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L'ILM cherche à mieux comprendre les arbovirus et virus émergents


L'ILM va prochainement lancer une grande étude sur les maladies transmises par les moustiques et autres virus émergents, en Polynésie. Cette enquête aura un double intérêt, immunologique et immunogénétique. Crédit photo : Pexels.
L'ILM va prochainement lancer une grande étude sur les maladies transmises par les moustiques et autres virus émergents, en Polynésie. Cette enquête aura un double intérêt, immunologique et immunogénétique. Crédit photo : Pexels.
Tahiti, le 19 août 2024 – L'Institut Louis Malardé va très prochainement lancer une enquête sur un large panel de la population polynésienne afin de mieux comprendre les infections aux maladies transmises par les moustiques, aussi appelées arbovirus, et autres virus émergents.
 
L'Institut Louis Malardé (ILM) va lancer très prochainement une grande étude sur les infections aux maladies transmises par les moustiques, aussi appelées arbovirus, et autres virus émergents, en Polynésie. Cette enquête aura un double intérêt – immunologique et immunogénétique – pour la population du Fenua, puisqu'elle permettra d'étudier “l’évolution au cours du temps de la réponse immunitaire générée par les infections par les arbovirus et les virus respiratoires (et éventuellement par un pathogène X), afin d’évaluer le risque d’apparition ou réapparition de ces virus en Polynésie et l’ampleur des futures épidémies”, mais également “d’évaluer comment les facteurs génétiques (origine ethnique) ou épigénétiques (facteurs environnementaux) qui influencent la réponse immunitaire aux infections, potentiellement en lien avec les antécédents médicaux (maladies infectieuses, maladies métaboliques)”.
 
En effet, en Polynésie, comme dans tous les pays tropicaux, les maladies transmises par les moustiques sont un véritable enjeu de santé publique. Depuis les années 1940, les quatre types de virus de la dengue ont sévi au Fenua, causant de nombreuses épidémies et hospitalisations, avec des décès essentiellement rapportés chez les enfants. “Depuis la fin de l’année 2023, le virus de la dengue de type 2 circule à nouveau. Les virus du zika et du chikungunya ont également provoqué des épidémies de grande ampleur, respectivement en 2013-2014 et 2014-2015. Au cours de l’épidémie de zika, des complications neurologiques sévères chez les adultes, incluant le syndrome de Guillain-Barré, et des malformations du système nerveux central chez les fœtus et nouveau-nés, telles que la microcéphalie, ont été rapportées. Une dizaine d’années s’étant écoulée depuis ces dernières épidémies, il existe un risque que ces deux virus émergent à nouveau en Polynésie”, rajoute également l'ILM sur son site internet. Les maladies causées par des virus respiratoires sont également très importantes sur le territoire, comme les grippes A et B, qui ont causé épisodiquement des épidémies sévères. Une recrudescence de cas de grippe a d'ailleurs été rapportée au début de l'année. Le Covid est également enregistré comme une maladie respiratoire. Et pour rappel, le variant Delta avait causé 600 décès au Fenua.
 
Tout l'intérêt de l'étude de l'ILM apparaît alors. En effet, avec la constante augmentation des échanges internationaux, le pays est soumis à l'introduction de nouveaux pathogènes à risque pandémique.
 
Immunologie et Immunogénétique
 
Les chercheurs de l'Institut Malardé cherchent donc à savoir combien d'habitants de Tahiti ont déjà eu des maladies causées par des virus transmis par les moustiques (comme la dengue) et des virus respiratoires (comme la grippe) en cherchant des traces de ces virus dans le sang (les anticorps). Ils cherchent également à mieux comprendre comment le corps humain réagit face à ces virus.
 
Pour ce faire, ils vont sélectionner un panel de 900 personnes âgées de 6 ans et plus, réparties dans 290 foyers différents, sur Tahiti. Bien entendu, ces familles devront être d'accord pour participer à l'étude. Avec leur aval, les scientifiques de l'ILM vont réaliser quatre visites aux domiciles des 900 participants, sur une période de 38 mois, avec une visite supplémentaire pour 300 d'entre eux. Les participants devront également se rendre une fois dans un dispensaire ou directement à l'ILM pour la réalisation d'un prélèvement biologique en cas de prescription médicale d'un test de dépistage d'arbovirus ou de virus respiratoires. À chaque visite, un questionnaire de santé sera rempli, ainsi que des prélèvements biologiques. Pour le premier volet de l'étude, celui à portée immunologique, le questionnaire servira à collecter des données sociodémographiques et médicales. De plus, un échantillon sanguin sera prélevé sur les volontaires, lequel servira aux analyses sérologiques virales (détection d’anticorps dirigés contre un panel d’arbovirus et de virus respiratoires, incluant les quatre sérotypes de dengue, le zika, le chikungunya, le Ross River, la West Nile, la fièvre jaune, l’encéphalite japonaise, le SARS-CoV-2, le virus de la grippe A et B, et le pathogène X).
 
Pour le deuxième volet, qui doit s’intéresser au caractère immunogénétique, le questionnaire sera basé sur la collecte de mesures physiques (taille, poids, tour de taille, pression artérielle, etc.). La prise d'échantillons biologiques sera aussi réalisée (sang et salive). “Ces échantillons serviront aux analyses hématologiques et biochimiques (bilans glucidique et lipidique, fonctions rénales, hépatiques et thyroïdiennes, concentration en acide urique), sérologiques (détection d’anticorps dirigés contre un panel de pathogènes) et immunogénétiques (mesure de la réponse immunitaire des cellules sanguines après stimulation in vitro par des virus (ex : grippe, arbovirus), des hormones (ex : insuline) et des facteurs pro-inflammatoires”, explique l'ILM.
 

Rédigé par La rédaction le Lundi 19 Août 2024 à 16:22 | Lu 1146 fois