Paris, France | AFP | mardi 21/11/2017 - La cigarette, bientôt bannie du grand écran? Une phrase de la ministre de la Santé a fait ressurgir le spectre d'une possible interdiction du tabac dans les films, une hypothèse vigoureusement rejetée par le monde du cinéma au nom de la liberté d'expression.
"Je ne comprends pas aujourd'hui l'importance de la cigarette dans le cinéma français", s'est interrogée jeudi Agnès Buzyn, promettant "une action ferme là-dessus".
Va-t-on priver Jean-Paul Belmondo de sa clope dans "A bout de souffle"? Jacques Tati de sa pipe? Que ferait Sabine Azema sans sa cigarette dans "Smoking/No smoking"? Les amoureux du septième art crient à l'hérésie.
"Un film n'est pas là pour refléter la société telle que l'Etat voudrait qu'elle soit", considère Frédéric Goldsmith, délégué général de l'Union des producteurs de cinéma (UPC), qui fédère plus de 200 d'entre eux. "C'est une réalité, beaucoup de gens fument", poursuit-il, interrogé par l'AFP, la lutte contre le tabagisme "ne peut pas passer par une atteinte à la liberté de création".
Pour Serge Toubiana, à la tête d'Unifrance, l'organisme chargé de la promotion du cinéma français à l'étranger, cette idée est "un aveu d'échec de la politique publique en matière de santé". "Si on en vient à (...) légiférer sur le fait de fumer ou pas sur des écrans de cinéma, c'est qu'on a échoué sur tout le reste. Le cinéma est un art, un plaisir, un divertissement, pas un outil de propagande pour la cigarette", défend-t-il.
Face à la polémique, la ministre a effectué une mise au point. "Je n'ai jamais envisagé ni évoqué l'interdiction de la cigarette au cinéma (...). La liberté de création doit être garantie", a-t-elle assuré mardi via Twitter. "La liberté de création ne réside-t-elle pas également dans l'indépendance des réalisateurs vis-à-vis des incitations à montrer la cigarette à l'écran?"
"Ca nous rassure que (la ministre) rappelle le principe de liberté de création", s'est réjouit Mathieu Debusschère, délégué général de l'ARP (auteurs, réalisateurs et producteurs), dans l'attente d'en savoir plus sur les projets précis du gouvernement.
D'après une étude Ipsos, le cinéma français est sensible à l'attrait de la cigarette, alors que le placement de tabac est interdit par la loi Evin. Entre 2005 et 2010, 80% des films français les plus vus montraient des objets liés au tabac et il y a "une tendance du cinéma français à banaliser l'acte de fumer", selon ce rapport.
"La cigarette est un accessoire très intéressant" pour les acteurs et permet une "ponctuation dans la mise en scène", indique le critique Adrien Gombeaud, auteur du livre "Tabac et cinéma: histoire d'un mythe", pour expliquer sa place dans le septième art.
Or, mettre en scène des personnages en train de fumer est loin d'être anodin, avertit l'OMS. "Les films dans lesquels on consomme des produits du tabac ont incité des millions de jeunes dans le monde à commencer à fumer", dénonçait l'Organisation mondiale de la Santé en 2016.
Les cigarettiers l'ont bien compris. Le géant américain Philip Morris, dans des archives déclassifiées, affirmait que "les films et les personnalités ont plus d'influence sur les consommateurs qu'une affiche statique d’un paquet de cigarettes".
L'OMS préconise la diffusion de messages antitabac avant les projections, la disparition des marques de cigarettes à l'écran, une classification en fonction de l'âge des films où apparaissent des fumeurs et que les producteurs attestent n'avoir rien reçu en échange de la présence de tabac dans leurs films.
Agir contre la cigarette au cinéma "serait bien, mais je ne vois pas la portée. Est-ce que vraiment cela aurait une efficacité pour reculer le tabagisme?", s'interroge Michel Vicaire, président de la Fédération des malades respiratoires (FFAAIR).
Ce n'est pas la première fois que surgit l'idée de bannir la cigarette du cinéma. En 2009, la régie publicitaire de la RATP avait supprimé la pipe figurant sur l'affiche d'une exposition consacrée à Jacques Tati et refusé l'affiche de "Coco avant Chanel" où l'actrice Audrey Tautou fumait. En 2015, la députée socialiste Michèle Delaunay dénonçait déjà la présence du tabac sur le grand écran.
