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L’État sollicité pour l’eau à Bora Bora


Bora Bora, le 2 septembre 2024 - Le haut-commissaire de la République, Éric Spitz, était en visite officielle vendredi et samedi derniers sur la Perle du Pacifique. L’occasion pour le représentant de l’État en Polynésie de réaffirmer devant le maire Gaston Tang Song et le conseil municipal son soutien à la mairie de Bora Bora pour les défis sociaux et environnementaux auxquels l’île fait face.

La visite du haut-commissaire Éric Spitz, accompagné de la cheffe des subdivisons administratives des îles du Vent et des îles Sous-le-Vent Anna NGuyen et de son adjointe, à Bora Bora vendredi et samedi derniers, a tout d’abord été l’occasion de présenter la mission “Allez vers”, qui a pour but de répertorier et d’assister dans leurs démarches de demande d’indemnisation les personnes concernées par les conséquences des essais nucléaires. Pendant deux jours, les deux agents missionnés ont reçu les habitants de Bora Bora susceptibles d’être indemnisés afin de faciliter la constitution de leurs dossiers. Une démarche qui témoigne de la reconnaissance de la “dette que la France doit à la Polynésie”, a déclaré le haut-commissaire, reprenant les mots du président Macron lors de sa visite au Fenua en 2021. Ainsi, le nombre de dossiers déposés au comité d’indemnisation des victimes des essais nucléaires (Civen) a été multiplié par quatre en deux ans.
 
La réunion s’est poursuivie par la signature d’une convention qui vise à renforcer la sécurité publique sur l’île grâce à la création d’une Unité rapide d’intervention et d’assistance cynophile.Le problème des chiens errants a également retenu l’attention de la délégation qui a visité la fourrière municipale gérée par l’association Animara en charge la protection animale à Bora Bora.
 
Un projet d’exploitation de la lentille d’eau
 
Ce sont cependant les installations et projets liés aux énergies renouvelables et à la gestion des déchets qui ont occupé la majeure partie de la visite du haut-commissaire à Bora Bora, qui s’est dit conscient des enjeux sociaux et environnementaux liés à la croissance de la population sur l’île. Après avoir souligné l’exemplarité de la Perle du Pacifique en matière de politique de gestion des déchets, Éric Spitz a pris connaissance du projet Teveiroa, présenté par Vincent Sturny, responsable du développement des îles et de l’innovation à la Polynésienne des eaux.
 
Face au défi de l’approvisionnement en eau douce des hôtels de luxe comme de la population, particulièrement crucial en période de sécheresse, le projet d’exploitation de la lentille d’eau du motu Teveiroa apparait comme prometteur, et ce à plusieurs titres. D’abord, elle garantirait l’approvisionnement en eau de l’île sans avoir recours aux systèmes de forage ou d’osmose inversée, beaucoup plus aléatoires et coûteux. Cela représenterait un gain d’environ 10% sur le coût d’exploitation, tout en permettant la reminéralisation de l’eau obtenue par osmose inversée. La proposition de développer une activité agricole et aquacole, couplée à celle de l’énergie solaire, a séduit les propriétaires fonciers du motu qui se sont tous déclarés favorables au projet. Seule ombre au tableau : le coût, dont l’enveloppe globale s’élève à 620 millions de francs. Financé en partie par la commune et par les futures retombées économiques de l’exploitation, le projet a encore besoin du soutien de l’État. Les travaux devraient néanmoins débuter l’an prochain et serviraient de modèle reproductible dans d’autres îles ou atolls.
 
“Le but est de stabiliser la production de l’eau et le tourisme de luxe”, a déclaré Vincent Sturny à l’issue de la présentation. Face à une clientèle de plus en plus sensible à l’impact environnemental de ses déplacements, il s’agirait de proposer aux touristes de “décarboner” leur visite en choisissant une destination qui garantit le faible impact écologique de leurs vacances et leur contribution à l'équilibre écologique de l'île. Reste à convaincre l’État d’apporter sa contribution financière au projet, lui qui a déjà soutenu la commune de Bora Bora à hauteur de 1,5 milliard de francs, soit environ 45% du budget alloué à l’ensemble des îles Sous-le-Vent.
 
La visite d’un hôtel de luxe équipé du Swac, système de climatisation par l’eau de mer profonde, ainsi que celle des aménagements et équipements communaux soutenus et cofinancés par l’État, tels que le dispensaire, les établissements scolaires et le centre d’enfouissement technique, sont venues clore ce déplacement.
 
Le haut-commissaire, dont c’était la troisième visite officielle sur la Perle du Pacifique, a souligné sa volonté de “créer des groupes de travail afin que la Polynésie joue un rôle majeur dans la conférence des Nations unies sur l’Océan” qui aura lieu en juin 2025 à Nice. Nul doute que Bora Bora, présentée comme “le laboratoire du futur”, y tiendra une place particulière.

Rédigé par Lucie Scarparo le Lundi 2 Septembre 2024 à 19:56 | Lu 1685 fois