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L’adieu à Jean-Paul Lefort, “roi” des coquillages...


Jean-Paul, avec une modestie qui n’avait d’égale que ses connaissances, s’était fait une réputation dans le monde entier. De l’Afrique au Pacifique en passant par l’Asie, les coquillages n’avaient plus de secret pour cet homme qui vécut plus d’un demi-siècle à Huahine.
Jean-Paul, avec une modestie qui n’avait d’égale que ses connaissances, s’était fait une réputation dans le monde entier. De l’Afrique au Pacifique en passant par l’Asie, les coquillages n’avaient plus de secret pour cet homme qui vécut plus d’un demi-siècle à Huahine.
Tahiti, le 26 mars 2021 - Si la Polynésie française a un très médiatique “empereur de la perle noire”, elle avait aussi un “roi des coquillages” qui brillait par sa discrétion au point de n’être connu que de peu d’initiés, alors que sa réputation, son savoir et ses connaissances étaient appréciés dans le monde entier. Le 3 mars dernier, à Huahine, Jean-Paul Lefort a rendu son dernier souffle, entouré des siens et c’est à celui qui était devenu une sorte de monument de la conchyliologie que nous voulons aujourd’hui rendre un hommage appuyé.
 
Le paradoxe le plus étonnant chez Jean-Paul Lefort tient dans la manière dont il avait su cloisonner sa vie. D’un côté le directeur d’école et instituteur, retraité mais connu de tous à Huahine, et de l’autre le conchyliologue que pas grand monde dans son île connaissait sous cet aspect puisque le rayonnement du personnage dans ce domaine était, osons l’adjectif, mondial. 

Jean-Paul Lefort a passé sa vie à assumer ces deux personnalités et, dans l’une comme dans l’autre, il appréciait la discrétion. “Ce n’était pas quelqu’un d’asocial”, explique sa fille Maeva, “lorsqu’il y avait une cérémonie, une manifestation publique, un événement dans lequel il était partie prenante, il y assistait bien volontiers et il avait même un excellent relationnel, mais il n’a jamais cherché à se mettre en avant. Il restait discret”. Si discret que nous doutons qu’un article consacré à sa passion dévorante, les coquillages, et à son activité de collectionneur lui ait jamais été consacré depuis son installation en Polynésie française.

VAT à Huahine en 1969
 
Le petit Jean-Paul, né à Bayonne le 15 mai 1948, passa son enfance à Biarritz, au Pays basque. Il ne se disait pas Bayonnais d’origine, mais plutôt Biarrot que rien, a priori, ne destinait à une vie sous les tropiques polynésiens. Le hasard pourtant allait bien faire les choses. Parvenu à l’âge adulte, avec un caractère bien trempé, il y a une chose qu’il savait ne pas vouloir faire, c’était son service militaire. A l’époque, 1968 (sacrée époque !) beaucoup de jeunes conscrits se retrouvaient à crapahuter au nord de l’Allemagne pendant au moins un an, dans le froid, la boue et la neige. “Ça vous forge un homme” disaient les vieux de la vieille, mais ce discours était loin de convaincre Jean-Paul qui chercha par tous les moyens à échapper à cette corvée qu’il jugeait inutile. On lui parla d’une manière parfaitement légale d’échapper à la conscription : il s’agissait de se porter volontaire à l’assistance technique (VAT) et c’est ainsi qu’en 1969, le jeune homme se retrouva expédié comme VAT dans une petite île dont il n’avait jamais entendu parler, Huahine. Il devait y tenir un poste d’enseignant ce qui lui permit de découvrir le métier d’instituteur.
Ce document résume le coup de foudre de Jean-Paul pour les coquillages ; la première route de ceinture autour de Huahine n’était pas goudronnée. En hauteur, elle était en terre, mais le long de la côte, sa couleur plus claire indique qu’elle était en soupe de corail et c’est là, sur ces remblais, que Jean-Paul Lefort se découvrit une passion pour les coquillages (photo : Ph. Bacchet).
Ce document résume le coup de foudre de Jean-Paul pour les coquillages ; la première route de ceinture autour de Huahine n’était pas goudronnée. En hauteur, elle était en terre, mais le long de la côte, sa couleur plus claire indique qu’elle était en soupe de corail et c’est là, sur ces remblais, que Jean-Paul Lefort se découvrit une passion pour les coquillages (photo : Ph. Bacchet).

Le coup de foudre...
 
Huahine lui plaisait bien, d’autant plus qu’il y rencontra celui qui devint son véritable frère en termes d’affection, Claude Méric, lui aussi VAT et lui aussi instituteur. Les deux hommes ne le savaient pas encore, mais curieux de tout, ils allaient faire un très long bout de chemin ensemble en passant quasiment le reste de leur existence sur cette île.

