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L'événementiel s'emballe après la crise


Tahiti, le 15 mars 2022 - Depuis l'allègement des restrictions sanitaires en Polynésie, le secteur de l'événementiel est en pleine effervescence. Les producteurs se bousculent alors pour assurer les dates de spectacles qui avaient dû être reportées pendant la crise.
 
Soulagés par la baisse des restrictions et la suspension du pass sanitaire, les professionnels des métiers de l'événementiel peuvent de nouveau travailler et proposer des dates de spectacles que le public pourra apprécier dans des conditions d'avant Covid. Les maisons de production, qui ont dû annuler et reporter de nombreux événements durant la crise, se bousculent aujourd'hui pour proposer des spectacles au public.
 
"L'activité événementiel sera très riche et dense sur l'année qui vient", explique Sonia Aline, gérante de Radio 1 et présidente du syndicat des métiers de l'événementiel en Polynésie (Symepol). "On va avoir les reports de 2020 et 2021 qui vont se dérouler en 2022, plus les nouveaux artistes que les producteurs veulent faire venir". De nombreux spectacles qui n'avaient pas pu aboutir au cours des deux dernières années se retrouveront ainsi programmés en 2022, mais également en 2023, faute de disponibilités des lieux capables d'accueillir les événements. "Les nouvelles tournées vont d'abord reprendre en métropole, on va donc avoir également énormément d'événements en 2023", souligne Sonia Aline.
 
"Des offres démultipliées"
 
Si cette nouvelle effervescence que connaît le monde du spectacle est globalement positive, tous les professionnels du secteur ne la voient pas avec un œil si serein. Selon certains, l'offre en matière d'événements pourrait en effet largement dépasser la demande du public. "On se retrouve dans une problématique d'entonnoir, il y a énormément d'offre, mais la demande a quand même chuté", explique Stéphane Bouthéon, directeur de la maison de production Rideau Rouge Tahiti. "De 2019-2020 à maintenant, beaucoup moins de personnes se rendent aux spectacles. On est à -30 % de remplissage par rapport à avant la crise. Et aujourd'hui, on se retrouve avec des offres démultipliées pour un public qui a diminué."
 
Une problématique que le directeur associe en partie à une raison économique, en notant que le budget que le public consacre aujourd'hui à la consommation d'objets culturels a considérablement diminué. "Ça arrive en dernier. Ce n'est qu'une fois que l'on a payé le loyer, l'essence et la nourriture que l'on commence à parler loisir", souligne le producteur. "Ma clientèle était composée de beaucoup de commerçants et d'artisans qui auparavant venaient voir tous les spectacles que nous proposions. Maintenant, ils regardent à deux fois la programmation, et ils sont plus attentifs au budget." La présidente du Symepol partage elle aussi son interrogation sur ce point. "Peut-être que ceux qui avaient les moyens avant vont continuer à consacrer une somme à la culture, mais les classes moyennes et basses vont peut-être devoir choisir plus qu'avant", souligne-t-elle. "C'est ce qu'il s'est passé en métropole, ça a eu du mal à reprendre notamment avec le pass sanitaire qui a freiné pas mal de gens."
 
"Redonner confiance au public"
 
Préoccupé par les conséquences que la crise sanitaire a pu avoir sur les habitudes des consommateurs de spectacles, Stéphane Bouthéon note d'ailleurs une forme de défiance du public vis-à-vis du spectacle de manière générale. "Je pense que le public a perdu l'habitude", souligne le producteur. "On sent que la population consomme les spectacles bien moins spontanément qu'avant. Les spectateurs prennent leur billet de plus en plus tardivement car il y a eu une perte de confiance à force d'événements annulés et reportés. Il faut impérativement redonner confiance au public." Le producteur souligne alors l'importance de s'assurer que les événements déjà annoncés aient tous lieux. "Il est primordial que l'on puisse maintenir les événements malgré les difficultés que nous rencontrons aujourd'hui pour obtenir des emplacements de théâtre et de salles", ajoute-il.
 
Si les interrogations quant à la réponse du public face à cette floraison de spectacles sont légitimes, la levée des restrictions marque néanmoins un tournant. "Les deux années de Covid ont été dramatiques pour le secteur de l'événementiel et pour les artistes, car nous faisons partie des non-essentiels", rappelle Sonia Aline. "C'est l'activité qu'on a arrêté en premier et celle qu'on a redémarré en dernier. De décembre à mi-mars, on a tenté de faire des spectacles mais ça a été très difficile car on vendait 50% de moins de billets. Les gens n'ont pas du tout adhéré à ce passe sanitaire qui a été mis en place trop tard. Quoi qu'il en soit, aujourd'hui, on est tous extrêmement soulagés qu'il ait été suspendu."

Rédigé par Simon Saada le Mardi 15 Mars 2022 à 20:34 | Lu 1075 fois