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L'ONU lance un cri d'alarme pour Gaza, assiégée et bombardée par Israël


Crédit Mahmud HAMS / AFP
Crédit Mahmud HAMS / AFP
Jérusalem, Non défini | AFP | vendredi 27/10/2023 - L'ONU a affirmé vendredi que "beaucoup plus" de gens allaient "bientôt mourir" dans la bande de Gaza à cause du siège imposé par Israël, qui prépare une offensive terrestre après trois semaines de bombardements sur le territoire palestinien en riposte à l'attaque sanglante du Hamas.

L'armée israélienne a annoncé vendredi avoir mené un raid avec des troupes au sol appuyées par des avions contre le Hamas dans la bande de Gaza, où des centaines de milliers de civils sont pris au piège de la guerre dans des conditions humanitaires désastreuses.

"Beaucoup plus" de gens "vont bientôt mourir" dans la bande de Gaza, a averti vendredi à Jérusalem le directeur de l'Agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), Philippe Lazzarini, en raison du siège imposé par Israël en représailles à l'attaque du 7 octobre, qui prive le territoire d'eau, d'électricité, de médicaments et de nourriture.

Gaza a un besoin urgent d'aide humanitaire "significative et continue", a ajouté Philippe Lazzarini, confirmant la mort de 57 employés de l'agence depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza, contrôlée par le Hamas.

"Les services de base s'effondrent, les réserves de médicaments, de nourriture et d'eau s'épuisent, les égouts commencent à déborder dans les rues de Gaza", a-t-il décrit.

Plus de 7.300 personnes, selon le Hamas, en majorité des civils dont plus de 3.000 enfants, ont été tuées dans la bande de Gaza par les bombardements lancés par Israël en riposte à l'attaque la plus meurtrière de son histoire.

Environ 1.400 personnes ont été tuées en Israël, selon les autorités, dont un millier de civils tués par les commandos du Hamas le jour de l'attaque. 

A Genève, le Haut-Commissariat des droits de l'homme de l'ONU s'est dit vendredi "préoccupé" par le fait que des "crimes de guerre" ont été commis et le soient encore dans cette guerre.

Des sites du Hamas détruits

L'armée israélienne a annoncé vendredi avoir mené contre le Hamas un nouveau "raid ciblé" avec des forces au sol appuyées par des avions de combat et des drones dans le centre de la bande de Gaza, avant de quitter le territoire.

Ce raid a eu lieu dans la nuit, selon des images en noir et blanc publiées par l'armée montrant une colonne de véhicules blindés alors qu'un épais nuage de fumée s'élevait dans le ciel après des frappes.

Des sites du Hamas ont parallèlement été bombardés "dans toute la bande de Gaza", où des rampes de lancement de roquettes et des centres de commandement du Hamas ont été détruits, selon l'armée.

Un premier raid nocturne avec des chars avait été mené la veille dans le nord de la bande de Gaza.

L'armée mène ces incursions dans l'attente d'une probable offensive terrestre contre le Hamas, évoquée à de multiples reprises par les responsables politiques et militaires israéliens. 

La perspective d'une telle offensive dans ce territoire surpeuplé inquiète la communauté internationale et les appels demandant à Israël d'épargner les civils se multiplient.

Israël a dit vouloir "anéantir" le Hamas, après l'attaque du 7 octobre. Ce jour-là, en plein Shabbat, le repos juif hebdomadaire, et au dernier jour des fêtes de Souccot, des centaines de combattants du mouvement islamiste s'étaient infiltrés sur le sol israélien depuis la bande de Gaza, semant la terreur.

Selon l'armée israélienne, 229 otages, israéliens, binationaux ou étrangers, ont été emmenés dans la bande de Gaza par le Hamas, qui a relâché quatre femmes à ce jour.

Le Hamas a estimé jeudi que "près de 50" otages ont été tués dans les bombardements israéliens.