Mais pour épouser une île, changer de vie radicalement et s’installer aux antipodes, il est rare que la seule beauté du paysage (et Dieu sait s’il est beau à Huahine) suffise ; en réalité, lors d’une petite fête donnée en l’honneur de son anniversaire, Jean-Paul rencontra une jeune et jolie vahine répondant aux prénoms de Valentine Teeva. 

Le coup de foudre fut intense et lorsque le jeune VAT eut fini son temps, certes il rentra en France, mais ce fut juste pour y casser sa tirelire et revenir au plus vite auprès de sa belle.

Une photo qui remonte à la jeunesse de Jean-Paul ; son petit sac de coquillages à la main, il est sur le récif, à Huahine, avec son épouse, Valentine.
Une photo qui remonte à la jeunesse de Jean-Paul ; son petit sac de coquillages à la main, il est sur le récif, à Huahine, avec son épouse, Valentine.
“Monsieur” le directeur
 
Il y a cinquante ans, on ne se battait pas pour enseigner dans des petites îles isolées qui ne disposaient même pas de route de ceinture. Aussi l’ex-VAT ne fut-il pas long à retrouver un poste d’enseignant là où il avait déjà exercé.

L’amour et l’eau fraîche du lagon n’étaient pas des motivations suffisantes pour que Jean-Paul décide de creuser son trou définitivement à Huahine. Il n’avait pas les qualifications réelles pour devenir enseignant ? Certes, mais il avait une force de travail bien réelle ; il étudia et entra dans l’enseignement par la grande porte, en réussissant ses examens d’instituteur, puis de conseiller pédagogique et enfin de professeur, même s’il choisit de demeurer instituteur, métier qu’il exerça jusqu’en 2003.

Sur l’île, Monsieur Lefort, ou plus simplement “Monsieur” comme tous ses anciens élèves l’appelèrent jusqu’à sa disparition, était bien entendu connu comme le loup blanc. Instituteur et directeur d’école, Jean-Paul Lefort était devenu un notable de Huahine, mais encore une fois sachant demeurer sur sa réserve et vivre dans la plus parfaite discrétion. Il travailla dans plusieurs des petits villages composant Huahine, en commençant par Tefarerii et en finissant à Maeva où il demeura jusqu’à la fin de sa vie. Avec Valentine, ils eurent trois enfants, Bernard (l’aîné, qui porte le prénom de son grand-père paternel), Maeva et Moana.

Grâce à la soupe de corail
 
Jusque-là, avouons-le, peu de choses nous amène à la rencontre du “roi des coquillages” à la réputation internationale et au savoir indiscutable et indiscuté. Certes, dès son installation, Jean-Paul, avec palmes, masque et tuba, explora le lagon ceignant son île et d’ailleurs, avec un de ses amis de Tefarerii, il partit plus d’une fois en exploration à la découverte des fonds marins et de ces coquillages qui commençaient à lui taper dans l’œil. 

Comment résister à la beauté d’une belle “tigris” somnolant la journée dans un bouquet de coraux ? 

Cela étant, ce ne sont pas ces explorations en amateur qui changèrent la vie de Jean-Paul, mais un tout autre événement : le CEP était installé, le niveau de vie de la Polynésie avait fait un bond, le temps des équipements et des infrastructures était venu et Huahine, comme tant d’autres îles, décida qu’il fallait construire une route digne de ce nom afin de faciliter la circulation des habitants qui, jusque-là, ne se déplaçaient quasiment qu’en petit bateau de village en village. 

Or, pour faire une route, il fallait une matière première souple et facile à travailler, la soupe de corail. On ne parlait pas encore de bétonner ou de goudronner les voies de circulation et en ces temps de rapide développement, on ne s’embarrassait pas trop de protection de l’environnement. Il fallait de la soupe de corail ? Qu’à cela ne tienne, quelques dragues dans le lagon allaient en fournir en veux-tu, en voilà. Et c’est justement cette soupe de corail qui servit de déclencheur à ce qui allait devenir la folle passion de Jean-Paul, la conchyliologie. 

Quelques-uns des spécimens de coquillages de Jean-Paul Lefort, soigneusement rangés dans des petits sacs plastique, le tout stocké à l’abri de la lumière.
Quelques-uns des spécimens de coquillages de Jean-Paul Lefort, soigneusement rangés dans des petits sacs plastique, le tout stocké à l’abri de la lumière.
Un savoir encyclopédique
 
Évidemment, à ce moment-là, les librairies étaient pour le moins pauvres en bouquins traitant de malacologie et de conchyliologie. Lefort commença à acheter les livres qu’il trouvait, puis chercha bien évidemment à enrichir sa bibliothèque grâce à d’autres ouvrages qu’il pouvait dénicher en France, voire dans d’autres pays. Évidemment, pas d’internet, pas de fax, c’est par courrier qu’il fallait aller à la pêche aux références bibliographiques, mais petit à petit, à mesure que sa collection s’étoffait à Huahine, les rayons de la bibliothèque du jeune enseignant se densifiaient, au point que petit à petit, le savoir de Lefort devint encyclopédique. 

