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L'Adie selon Wendy


TAHITI, le 2 février 2022 - Wendy Mou Kui est directrice de l’Adie en Polynésie depuis 2015. Issue d’une famille d’entrepreneurs, elle a préféré une voie parallèle et a choisi d'aider et d'accompagner les porteurs de projets. Elle évolue dans un univers qu’elle connaît bien et qu’elle apprécie.

Née en 1984, Wendy Mou Kui est issue d’une famille d’entrepreneurs. Son père et sa mère se sont lancés dans les plats à emporter, la restauration, l’un de ses oncles est comptable indépendant, un autre est menuisier, indépendant lui aussi. C’est peut-être cela qui l’a conduite au poste qu’elle occupe aujourd’hui. Elle est directrice de l’Adie Polynésie. “J’ai vu mes parents se lever très tôt pour la mise en place. Il m’arrivait de les aider, mais pour moi l’entrepreneuriat, est trop prenant. J’ai donc opté pour le salariat, mais j’aide les entrepreneurs et en cela, j’ai trouvé le juste milieu.”

L’Association pour le droit à l’initiative économique (Adie) a pour objectif de permettre à des personnes qui n’ont pas accès au système bancaire traditionnel de créer leur propre entreprise grâce au microcrédit. “Elle donne les moyens à ceux qui n’en ont pas de lancer leur entreprise par le biais de microcrédit certes, mais aussi d’accompagnement”, complète Wendy Mou Kui. “Ce que j’aime dans cette association c’est qu’elle est apolitique, elle prône l’entrepreneuriat populaire. En son sein, on évolue en fonction de ses résultats et compétences.”

L’Adie est née en France en 1989. Les deux premières délégations régionales ont vu le jour à Lille et à Bordeaux en 1993. En Polynésie, une antenne a été ouverte en 2009. En 2021, 1 964 projets ont été financés sur le territoire. Au total, 982 millions de Fcfp ont été injectés dans l’économie locale. Depuis 2009, 11 500 microcrédits ont été accordés, ce qui représente 6 milliards de Fcfp injectés.

Un bac ES à La Mennais

Wendy Mou Kui a suivi sa scolarité à Tahiti. Elle a obtenu son baccalauréat après trois années passées au lycée La Mennais. Elle a suivi un Deug puis une licence d’administration économique à l’université de Polynésie française. “Après un bac ES, cela me paraissait logique.” Pour continuer son parcourt, elle a dû se rendre en métropole. Elle s’est installée à Bordeaux et a passé une maîtrise et un Dess. “C’était en 2007, l’année ou l’on passait du Dess au master”, se rappelle Wendy Mou Kui.

En France elle a effectué un stage au centre de gestion agréé de Bordeaux. Elle a participé à des études d’analyse sectorielle des très petites entreprises en Gironde. Des études qui permettaient la rédaction d’un guide compilant des statistiques sur les TPE. En Polynésie, le service de développement de l’industrie et des métiers (qui a depuis fusionné avec la Direction régionale des affaires économiques), l’a sollicitée. “Je n’avais pas terminé mes études, je leur ai demandé de patienter un peu.” De retour à Tahiti, une fois formée, Wendy Mou Kui a travaillé deux années en tant que CVD (Corps de volontaires au développement) dans le service qui l’avait finalement attendue. À cette époque, elle rencontrait des porteurs de projets, chefs d’entreprise et défendait leur dossier auprès de diverses institutions. Une étape particulièrement formatrice. “Cela m’a permis de voir la facette publique du système, et ses revers.”


En 2009, l’une de ses collègues lui a un jour parlé de l’Adie et du projet d’implantation de cette association au fenua. “Je ne savais absolument pas ce que c’était et, pour être honnête j’étais un peu frileuse, imaginant que c’était une énième structure locale qui se montait.” Après quelques recherches, Wendy Mou Kui découvre l’association, son histoire, ses valeurs, ses objectifs. “Et cela m’a vraiment plu. J’ai candidaté pour un poste que j’ai obtenu.”

Le privé, un secteur épanouissant


Au fil du temps, Wendy Mou Kui a pris ses marques. Elle a accepté et assumé de plus en plus de responsabilités. “J’ai de la chance, depuis que j’ai terminé mes études, je n’ai finalement jamais eu de temps mort”, constate-t-elle reconnaissante. “Tout s’est bien enchaîné”, ajoute-t-elle ravie d’évoluer dans le secteur privé. “On s’épanouit réellement, il y a de véritables challenges à relever.”

Wendy Mou Kui a d’abord été conseillère, elle a été responsable de pôle accompagnement. Elle a été en charge de mettre en place un catalogue de formations et d’accompagnement adapté au contexte local pour les créateurs d’entreprise. Elle a recruté, formé, animé les équipes de bénévoles. À ce propos, elle rappelle que son association a toujours besoin de bénévole pour permettre l’accompagnement des porteurs de projet. “Au besoin, nous les formons.”


En parallèle, l’Adie a évolué dans son organisation. Les missions de conseiller accompagnement et conseiller crédit ont été regroupées au sein d’un même poste. “J’ai saisi cette nouvelle opportunité. La chance que j’avais, c’était d’avoir les compétences grâce à ma formation et mon expérience.” En 2011, Wendy Mou Kui est devenue déléguée territoriale en charge des archipels éloignés : îles Sous-le-Vent, Australes, Tuamotu. Elle a beaucoup voyagé, se déplaçant dans les îles tout en travaillant à distance et en manageant du personnel de Tahiti.

En 2015 enfin, Wendy Mou Kui a postulé au poste de direction. “Je suis la première personne ultramarine à obtenir un tel poste dans une antenne outremer de l’Adie”, indique-t-elle au passage. Son recrutement n’a pas été une mince affaire. Elle a dû se rendre à cinq entretiens en métropole, a effectué une période d’immersion avec un autre directeur en France et rédiger une note d’opportunités, c’est-à-dire exposer sa vision du développement de l’Adie en Polynésie. Inspirée, elle a écrit 20 pages. Les recruteurs n’en attendaient pas plus de quatre. “J’ai dû faire une synthèse. Tout cela n’était vraiment pas de la rigolade. Je m’en souviendrai !”, confirme-t-elle.

Aujourd’hui, en tant que directrice, elle a une certaine autonomie pour lancer des actions et nouveaux projets. “On peut innover tout en respectant le plan stratégique national bien sûr”. Le plan stratégique vient tout juste d’être renouvelé, il est prévu sur 2022-2024. Dans ce cadre, l’Adie Polynésie va par exemple déployer des Antennes numériques sur site isolé et connecté, des Ansic en partenariat avec des communes. Une antenne sur Amanu a été mise en place, Faaite et Reao vont aussi en bénéficier. “Cela permet d’exposer, de sélectionner des dossiers à distance, mais aussi d’assurer des formations.



Contacts

Site internet de l'Adie Polynésie
Tel. 40 53 44 23

Rédigé par Delphine Barrais le Mercredi 2 Février 2022 à 19:04 | Lu 1387 fois