahou mai i’ōnei.

Tahiti infos: ‘Eaha tō ‘oe tōro’a ?

Thomas Peterano: ‘Ua rau te huru. Te ha’a nei vau i te pae o te patura’a fare. Tō’u pūai, te i te pae ïa o te fa’ahorora’a pere’o’o rarahi, parau hia « chauffeurs poids lourd ».

Tahiti infos: Mai te peu aita e ohipa i roto i taua tuha’a ‘ohipa ra ?

Thomas Peterano: ‘A fāri’i noa ïa te ‘ohipa nā mua mai. ‘Eiaha e mā’iti. A hi’o noa teie tau, mea fifi roa. ‘O vau īho nei, e fāri’i vau te tuha’a e hōro’a hia mai.
 

Rédigé par TP le Mercredi 27 Février 2013 à 11:17 | Lu 3284 fois