L’originalité des spécimens polynésiens, leur endémisme parfois (nous pensons notamment aux Lambis robusta) firent que très vite, Lefort se fit un nom tout autour du globe chez les grands collectionneurs, car il lui était possible de les fournir en spécimens locaux tandis que lui, en échange, obtenait des coquillages d’autres océans de la planète.

Cette passion pour la conchyliologie était si intense que Lefort devint même une telle référence que du monde entier lui parvinrent des coquillages qu’on lui demandait tout simplement d’identifier. 

Le collectionneur averti n’avait pas la science infuse et rapidement, il entreprit d’entretenir des relations suivies avec des institutions spécialisées, comme le Bishop Museum à Hawaii par exemple. Et dans chaque archipel de la Polynésie française, il avait également des correspondants le fournissant en coquillages plus difficiles à obtenir pour lui, car s’il poursuivait ses explorations, en revanche, il ne pouvait pas descendre très bas puisqu’il ne pratiqua jamais la plongée sous-marine en scaphandre autonome (en “bouteilles”).

Déçu par Hawaii
 
A Tahiti, un autre passionné devint un ami de Jean-Paul Lefort, Michel Boutet, qui avait ouvert un superbe musée du coquillage à Papara. De passionné à passionné, le courant passa et dans le même temps, le réseau de Lefort dans le monde ne fit, lui aussi, que s’étoffer alors qu’il devenait une pointure internationale dans son domaine de prédilection.
 
Ses enfants se souviennent que si, aujourd’hui, ils ne s’intéressent pas forcément aux coquillages eux-mêmes, “c’est parce qu’à l’époque, tout tournait autour des coquillages et que nous sommes arrivés en quelque sorte à saturation”, s’exclame Maeva qui vit aujourd’hui, avec un autre de ses frères, à Pirae.

Ses enfants, Jean-Paul Lefort tenait à ce qu’ils puissent faire des études et c’est pour payer les frais de ces études qu’il se résolut un jour à vendre sa collection de porcelaines, nous a expliqué Maeva. 

Le domaine de Lefort, c’était la Polynésie française et ses cinq archipels, mais il avait tenté par des voyages d’élargir ses horizons, sans grand succès semble-t-il. Ainsi s’était-il rendu à Hawaii d’où il revint très déçu : dans ce temple du tourisme de masse, il n’y avait pas de petits coins sauvages de rochers, de lagon ou de plage où l’on pouvait “faire de la coquille”. 

Soleil et tabac...
 
Il se rendit une autre fois à l’île de Pâques, où il put certes récolter des Monetaria caputdraconis et des Naria englerti, mais la pauvreté en coquillages de l’île chilienne et leur accès très difficile (Cribrarula garciai et Erosaria cernica sont des coquilles réservées à des plongeurs sous-marins aguerris) firent que la destination ne l’incita pas à revenir. 

Il caressait l’idée d’un autre voyage, en Nouvelle-Calédonie cette fois-ci, où il avait de nombreux contacts et où il savait qu’il pourrait faire une ample moisson de beaux spécimens, souvent là aussi endémiques. Mais la vie en a décidé autrement. 

Ces dernières années, Jean-Paul souffrit de deux maux qu’il ne put vaincre : des années durant, sans protection aucune, il s’était exposé au soleil en cherchant des journées entières des coquillages, au prix de redoutables coups de soleil. Régulièrement, il devait se faire enlever des mélanomes sur sa peau endommagée et surtout, il ne pouvait absolument plus s’exposer aux rayons solaires. Tôt le matin, tard le soir, il pouvait sortir, mais toujours avec des manches longues et un tee-shirt pour se protéger. Adieu les interminables parties de palmes-masque-tuba auxquelles il tenait tant... 

Autre souci, et celui-ci l’emporta, sa consommation de tabac. “Mon père était un fumeur invétéré” nous a confié sa fille, “et il avait les poumons très abîmés. Les derniers mois de sa vie furent très difficiles pour lui tant il souffrait. Il n’arrivait plus à s’oxygéner, ses difficultés respiratoires ne firent que s’amplifier...” et le tabac faucha dans sa 73e année un géant de la conchyliologie qui donna, si nous ne nous trompons pas, au moins quatre fois son nom à de nouvelles espèces de mollusques (des “leforti” que les spécialistes connaissent bien).

Aussi discrètement qu’il avait vécu, Jean-Paul a tiré sa révérence définitivement au cours d’une cérémonie privée toute simple. Il avait choisi lui-même l’emplacement de sa tombe dans le jardin de sa maison à Maeva (il n’y a pas de cimetière communal à Huahine) et il y repose aujourd’hui en paix, après avoir construit une œuvre qui lui survivra longtemps dans son monde, celui de la conchyliologie...

