Tahiti, le 13 mars 2024 - L’hôtel Te Moana inaugurait ce mercredi une exposition sur l’histoire du surf tahitien, berceau originel de la pratique de la glisse. Élaborée sur deux ans en collaboration avec l’association Horue, elle rend notamment hommage à la vague mythique de Taapuna, où plusieurs générations de Polynésiens y ont affûté leurs dérives.
En plein axe d’un motu de l’hôtel Te Moana, la déferlante de Taapuna s’écrasait ce mercredi encore avec violence sur le récif, pour l’inauguration d’une exposition en son honneur. Et comme d’habitude, nombreux étaient les surfeurs en recherche de sensations à vouloir décrocher un énorme tube, à la sauce Taapuna. Jean-Christophe Shigetomi, véritable historien du surf local, regardait cette scène avec admiration, et sans doute une pointe de nostalgie.
Il explique alors que c’est ici, entre Taapuna et Sapinus, que le surf a vu le jour. Si beaucoup diront que la terre mère du surf est incontestablement Hawaii, les premiers écrits de navigateurs le démentent. Les premières traces de la pratique du surf, connues notamment grâce à des écrits de Banks au XVIIIe siècle, étaient ici, juste sous nos yeux, dans la passe de Taapuna.
Taapuna la belle
Ce spot a ensuite vu les plus grands noms du surf polynésien y défiler, comme Vetea David, premier Français champion du monde en 1984. La légende raconte que c’est Éric Paofai et Gilles Leboucher (entre autres) qui ont découvert le spot et son potentiel hors du commun. À l’époque, le petit groupe originaire de Arue faisait l’aller-retour au sud de l’île pour aller chercher les vagues de Papara quand la saison l’y obligeait. Un beau jour, une heureuse panne d’essence le fera s’arrêter à mi-chemin, en face de Taapuna. Un coup d’œil aurait suffi pour que le groupe décide de surfer cette vague, encore méconnue. “Ils y sont allés en pionniers”, raconte Jean-Christophe Shigetomi.
Le bouche-à-oreille a ensuite fait son travail, et de plus en plus de surfeurs voulaient eux aussi surfer cette magnifique gauche tubulaire. Jean-Christophe Shigetomi se rappelle, comme si c’était hier, de ces sessions à couper le souffle. C’était en 1965, il avait alors 15 ans. Cette vague, c’était son “jardin”. Il y passait tout son temps. “On prenait le bateau d’un ami et on allait surfer jusqu’à ce que le soleil se couche.” Depuis, la notoriété du spot résonne à l’international. Notamment grâce à la compétition Taapuna Master, qui a vu sa première édition en 1994 et qui se perpétue désormais d’année en année.
Une expo qui mêle histoire et culture
“L’objectif de l’exposition, c’était vraiment de mettre en avant l’histoire et le patrimoine du surf grâce à la localisation de l’hôtel, en face de Taapuna”, révèle Benjamin Archambaud de l’hôtel Te Moana Resort. Une histoire et une culture qu’il est important de mettre en avant, car aujourd’hui, “tout le monde ignore l’histoire de cette passe, à part quelques initiés”, explique Jean-Christophe Shigetomi. “Taapuna, c’est la mâchoire de Puna (guerrier) qu’on a jetée dans la passe. Derrière, il y a toute une histoire que les gens méconnaissent.” L’exposition se déroule dans cinq lieux de l’hôtel, où les visiteurs pourront découvrir des œuvres d’art comme la fresque de Sarah Viaux ou la planche réalisée par TevArt avec, à chaque fois, des QR codes qui renvoient sur des petits documentaires pour en apprendre plus sur ce haut lieu du surf et de la culture polynésienne.
Une exposition faite “pour durer”, indique Benjamin Archambaud. Car aujourd’hui, et pour le plus grand désarroi de Jean-Christophe Shigetomi, Tahiti manquerait cruellement d’endroits commémorant l’histoire du surf, qui fait pourtant partie intégrante de la culture du Fenua. “Il y a un sacré déficit au niveau muséal, on n’a pas de musée du surf, on en parle beaucoup mais on ne le voit pas sortir de terre.” Cette exposition est donc la première pierre, il l’espère, d’une future grande bâtisse. “Moi, je suis adepte d’une philosophie : les petits ruisseaux font les grandes rivières. Tout le chantier que l’on a mené pendant deux ans reste à échelle humaine. On ne pense pas à créer tout de suite une immense exposition, mais quelque chose d’accessible, humainement et financièrement”, insiste Jean-Christophe Shigetomi.
