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L’évadé de Tokani de retour devant la justice


Tahiti, le 3 avril 2025 - Ce jeudi après-midi, un homme âgé de 21 ans, détenu depuis 2022 et connu pour s’être récemment évadé de Tokani, était de retour au tribunal pour violence, outrage et menace contre des agents pénitentiaires de Tatutu. Il a été condamné à deux ans d’emprisonnement. Lesquels s’ajoutent à la peine en cours.
 
Jugé en comparution immédiate, le détenu était accusé de violence, outrage et menace contre des agents pénitentiaires de Tatutu. Il faut dire que l’homme a le langage fleuri, il peut avoir le verbe haut et la menace facile, comme ce fut le cas lundi dernier entre les murs du centre pénitentiaire : “J’ai pas peur, vous allez voir !” ; “Grosse c…. Tu vas ramasser ! Je vais te faire payer” ; “T’es rien, je vais t’écraser !” ; “Bâtards vous êtes tous des chiens” ; “Je vais te pata petite p… retourne chez toi !”. Il a également frappé la main d’un agent qui cherchait à le tenir éloigné pendant qu’il proférait ses menaces.
 
Mais ce n’est pas tout : il a surtout un lourd bagage qui n’a pas plaidé en sa faveur. Il est incarcéré depuis septembre 2022. Il est un habitué des audiences et du quartier disciplinaire, “il a un fort problème de positionnement avec l’autorité”, a complété la procureure. “On a franchi un cap inacceptable.”
 
“C’est la galère totale”
 
Le juge, pour comprendre, l’a interrogé : “Pourquoi ces injures et ces menaces ?” Parce que, “j’étais sur les nerfs”. Mais “pourquoi ?” a poursuivi le juge. “Comment expliquer ça…” Il est apparu que l’homme avait été placé au rez-de-chaussée du centre pénitentiaire. “Dans les cellules, il n’y a pas de téléphone, pas de télévision, c’est la galère totale.”
 
La procureure, fournissant des éléments de contexte, a rappelé que l’homme avait saisi l’occasion d’un séjour à Tokani pour s’évader en janvier dernier, ce qui lui avait valu 6 mois d’emprisonnement supplémentaire. L’avocat des parties civiles a, quant à lui, détaillé son “lourd dossier disciplinaire”. Quatorze procédures dont cinq pour dégradation de matériel et six pour insultes. “Il est difficile à gérer ! Il s’est évadé une fois et s’en vante ! Aujourd’hui, il faut un exemple.”
 
“Il doit prendre le large”
 
La procureure dans ses réquisitions a décrit le prévenu comme une personne tout à la fois “adaptée et inadaptée. Il connaît parfaitement le fonctionnement et les dysfonctionnements du système. Il faut un regard attentif à la situation”. Son départ pour un centre pénitentiaire en métropole était, selon elle, “nécessaire, non pas pour répondre à sa demande mais pour éviter les risques de voir les incidents se multiplier à l’envi. Il doit prendre le large”.
 
Son avocat, à son tour, a fait valoir la “frustration” du prévenu qui “ne comprend pas pourquoi on le malmène”. “Qu’est-ce qui a fait que mon client a fini par péter les plombs ? Il a été poussé dans le dos et a considéré ce geste comme une attaque personnelle.”
 
Le tribunal a finalement déclaré le prévenu coupable et, compte tenu “de la gravité des faits” et du passif de l’homme l’a condamné à 2 ans de prison avec mandat de dépôts et au paiement de dommages et intérêts à hauteur de 50 000 francs pour chacune des trois victimes.
 

Rédigé par Delphine Barrais le Jeudi 3 Avril 2025 à 18:46 | Lu 965 fois