"Des miettes"

Dans la bande de Gaza, peuplée de 2,4 millions d'habitants, l'aide humanitaire arrive en quantité très limitée depuis l'Egypte.

Les Nations unies réclament la livraison en urgence de carburant pour faire fonctionner les générateurs des hôpitaux, débordés par l'afflux de milliers de blessés, qui manquent de médicaments et de produits anesthésiants notamment.

Depuis le 21 octobre, 74 camions d'aide sont arrivés depuis l'Egypte, selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha) jeudi soir, soit bien moins que les 500 camions quotidiens qui parvenaient à Gaza avant le conflit.

"Ces quelques camions ne sont rien d'autre que des miettes qui ne feront aucune différence" pour la population de la bande de Gaza, a lancé Philippe Lazzarini.

Ce territoire pauvre de 362 kilomètres carrés, soumis à un blocus israélien terrestre, aérien et maritime depuis que le Hamas y a pris le pouvoir en 2007, est placé depuis le 9 octobre en état de "siège total" par Israël, qui y a coupé l'eau, l'électricité et l'approvisionnement en nourriture.

Face à cette situation, les dirigeants de l'Union européenne ont demandé jeudi des "pauses" dans le conflit ainsi que l'ouverture de couloirs humanitaires afin de faciliter l'acheminement de l'aide internationale.

La Maison Blanche avait aussi suggéré mardi des "pauses", plutôt qu'un cessez-le-feu qui "à ce stade ne bénéficierait qu'au Hamas", classé organisation terroriste par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël.

Selon l'Ocha, citant le ministère des Travaux publics et du Logement de Gaza, 45% des habitations ont été "endommagées ou détruites" dans la bande de Gaza, où des quartiers entiers ont été rasés par les bombardements.

Depuis le 15 octobre, l'armée israélienne appelle la population du nord du territoire, où les bombardements sont les plus intenses, à évacuer vers le sud. Au moins 1,4 million de Palestiniens ont fui leur foyer depuis le début de la guerre, selon l'ONU.

Mais les frappes continuent aussi de toucher le sud, où sont massés plusieurs centaines de milliers de civils près de la frontière égyptienne fermée.  

Selon l'ONU, quelque 30.000 déplacés ont cependant regagné ces derniers jours le nord du territoire. 

"Nous retournons pour mourir dans nos maisons. Ce sera plus digne", a affirmé Abdallah Ayyad, qui après s'être réfugié dans un hôpital à Deir el-Balah, retourne à Gaza-ville, avec sa femme et leurs cinq filles, serrés dans la remorque d'un triporteur.

En Israël, un nouveau tir de roquettes a touché Tel-Aviv, dans le nord, faisant trois blessés selon les services de secours.

Frappes américaines

La communauté internationale redoute un embrasement dans la région, alors que l'Iran, puissant soutien du Hamas, a lancé plusieurs avertissements aux Etats-Unis, allié d'Israël.

Le ministre américain de la Défense, Lloyd Austin, a annoncé que les Etats-Unis avaient mené des frappes jeudi contre deux installations utilisées par les Gardiens de la révolution iraniens et des "groupes affiliés" dans l'est de la Syrie.

Le président Joe Biden avait plus tôt adressé un message au dirigeant suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, pour le mettre en garde contre toute attaque visant les troupes américaines.

La tension est très vive aussi en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, ainsi qu'à la frontière nord d'Israël avec le Liban, où les échanges de tirs sont quotidiens entre l'armée israélienne et le Hezbollah, soutenu par l'Iran et allié du Hamas.

En Cisjordanie, plus de cent Palestiniens ont été tués dans des violences depuis le 7 octobre, selon le ministère palestinien de la Santé. Des appels à manifester, après la prière du vendredi, ont été lancés dans plusieurs villes.

Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées dans le centre de Ramallah, criant "Libérez Gaza", selon un journaliste de l'AFP.

le Vendredi 27 Octobre 2023 à 03:57 | Lu 1339 fois