Tahiti le 30 mai 2022 – Une mobilisation du syndicat Unité SGP Police a rassemblé lundi à Papeete plusieurs familles de policiers polynésiens affectés en métropole et souhaitant revenir au fenua, au moment où sept policiers métropolitains doivent arriver au 1er septembre prochain à Papeete. Thème brûlant de cette campagne des législatives, le sujet a ameuté pas moins de six candidats à la députation lors de la mobilisation de lundi.
C'est l'émoi et la colère pour les familles polynésiennes de sept policiers en poste en métropole depuis plus de cinq ans. Ces sept fonctionnaires affirment avoir fait la demande en novembre dernier de leur "affectation en Polynésie". Tous avaient reçu un avis favorable de leurs responsables respectifs, en attendant, selon les familles, "une décision des instances polynésiennes". Mais finalement, aucune de ces demandes n'a été acceptée. Le 12 mai dernier, sept policiers originaires de métropole, sans attache au fenua, ont été choisis pour prendre leurs fonctions le 1er septembre prochain à la Direction territoriale de la Police nationale (DTPN). Lundi, le syndicat Unité SGP Police, affilié FO, a organisé une mobilisation au Monument aux Morts à Papeete, rassemblant familles des fonctionnaires et bon nombre de candidats aux législatives…
Familles "choquées"
Les familles polynésiennes des policiers candidats à l'affectation au fenua expliquent que leurs fils, filles, frères, sœurs, époux ou épouse ont tous rempli leur dossier attestant d'un centre d'intérêts matériels et moraux (CIMM) en Polynésie française. Jusqu'aux certificats de scolarité remontant à la maternelle. "Pourquoi faut-il prouver qu'ils sont nés ici et qu'ils sont allés à l'école ici ?", s'énerve un membre de la famille d'un des policiers. "Ces expatriés qu'on fait venir, on leur demande leur certificat de scolarité ?". Au mois de décembre dernier, les demandes de CIMM ont été jugées "défavorables". Motif invoqué : "vous ne remplissez pas entièrement les critères mentionnés dans la règlementation en vigueur" et par conséquent "vous n'êtes pas éligible à ce dispositif".
Areatua, membre de la famille d'un des policiers, fustige le manque d'informations des autorités locales. Selon lui, le commissaire divisionnaire de la DTPN est "le premier concerné". "Il doit faire son boulot et agir au niveau de Paris pour insister sur le fait que des Polynésiens sont capables de prendre ces postes là et qu'ils remplissent les critères demandés". Le commissaire et DTPN, Mario Banner, a de son côté adressé un courrier aux candidats polynésiens pour leur indiquer avoir appris "comme tout un chacun, par un télégramme, la mutation de sept fonctionnaires d'origine métropolitaine". Précision du directeur territorial : "Je tenais à vous informer que l'avis du DTPN n'a jamais été sollicité". Koty, le frère d'un des policiers, se dit "choqué" par certaines "situations particulières" avec des séparations de femmes et d'enfants pour lesdits fonctionnaires. "Mon frère est revenu en Polynésie pour la naissance de son fils. Et peu de temps après son retour (en métropole), la liste a été publiée et c'est lui qui nous a informé que sa candidature n'avait pas été retenue." Il confirme avoir lui aussi été avisé de ce que ni le DTPN, ni le haut-commissariat n'auraient été au courant de cette situation.
"Scandale" et campagne électorale
Sujet brûlant, lié à la protection de l'emploi local, mais aussi à l'océanisation des cadres et des fonctionnaires d'État en Outre-mer, cette question du retour des fonctionnaires d'Etat polynésiens au fenua agite déjà la campagne des législatives depuis plusieurs semaines. Lundi, la manifestation à l'appel du syndicat policier Unité SGP Police a rassemblé pas moins de six candidats aux législatives : Moetai Brotherson, Temata'i Le Gayic, John Tefan, Pascale Haiti, Sylviane Terooatea et Sandra Lévy Agami. Même Gaston Flosse avait fait le déplacement. Pas vraiment une habitude hors période de campagne électorale… Mais il faut dire que la quasi-totalité des programmes électoraux des 27 candidats à la députation évoque la protection de l'emploi ou érige en priorité la facilitation du retour en Polynésie des "originaires" –dixit Unité SGP Police–, ces fonctionnaires polynésiens actuellement en métropole. Dans la journée, la sénatrice Tapura Lana Tetuanui a également diffusé un communiqué jugeant cette situation "scandaleuse" : "Le Parlement français a bien voté deux lois –20 avril 2016 et 28 février 2017– qui instituent le caractère prioritaire du retour dans leur territoire des fonctionnaires ayant leur centre des intérêts matériels et moraux en outre-mer ; ces derniers bénéficient d’un droit à réintégrer le Fenua", s'indigne la sénatrice. "Aussi, je demande au ministre de l’Intérieur de surseoir le plus rapidement possible à ces affectations qui violent les engagements pris par le Parlement français."