"Je ne comprends pas aujourd'hui l'importance de la cigarette dans le cinéma français", s'est interrogée jeudi Agnès Buzyn, promettant "une action ferme là-dessus".
Va-t-on priver Jean-Paul Belmondo de sa clope dans "A bout de souffle"? Jacques Tati de sa pipe? Que ferait Sabine Azema sans sa cigarette dans "Smoking/No smoking"? Les amoureux du septième art crient à l'hérésie.
"Un film n'est pas là pour refléter la société telle que l'Etat voudrait qu'elle soit", considère Frédéric Goldsmith, délégué général de l'Union des producteurs de cinéma (UPC), qui fédère plus de 200 d'entre eux. "C'est une réalité, beaucoup de gens fument", poursuit-il, interrogé par l'AFP, la lutte contre le tabagisme "ne peut pas passer par une atteinte à la liberté de création".
Pour Serge Toubiana, à la tête d'Unifrance, l'organisme chargé de la promotion du cinéma français à l'étranger, cette idée est "un aveu d'échec de la politique publique en matière de santé". "Si on en vient à (...) légiférer sur le fait de fumer ou pas sur des écrans de cinéma, c'est qu'on a échoué sur tout le reste. Le cinéma est un art, un plaisir, un divertissement, pas un outil de propagande pour la cigarette", défend-t-il.
Face à la polémique, la ministre a effectué une mise au point. "Je n'ai jamais envisagé ni évoqué l'interdiction de la cigarette au cinéma (...). La liberté de création doit être garantie", a-t-elle assuré mardi via Twitter. "La liberté de création ne réside-t-elle pas également dans l'indépendance des réalisateurs vis-à-vis des incitations à montrer la cigarette à l'écran?"
"Ca nous rassure que (la ministre) rappelle le principe de liberté de création", s'est réjouit Mathieu Debusschère, délégué général de l'ARP (auteurs, réalisateurs et producteurs), dans l'attente d'en savoir plus sur les projets précis du gouvernement.
- Recommandations de l'OMS -
D'après une étude Ipsos, le cinéma français est sensible à l'attrait de la cigarette, alors que le placement de tabac est interdit par la loi Evin. Entre 2005 et 2010, 80% des films français les plus vus montraient des objets liés au tabac et il y a "une tendance du cinéma français à banaliser l'acte de fumer", selon ce rapport.
"La cigarette est un accessoire très intéressant" pour les acteurs et permet une "ponctuation dans la mise en scène", indique le critique Adrien Gombeaud, auteur du livre "Tabac et cinéma: histoire d'un mythe", pour expliquer sa place dans le septième art.
Or, mettre en scène des personnages en train de fumer est loin d'être anodin, avertit l'OMS. "Les films dans lesquels on consomme des produits du tabac ont incité des millions de jeunes dans le monde à commencer à fumer", dénonçait l'Organisation mondiale de la Santé en 2016.
Les cigarettiers l'ont bien compris. Le géant américain Philip Morris, dans des archives déclassifiées, affirmait que "les films et les personnalités ont plus d'influence sur les consommateurs qu'une affiche statique d’un paquet de cigarettes".
L'OMS préconise la diffusion de messages antitabac avant les projections, la disparition des marques de cigarettes à l'écran, une classification en fonction de l'âge des films où apparaissent des fumeurs et que les producteurs attestent n'avoir rien reçu en échange de la présence de tabac dans leurs films.
Agir contre la cigarette au cinéma "serait bien, mais je ne vois pas la portée. Est-ce que vraiment cela aurait une efficacité pour reculer le tabagisme?", s'interroge Michel Vicaire, président de la Fédération des malades respiratoires (FFAAIR).
Ce n'est pas la première fois que surgit l'idée de bannir la cigarette du cinéma. En 2009, la régie publicitaire de la RATP avait supprimé la pipe figurant sur l'affiche d'une exposition consacrée à Jacques Tati et refusé l'affiche de "Coco avant Chanel" où l'actrice Audrey Tautou fumait. En 2015, la députée socialiste Michèle Delaunay dénonçait déjà la présence du tabac sur le grand écran.