Paris, France | AFP | mardi 27/03/2018 - L'homme de Néandertal, une brute épaisse aux allures de singe ? S'il a traîné longtemps une mauvaise image, la science a permis depuis quelques décennies de dresser un portrait nettement plus flatteur de notre cousin, au centre d'une grande exposition à Paris.
Apparu en Europe occidentale il y a environ 350.000 ans, Homo neanderthalensis s'est étendu vers l'Est jusqu'à l'Altaï (Russie) et est allé également au Proche-Orient.
Puis il a disparu, il y a environ 35.000 ans. Pas totalement cependant dans la mesure où 1 à 4% de ses gènes se retrouvent chez les Eurasiatiques actuels, Néandertal et l'Homme moderne s'étant reproduits à certains moments de la Préhistoire.
L'exposition "Néandertal", qui ouvre ses portes au public mercredi au musée de l'Homme, fait le point sur les dernières connaissances scientifiques autour de cette espèce du genre Homo. Mais elle questionne aussi, de façon très intéressante, nos représentations de Néandertal depuis le XIXe siècle.
Dans une scénographie comprenant plusieurs dispositifs ludiques destinés aux enfants, elle présente quelque 260 objets dont des fossiles originaux qui voyagent très rarement.
Les visiteurs vont pouvoir découvrir la célèbre calotte crânienne qui a donné son nom à l'espèce. Découverte en 1856 avec d'autres ossements fossiles dans la vallée allemande de Neander, elle avait fait sensation.
"C'était la première fois que l'on mettait en évidence une espèce du genre Homo différente de l'Homo sapiens. Pas facile à admettre dans une époque très religieuse où l'on pensait que l'Homme moderne avait été créé à l'image de Dieu", explique à l'AFP Pascal Depaepe, l'un des commissaires scientifiques de l'exposition. Certains préférèrent alors voir dans le fossile de Neander un Homo sapiens "dégénéré", un "crétin", tandis que d'autres le considèrent comme un "homme-singe".
Trois décennies plus tard, en 1886, on découvre les fossiles néandertaliens de la grotte de Spy en Belgique. "Les auteurs des fouilles ont compris qu'il s'agissait d'une sépulture. Et là, problème. Si c'était un être simiesque et brutal, le fait qu'il enterre ses morts lui faisait grimper une marche côté humanité", souligne Pascal Depaepe, de l'Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives).
Il possédait le savoir-faire nécessaire pour construire des abris temporaires. L'exposition reconstitue partiellement un campement de base néandertalien protégé par un abri coupe-vent circulaire (site de "La Folie" près de Poitiers).
Une dizaine d'outils issus de ce site sont présentés. Racloirs pour couper la viande ou tailler le bois, bifaces, éclats, pointes et lames en pierre, lissoirs pour tailler les peaux, retouchoirs en os pour redonner du tranchant...
Néandertal était un grand chasseur (bison, renne, cheval, bouquetin...). Il pratiquait également le charognage sur des animaux difficiles à tuer comme les mammouths ou les rhinocéros.
"C'était un artisan hors pair", souligne Pascal Depaepe, spécialiste des outils. "Un être sensible qui s'intéressait à la symbolique, à la beauté". Il se parait probablement avec des coquillages, des dents d'animaux perforées.
Il se livrait occasionnellement au cannibalisme, comme l'atteste l'étude d'ossements retrouvés sur des sites néandertaliens, note la préhistorienne Marylène Patou-Mathis, l'autre commissaire de l'exposition. Ce cannibalisme était-il alimentaire ou rituel ? "Probablement les deux."
L'originalité de l'exposition, qui se tient jusqu'au 7 janvier 2019, réside notamment dans sa façon de montrer les représentations de Néandertal, du XIXe à aujourd'hui. On est ainsi confronté au buste inquiétant d'un Néandertalien à l'aspect simiesque, réalisé en 1909 à la demande de l'anthropologue et criminologue Cesare Lombroso.
Plus loin, un mur couvert de citations rappelle qu'aux États-Unis, traiter quelqu'un de "Néandertal" est encore utilisé comme une insulte.
Juste avant de partir, le visiteur croise Kinga, une jeune Néandertalienne rousse réalisée par la plasticienne Élisabeth Daynès et habillée par la styliste agnès.b. Avec son regard mutin, son cardigan pression, on s'attendrait presque à la rencontrer dans la rue.