Le délégué syndical Unité SGP Police, Wallace Teina, refuse de parler de "quotas" et rappelle qu'il n'a "rien contre ces fonctionnaires métropolitains", mais dit surtout regretter que l'État rechigne à organiser un recrutement local, pendant que des fonctionnaires métropolitains continuent d'être affectés en Polynésie. Une rencontre entre le syndicat et le directeur de cabinet du haut-commissaire était prévue lundi soir, avant une seconde rencontre avec le haut-commissaire, mardi.
C'est l'émoi et la colère pour les familles polynésiennes de sept policiers en poste en métropole depuis plus de cinq ans. Ces sept fonctionnaires affirment avoir fait la demande en novembre dernier de leur "affectation en Polynésie". Tous avaient reçu un avis favorable de leurs responsables respectifs, en attendant, selon les familles, "une décision des instances polynésiennes". Mais finalement, aucune de ces demandes n'a été acceptée. Le 12 mai dernier, sept policiers originaires de métropole, sans attache au fenua, ont été choisis pour prendre leurs fonctions le 1er septembre prochain à la Direction territoriale de la Police nationale (DTPN). Lundi, le syndicat Unité SGP Police, affilié FO, a organisé une mobilisation au Monument aux Morts à Papeete, rassemblant familles des fonctionnaires et bon nombre de candidats aux législatives…
Familles "choquées"
Les familles polynésiennes des policiers candidats à l'affectation au fenua expliquent que leurs fils, filles, frères, sœurs, époux ou épouse ont tous rempli leur dossier attestant d'un centre d'intérêts matériels et moraux (CIMM) en Polynésie française. Jusqu'aux certificats de scolarité remontant à la maternelle. "Pourquoi faut-il prouver qu'ils sont nés ici et qu'ils sont allés à l'école ici ?", s'énerve un membre de la famille d'un des policiers. "Ces expatriés qu'on fait venir, on leur demande leur certificat de scolarité ?". Au mois de décembre dernier, les demandes de CIMM ont été jugées "défavorables". Motif invoqué : "vous ne remplissez pas entièrement les critères mentionnés dans la règlementation en vigueur" et par conséquent "vous n'êtes pas éligible à ce dispositif".
Areatua, membre de la famille d'un des policiers, fustige le manque d'informations des autorités locales. Selon lui, le commissaire divisionnaire de la DTPN est "le premier concerné". "Il doit faire son boulot et agir au niveau de Paris pour insister sur le fait que des Polynésiens sont capables de prendre ces postes là et qu'ils remplissent les critères demandés". Le commissaire et DTPN, Mario Banner, a de son côté adressé un courrier aux candidats polynésiens pour leur indiquer avoir appris "comme tout un chacun, par un télégramme, la mutation de sept fonctionnaires d'origine métropolitaine". Précision du directeur territorial : "Je tenais à vous informer que l'avis du DTPN n'a jamais été sollicité". Koty, le frère d'un des policiers, se dit "choqué" par certaines "situations particulières" avec des séparations de femmes et d'enfants pour lesdits fonctionnaires. "Mon frère est revenu en Polynésie pour la naissance de son fils. Et peu de temps après son retour (en métropole), la liste a été publiée et c'est lui qui nous a informé que sa candidature n'avait pas été retenue." Il confirme avoir lui aussi été avisé de ce que ni le DTPN, ni le haut-commissariat n'auraient été au courant de cette situation.