Entré dans l’éternité...

La sublime Esoraria cernica leforti (à gauche) porte le nom de Jean-Paul ; cette petite merveille est endémique de l’île de Pâques et avait été envoyée au spécialiste de Huahine par le plongeur français Michel Garcia, qui vivait à Rapa Nui. C’est une sous-espèce de la plus classique Erosaria cernica (col. DP).  Les très étonnantes Ipsa childreni leforti (à droite) portent, elles aussi, le nom de Jean-Paul Lefort. Cette espèce cavernicole et nocturne n’a été observée vivante que très rarement (col. DP).
La sublime Esoraria cernica leforti (à gauche) porte le nom de Jean-Paul ; cette petite merveille est endémique de l’île de Pâques et avait été envoyée au spécialiste de Huahine par le plongeur français Michel Garcia, qui vivait à Rapa Nui. C’est une sous-espèce de la plus classique Erosaria cernica (col. DP). Les très étonnantes Ipsa childreni leforti (à droite) portent, elles aussi, le nom de Jean-Paul Lefort. Cette espèce cavernicole et nocturne n’a été observée vivante que très rarement (col. DP).
Pour un passionné de coquillages, le rêve absolu est de donner son nom à une espèce nouvellement décrite, voire à une sous-espèce. Ce fut le cas pour un plongeur français, Michel Garcia, qui découvrit et récolta une porcelaine extrêmement rare baptisée par les scientifiques Cribrarula garciai en 2001. Une porcelaine qui est aujourd’hui, sauf erreur de notre part, la plus rare de la planète puisqu’un nombre très limité de ces coquillages a été récolté de nuit à grande profondeur (zone des 40 mètres) par Michel Garcia aujourd’hui décédé.

Cette parcelle d’éternité, à savoir donner son nom à une espèce animale ou végétale, Jean-Paul Lefort a eu la chance de la décrocher plusieurs fois, quatre à notre connaissance, mais notre liste n’est peut-être pas exhaustive : 
  • Esoraria cernica leforti (décrite et nommée en 1987). Cette superbe porcelaine a été récoltée elle aussi à l’île de Pâques par Michel Garcia. Elle mesure environ 25 à 30 mm et se récolte de nuit dans la zone des 30-40 mètres. Elle est très proche de la cernica que l’on peut parfois récolter en Polynésie française.
 
  • Vexillum leforti, décrit en 1999, est un petit coquillage originaire des Philippines. Il s’agit d’un gastéropode marin de la famille des Costellariidae.
 
  • Quasimitra leforti est une petite mitre qui a été soumise à Jean-Paul Lefort par un collectionneur de Madagascar. Elle n’a été décrite et nommée que très récemment (2007)
 
  •  Ipsa childreni leforti, ainsi décrite et nommée en 2009 seulement, est aujourd’hui considérée par les spécialistes de la taxonomie comme un synonyme de Ipsa childreni, une petite porcelaine striée, au design exceptionnel, que l’on récoltait généralement entre 8 et 30 mètres dans les petites grottes du tombant récifal de Tahiti et de ses îles Les spécimens étaient toujours récoltés morts, la porcelaine ne sortant de sa cache que la nuit.

Des livres incontournables

Coquillages de Polynésie 
 
Très longtemps, le seul livre de référence sur les coquillages en Polynésie française fut le remarquable (pour l’époque) ouvrage intitulé “Coquillages de Polynésie”, dû à Bernard Salvat, Claude Rives, aidés de Georges Richard, de William Reed et de Sylvain Millaud. Chaque coquillage y était présenté avec un texte portant sur sa description, son habitat et sa distribution. Bien sûr, datant de 1975, il comportait quelques erreurs et approximations, mais il fut le guide de nombre de collectionneurs.
 
Mollusques marins de Polynésie française 
 
Tout récemment, grâce à l’Université du Pacifique et aux éditions Au vent des îles, un énorme pavé de plus de deux kilos et 650 pages, intitulé “Mollusques marins de Polynésie française” (bilingue français-anglais) est sorti de presse et balaye, grâce aux travaux de trois auteurs, Michel Boutet, Robert Gourguet et Jean Letourneux, l’ensemble du monde des coquillages et autres mollusques d’eau douce et d’eau salée de notre territoire. C’est évidemment lui qui sert aujourd’hui de référence, notamment en termes de taxonomie, celle-ci ayant considérablement évoluée ces dernières décennies. On y appréciera notamment la qualité des photos de Philippe Bacchet, principal illustrateur de l’ouvrage.

Rédigé par Daniel Pardon le Vendredi 26 Mars 2021 à 16:07 | Lu 6053 fois