Apparu en Europe occidentale il y a environ 350.000 ans, Homo neanderthalensis s'est étendu vers l'Est jusqu'à l'Altaï (Russie) et est allé également au Proche-Orient.
Puis il a disparu, il y a environ 35.000 ans. Pas totalement cependant dans la mesure où 1 à 4% de ses gènes se retrouvent chez les Eurasiatiques actuels, Néandertal et l'Homme moderne s'étant reproduits à certains moments de la Préhistoire.
L'exposition "Néandertal", qui ouvre ses portes au public mercredi au musée de l'Homme, fait le point sur les dernières connaissances scientifiques autour de cette espèce du genre Homo. Mais elle questionne aussi, de façon très intéressante, nos représentations de Néandertal depuis le XIXe siècle.
Dans une scénographie comprenant plusieurs dispositifs ludiques destinés aux enfants, elle présente quelque 260 objets dont des fossiles originaux qui voyagent très rarement.
Les visiteurs vont pouvoir découvrir la célèbre calotte crânienne qui a donné son nom à l'espèce. Découverte en 1856 avec d'autres ossements fossiles dans la vallée allemande de Neander, elle avait fait sensation.
"C'était la première fois que l'on mettait en évidence une espèce du genre Homo différente de l'Homo sapiens. Pas facile à admettre dans une époque très religieuse où l'on pensait que l'Homme moderne avait été créé à l'image de Dieu", explique à l'AFP Pascal Depaepe, l'un des commissaires scientifiques de l'exposition. Certains préférèrent alors voir dans le fossile de Neander un Homo sapiens "dégénéré", un "crétin", tandis que d'autres le considèrent comme un "homme-singe".
Trois décennies plus tard, en 1886, on découvre les fossiles néandertaliens de la grotte de Spy en Belgique. "Les auteurs des fouilles ont compris qu'il s'agissait d'une sépulture. Et là, problème. Si c'était un être simiesque et brutal, le fait qu'il enterre ses morts lui faisait grimper une marche côté humanité", souligne Pascal Depaepe, de l'Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives).
- "Artisan hors pair" -
Chasseur-cueilleur nomade, Néandertal n'a pas toujours vécu durant des périodes glaciaires; il a aussi connu des périodes au climat tempéré.Il possédait le savoir-faire nécessaire pour construire des abris temporaires. L'exposition reconstitue partiellement un campement de base néandertalien protégé par un abri coupe-vent circulaire (site de "La Folie" près de Poitiers).
Une dizaine d'outils issus de ce site sont présentés. Racloirs pour couper la viande ou tailler le bois, bifaces, éclats, pointes et lames en pierre, lissoirs pour tailler les peaux, retouchoirs en os pour redonner du tranchant...
Néandertal était un grand chasseur (bison, renne, cheval, bouquetin...). Il pratiquait également le charognage sur des animaux difficiles à tuer comme les mammouths ou les rhinocéros.
"C'était un artisan hors pair", souligne Pascal Depaepe, spécialiste des outils. "Un être sensible qui s'intéressait à la symbolique, à la beauté". Il se parait probablement avec des coquillages, des dents d'animaux perforées.
Il se livrait occasionnellement au cannibalisme, comme l'atteste l'étude d'ossements retrouvés sur des sites néandertaliens, note la préhistorienne Marylène Patou-Mathis, l'autre commissaire de l'exposition. Ce cannibalisme était-il alimentaire ou rituel ? "Probablement les deux."
L'originalité de l'exposition, qui se tient jusqu'au 7 janvier 2019, réside notamment dans sa façon de montrer les représentations de Néandertal, du XIXe à aujourd'hui. On est ainsi confronté au buste inquiétant d'un Néandertalien à l'aspect simiesque, réalisé en 1909 à la demande de l'anthropologue et criminologue Cesare Lombroso.
Plus loin, un mur couvert de citations rappelle qu'aux États-Unis, traiter quelqu'un de "Néandertal" est encore utilisé comme une insulte.
Juste avant de partir, le visiteur croise Kinga, une jeune Néandertalienne rousse réalisée par la plasticienne Élisabeth Daynès et habillée par la styliste agnès.b. Avec son regard mutin, son cardigan pression, on s'attendrait presque à la rencontrer dans la rue.