"Scandale" et campagne électorale
Sujet brûlant, lié à la protection de l'emploi local, mais aussi à l'océanisation des cadres et des fonctionnaires d'État en Outre-mer, cette question du retour des fonctionnaires d'Etat polynésiens au fenua agite déjà la campagne des législatives depuis plusieurs semaines. Lundi, la manifestation à l'appel du syndicat policier Unité SGP Police a rassemblé pas moins de six candidats aux législatives : Moetai Brotherson, Temata'i Le Gayic, John Tefan, Pascale Haiti, Sylviane Terooatea et Sandra Lévy Agami. Même Gaston Flosse avait fait le déplacement. Pas vraiment une habitude hors période de campagne électorale… Mais il faut dire que la quasi-totalité des programmes électoraux des 27 candidats à la députation évoque la protection de l'emploi ou érige en priorité la facilitation du retour en Polynésie des "originaires" –dixit Unité SGP Police–, ces fonctionnaires polynésiens actuellement en métropole. Dans la journée, la sénatrice Tapura Lana Tetuanui a également diffusé un communiqué jugeant cette situation "scandaleuse" : "Le Parlement français a bien voté deux lois –20 avril 2016 et 28 février 2017– qui instituent le caractère prioritaire du retour dans leur territoire des fonctionnaires ayant leur centre des intérêts matériels et moraux en outre-mer ; ces derniers bénéficient d’un droit à réintégrer le Fenua", s'indigne la sénatrice. "Aussi, je demande au ministre de l’Intérieur de surseoir le plus rapidement possible à ces affectations qui violent les engagements pris par le Parlement français."
Le délégué syndical Unité SGP Police, Wallace Teina, refuse de parler de "quotas" et rappelle qu'il n'a "rien contre ces fonctionnaires métropolitains", mais dit surtout regretter que l'État rechigne à organiser un recrutement local, pendant que des fonctionnaires métropolitains continuent d'être affectés en Polynésie. Une rencontre entre le syndicat et le directeur de cabinet du haut-commissaire était prévue lundi soir, avant une seconde rencontre avec le haut-commissaire, mardi.
Wallace Teina, délégué syndical Unité SGP Police : "Où est la place de nos originaires ?"
Pourquoi cette mobilisation aujourd'hui ?
"Depuis le 12 mai, il y a un télégramme de Paris qui est sorti pour une mutation de sept policiers métropolitains en Polynésie française. Nous ne sommes pas d'accord parce que ça fait 13 ans qu'on attend un recrutement local, lié au statut déconcentré de Corps de l'État pour l'administration de la Polynésie française (CEAPF). (…) L'État ne veut plus mettre en place de recrutement local, alors qu'il permettait de recruter de jeunes Polynésiens, de les faire partir en France en formation et à l'issue de les affecter directement en Polynésie française au commissariat de Papeete. Malheureusement nos jeunes, depuis 2009, réussissent les concours et son affectés exclusivement en France, liés en cela par un décret qui les affecte à Paris au bout de cinq ans et en Île-de-France au bout de huit ans. Le problème, c'est qu'au bout de ce temps de formation ou d'affectation, ils n'ont pas la garantie de pouvoir rentrer au fenua. (…) On n'a rien contre les fonctionnaires métropolitains, mais ça fait des années qu'on demande un plan de recrutement. Et comme par hasard, on décide depuis le 12 mai de nous affecter sept policiers métropolitains. Nous ne sommes pas d'accord. (…)"
Est-ce que la Loi Erom de 2017 ne donne pas la priorité aux fonctionnaires polynésiens sur les métropolitains pour leur retour en Polynésie ?
"On parle de la loi Erom, mais aujourd'hui elle est complètement dévoyée puisqu'on affecte encore des métropolitains. Donc on demande aujourd'hui, où est la place de nos originaires ?"
"Depuis le 12 mai, il y a un télégramme de Paris qui est sorti pour une mutation de sept policiers métropolitains en Polynésie française. Nous ne sommes pas d'accord parce que ça fait 13 ans qu'on attend un recrutement local, lié au statut déconcentré de Corps de l'État pour l'administration de la Polynésie française (CEAPF). (…) L'État ne veut plus mettre en place de recrutement local, alors qu'il permettait de recruter de jeunes Polynésiens, de les faire partir en France en formation et à l'issue de les affecter directement en Polynésie française au commissariat de Papeete. Malheureusement nos jeunes, depuis 2009, réussissent les concours et son affectés exclusivement en France, liés en cela par un décret qui les affecte à Paris au bout de cinq ans et en Île-de-France au bout de huit ans. Le problème, c'est qu'au bout de ce temps de formation ou d'affectation, ils n'ont pas la garantie de pouvoir rentrer au fenua. (…) On n'a rien contre les fonctionnaires métropolitains, mais ça fait des années qu'on demande un plan de recrutement. Et comme par hasard, on décide depuis le 12 mai de nous affecter sept policiers métropolitains. Nous ne sommes pas d'accord. (…)"
Est-ce que la Loi Erom de 2017 ne donne pas la priorité aux fonctionnaires polynésiens sur les métropolitains pour leur retour en Polynésie ?
"On parle de la loi Erom, mais aujourd'hui elle est complètement dévoyée puisqu'on affecte encore des métropolitains. Donc on demande aujourd'hui, où est la place de nos originaires ?"