En plein axe d’un motu de l’hôtel Te Moana, la déferlante de Taapuna s’écrasait ce mercredi encore avec violence sur le récif, pour l’inauguration d’une exposition en son honneur. Et comme d’habitude, nombreux étaient les surfeurs en recherche de sensations à vouloir décrocher un énorme tube, à la sauce Taapuna. Jean-Christophe Shigetomi, véritable historien du surf local, regardait cette scène avec admiration, et sans doute une pointe de nostalgie.
Il explique alors que c’est ici, entre Taapuna et Sapinus, que le surf a vu le jour. Si beaucoup diront que la terre mère du surf est incontestablement Hawaii, les premiers écrits de navigateurs le démentent. Les premières traces de la pratique du surf, connues notamment grâce à des écrits de Banks au XVIIIe siècle, étaient ici, juste sous nos yeux, dans la passe de Taapuna.
Taapuna la belle
Ce spot a ensuite vu les plus grands noms du surf polynésien y défiler, comme Vetea David, premier Français champion du monde en 1984. La légende raconte que c’est Éric Paofai et Gilles Leboucher (entre autres) qui ont découvert le spot et son potentiel hors du commun. À l’époque, le petit groupe originaire de Arue faisait l’aller-retour au sud de l’île pour aller chercher les vagues de Papara quand la saison l’y obligeait. Un beau jour, une heureuse panne d’essence le fera s’arrêter à mi-chemin, en face de Taapuna. Un coup d’œil aurait suffi pour que le groupe décide de surfer cette vague, encore méconnue. “Ils y sont allés en pionniers”, raconte Jean-Christophe Shigetomi.
Le bouche-à-oreille a ensuite fait son travail, et de plus en plus de surfeurs voulaient eux aussi surfer cette magnifique gauche tubulaire. Jean-Christophe Shigetomi se rappelle, comme si c’était hier, de ces sessions à couper le souffle. C’était en 1965, il avait alors 15 ans. Cette vague, c’était son “jardin”. Il y passait tout son temps. “On prenait le bateau d’un ami et on allait surfer jusqu’à ce que le soleil se couche.” Depuis, la notoriété du spot résonne à l’international. Notamment grâce à la compétition Taapuna Master, qui a vu sa première édition en 1994 et qui se perpétue désormais d’année en année.
Une expo qui mêle histoire et culture
“L’objectif de l’exposition, c’était vraiment de mettre en avant l’histoire et le patrimoine du surf grâce à la localisation de l’hôtel, en face de Taapuna”, révèle Benjamin Archambaud de l’hôtel Te Moana Resort. Une histoire et une culture qu’il est important de mettre en avant, car aujourd’hui, “tout le monde ignore l’histoire de cette passe, à part quelques initiés”, explique Jean-Christophe Shigetomi. “Taapuna, c’est la mâchoire de Puna (guerrier) qu’on a jetée dans la passe. Derrière, il y a toute une histoire que les gens méconnaissent.” L’exposition se déroule dans cinq lieux de l’hôtel, où les visiteurs pourront découvrir des œuvres d’art comme la fresque de Sarah Viaux ou la planche réalisée par TevArt avec, à chaque fois, des QR codes qui renvoient sur des petits documentaires pour en apprendre plus sur ce haut lieu du surf et de la culture polynésienne.
Une exposition faite “pour durer”, indique Benjamin Archambaud. Car aujourd’hui, et pour le plus grand désarroi de Jean-Christophe Shigetomi, Tahiti manquerait cruellement d’endroits commémorant l’histoire du surf, qui fait pourtant partie intégrante de la culture du Fenua. “Il y a un sacré déficit au niveau muséal, on n’a pas de musée du surf, on en parle beaucoup mais on ne le voit pas sortir de terre.” Cette exposition est donc la première pierre, il l’espère, d’une future grande bâtisse. “Moi, je suis adepte d’une philosophie : les petits ruisseaux font les grandes rivières. Tout le chantier que l’on a mené pendant deux ans reste à échelle humaine. On ne pense pas à créer tout de suite une immense exposition, mais quelque chose d’accessible, humainement et financièrement”, insiste Jean-Christophe Shigetomi.