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L’équilibre financier de Mahina n’est pas pour demain, mais ça s'améliore


Patrice Jamet, maire de Mahina, au centre.
Patrice Jamet, maire de Mahina, au centre.
«Notre volonté est de montrer que l’on peut gérer notre commune d’une autre façon. L’argent de cette collectivité n’appartient ni au maire ni aux conseillers municipaux. Le vrai patron ici c’est la population. Après un an et demi à la gestion de cette commune, je peux vous dire que nous travaillons au redressement financier et que des résultats sont déjà là. Cette bonne gestion de la commune, nous l’avons mise en place et c’est une démonstration auprès de toutes les institutions de ce Pays qu’avec de la volonté, on peut avancer». Patrice Jamet, tavana de Mahina depuis février 2011 et tenté, depuis peu, par une extension de son récent parcours politique aux territoriales de 2013, souhaitait le 13 septembre dernier, rencontrer la presse pour partager le «satisfecit» de la Chambre territoriale des comptes (CTC), au sujet du redressement financier de la commune. «Cette conférence de presse on y tenait pour informer la population de Mahina», rien à voir donc, au moins officiellement, avec une volonté d’afficher l’exemplarité de la nouvelle équipe municipale de Mahina, en vue d’opérer le même schéma à un territoire plus vaste. «C’est chacun pour soi dans sa gestion propre des communes. Au sujet des territoriales on pourra se revoir la semaine prochaine, mais rien ne se passera ici, ce sera dans un endroit neutre» poursuit Patrice Jamet.

Le redressement financier de Mahina est donc en marche grâce à la volonté affichée de la nouvelle équipe municipale, et au travail de son directeur général des services (DGS). C’est lui, Gilles Lorphelin qui fait, dans le menu des détails financiers, le compte-rendu à la presse. Mahina ne boit plus la tasse, mais ne sort pas encore vraiment la tête de l’eau. On savait, avant même les élections municipales de 2011, la commune endettée : le chiffre de 400 millions de Fcfp était avancé. Finalement c’est deux fois plus. Au terme d’un audit financier, la totalité des dettes et créances a fini par grimper à 830 millions de Fcfp «en comptabilisant les intérêts des créances qui n’apparaissent pas dans la retranscription des comptes annuels». Et pour faire face à ce monstre abyssal, peu de moyens de manœuvres, voire même plutôt d’autres freins. La dotation du FIP (fonds intercommunal de péréquation) a baissé de 90 millions de Fcfp, le ramassage des déchets réorganisé et surtout remis sur pied, coûte plus cher. Et pourtant, au cours de l’année 2011, la dette a été réduite de 350 millions de Fcfp, sans recourir à l’emprunt, sans vendre le patrimoine foncier communal.

Fonctionnement raisonné et rationnel, contrôle de l’utilisation du matériel, meilleure organisation des services «toutes les dépenses ont été reprises une à une ; des discussions ont été entamées avec nos créanciers pour moduler certains échéanciers». Au passage quelques ardoises, vraiment anciennes, ont fini par être payées, comme une facture vieille de dix ans due à l’OPT. La population aussi a été mise à contribution. Notamment en ce qui concerne les déchets. Le code général des collectivités est clair : le coût du ramassage des ordures doit être assumé entièrement par le paiement des redevances des usagers. «Le coût normal du ramassage et du traitement des déchets est évalué à 75 000 Fcfp par habitation et par an. Le forfait annuel était de 20 000 Fcfp à notre arrivée, il est à 26 000 Fcfp aujourd’hui, par des augmentations successives de 3 000 Fcfp, chaque semestre». Et ce n’est donc pas terminé, puisque ce sera la même chose pour la distribution de l’eau très prochainement avec l’installation de compteurs individuels. Sans oublier l'assainissement qui sera aussi, à la charge des administrés, à partir de 2020.

Les efforts sont pourtant loin d’être terminés. La sortie de la zone rouge, non encore programmée. En 2009, lors de la mise en place du plan de redressement financier de la commune, la CTC visait la fin de l’année 2012. L’objectif a d’abord été retardé pour la fin 2013. «Dans le rapport de cette année de la Chambre territoriale des comptes il est inscrit désormais : fin 2014. La Chambre n’est pas là que pour contraindre et punir. Cette année, elle constate que la gestion de la commune est rigoureuse, mais des phénomènes exogènes viennent perturber cette bonne marche», la diminution des dotations FIP (encore 50 millions de Fcfp de moins pour Mahina en 2013), la hausse des cotisations sociales, la mauvaise situation économique globale, ralentissent le retour à l’équilibre. «La bonne santé des communes de Polynésie passe par la bonne santé du Pays et réciproquement (…) Il y a besoin de cette symbiose entre le Pays et toutes les communes» concluait Gilles Lorphelin, le jeudi 13 septembre. Une déclaration qui, en dépit des dénégations initiales de Patrice Jamet sonne décidément comme un appel du pied politique à l’adresse des tavana, au moment d’aller battre la campagne pour les territoriales.

Rédigé par Mireille Loubet le Vendredi 14 Septembre 2012 à 14:21 | Lu 1494 fois