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L'ATAPF demande le respect


C'est dans les locaux de la CCISM, la Chambre de commerce, d'industrie et des métiers que l'association du tourisme authentique de Polynésie française (ATAPF) portée par Melinda Bodin, tenait une conférence de presse ce mardi après-midi après s'être réuni avec quelques-uns de ses membres. crédit photo SD
C'est dans les locaux de la CCISM, la Chambre de commerce, d'industrie et des métiers que l'association du tourisme authentique de Polynésie française (ATAPF) portée par Melinda Bodin, tenait une conférence de presse ce mardi après-midi après s'être réuni avec quelques-uns de ses membres. crédit photo SD
Tahiti, le 26 septembre 2023 - L'association du tourisme authentique de Polynésie française (ATAPF) qui regroupe environ 300 membres vient d'apprendre que sa subvention annuelle serait divisée par quatre, passant de 20 à 5 millions de francs, sans avoir eu d'explication. Elle dénonce le manque de respect du gouvernement qui ne les prend pas en considération, jusque dans la nouvelle composition du Cesec.
 
C'est dans les locaux de la CCISM, la Chambre de commerce, d'industrie et des métiers que l'association du tourisme authentique de Polynésie française (ATAPF) portée par Melinda Bodin, tenait une conférence de presse ce mardi après-midi après s'être réuni avec quelques-uns de ses membres.

Deux points à l'ordre du jour : d'abord, le budget de l'association qui accuse un déficit de quatre millions de francs alors qu'elle a déjà engagé neuf millions de francs depuis le début de l'année. Mais surtout, elle voit la subvention que lui accorde le Pays annuellement passer de 20 à 5 millions de francs. S'ils ont bien rencontré Guillaume Colombani, le conseiller technique de Moetai Brotherson pour le tourisme, il ne leur a donné aucune explication.

“Fa'atura ! Qu'il mette ce mot en pratique”

Faut-il y voir une sanction par rapport aux liens qu'entretenait la présidente de l'association avec le Tapura Huiraatira ? “Non, je pense qu'ils avaient une idée de leur politique touristique mais je ne la comprends pas”, répond Melinda Bodin qui n'hésite pas à brandir sa carte d'adhésion au Tavini Huiraatira et qui se dit aujourd'hui “déçue”.

“Il n'a pas arrêté de nous parler de respect. Fa'atura en tahitien. Mais il n'a même pas dénié nous recevoir. Qu'il mette ce mot en pratique”, s’indigne-t-elle, un brin de colère dans la voix. Le vice-président de l'association, Taurama Sun, (également président de l'association Heke Mai i Rangiroa), prend le relais : “On pensait que ce serait mieux avec ce nouveau gouvernement mais c'est pire.”

Pas de “logique”

D'autant qu'avec l'objectif de 600 000 touristes fixé par le président du Pays et ministre du Tourisme Moetai Brotherson, l'association ne comprend pas bien la “logique” du gouvernement qui les “met de côté” alors qu'ils représentent environ 300 membres (pensions de famille et prestataires d'activité touristique), soit “trois quarts du parc de la petite hôtellerie”. Mieux, ils sont présents dans 35 îles des cinq archipels de Polynésie et estiment ainsi être les plus représentatifs de ce secteur. Or, ils ne sont plus représentés au Cesec (Conseil économique, social, culturel et environnemental).

Et c'est l'objet du deuxième point de l'ordre du jour qui fait grincer des dents les membres de l'ATAPF. En effet, en juillet dernier, les élus de l'assemblée adoptaient le texte qui venait modifier la composition de la quatrième institution du Pays, la faisant passer de 48 à 51 membres, et ajoutant un nouveau collège : celui des archipels.

Choix des deux membres du Cesec contesté

Pour le secteur du tourisme, ce sont Thierry Buttaud, le directeur général de South Pacific Management, et Martine Mesa, la propriétaire d'une pension de famille à Tiarei et d'une à Pirae, qui ont été choisis par le GIE Tahiti Tourisme comme le veut la nouvelle règlementation. Ce que dénonce la présidente de l'ATAPF : “Ce n'est pas Melinda Bodin qui détient le siège du Cesec. Mais normalement, les membres du Cesec sont élus par leurs pairs, et aujourd'hui c'est le GIE. C'est ce qui a changé et c'est là que nous ne sommes plus d'accord. Mais le GIE a bon dos. Ce n'est pas lui qui est en cause. On leur a dit qui nommer.”

Pas de représentativité des archipels

Elle estime en effet, à l'instar des autres membres de l'association présents dans la salle, que ce choix n'est pas cohérent avec la représentativité des archipels qui est foulée au pied : “Aujourd'hui, l'association est une tentacule qui est présente dans tous les archipels, donc on est les mieux placés pour parler des problématiques des îles”, ajoute Taurama Sun qui regrette que l'association n'ait jamais été consultée, ni par les autorités du Pays, ni par le GIE Tahiti Tourisme. “On a envoyé des courriers. Pas de réponse. On devait avoir une réunion avec Moetai et ils ont annulé au dernier moment alors que c'était prévu depuis des mois.”

Avec le salon du tourisme qui démarre vendredi, et les frais inhérents à ce genre d'événements, même si chaque exposant paye son stand lui-même, l'association est inquiète. Et elle est surtout inquiète que la petite hôtellerie comme les prestataires n'aient plus leur voix au chapitre dans les discussions qui auront lieu au Cesec.
 

​Le Cesec reprend ses travaux le 4 octobre

Le 19 septembre dernier, le président du Pays a pris un arrêté publié au JOPF ce mardi 26 septembre afin de constater les désignations de 42 des 51 membres qui composent désormais le Cesec (contre 48 auparavant). Des arrêtés complémentaires constateront les désignations postérieures au présent arrêté. La réorganisation du Cesec permet de renouveler 57% de ses membres avec aujourd'hui 45% de femmes.
La parité au sein de la quatrième institution du Pays était d'ailleurs l'un des principaux objectifs de cette réforme qui n'est pas au goût de tout le monde. Si l'on sait déjà que le secrétaire général du syndicat des agents publics de Polynésie, Vadim Toumaniantz, a déjà déposé un recours au tribunal administratif, l'association du tourisme authentique de Polynésie française (ATAPF) est donc elle aussi monté au créneau ce mardi.
Une chose est sûre, après plus d'un an d'interruption, le Cesec se remet au travail. Le 4 octobre prochain à 9 heures, Eugène Sommers qui a présidé l'institution pendant deux ans, cèdera donc sa place à son successeur qui sera issu du collège du développement. Dès le lendemain, les conseillers doivent se réunir pour examiner deux saisines émanant du gouvernement : l'une sur le code civil et l'autre sur le solde bancaire insaisissable.

Rédigé par Stéphanie Delorme le Mardi 26 Septembre 2023 à 18:28 | Lu 3159 fois