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Kauli Vaast, après l’or olympique le titre mondial


Tahiti, le 18 août 2024 - Ce samedi, au centre Popoti de Taharuu à Papara, le champion olympique de Surf 2024, Kauli Vaast, s’est entretenu avec les médias locaux lors d’une ultime conférence de presse pour clore le chapitre olympique. Son séjour à Paris, la pression médiatique ou encore ses objectifs pour la suite de sa carrière : le ‘aito s’est livré avec aisance. Car s’il s’agit effectivement de l’expérience d’une vie, Kauli pense déjà à la suite, notamment au titre mondial.
 
Tu reviens tout juste de Paris où tu es parti célébrer ta victoire aux Jeux. Si aujourd’hui cela semble être une évidence, ça ne l’était pas forcément à ta sortie du podium où tu as déclaré devoir partir en Californie pour une compétition. Peux-tu revenir avec nous sur cet épisode ?
“C’est un choix qu’il a fallu faire rapidement à l’issue de la finale car au niveau des vols internationaux c’était compliqué. Et pour moi, c’était important de profiter de ces Jeux jusqu’au bout car c’était l’opportunité d’une seule vie. Ça ne se reproduira peut-être plus jamais. Je voulais vraiment aller à Paris pour assister aux dernières épreuves, faire le tour médiatique en tant que vainqueur. À l’inverse, si j’avais perdu la finale, j’aurais préféré aller à Huntington Beach pour me remettre dans la compétition et passer à autre chose le plus vite possible. Partir à Paris c’était vraiment une décision de toute dernière minute.”
 
Est-ce que tu étais préparé à ce qui t’attendait en France, à cette ferveur populaire ?
“Je ne m’y attendais pas du tout. Je ne pensais pas qu’autant de monde avait suivi la compétition. Voir autant de personne me reconnaître dans la rue… C’était incroyable ! D’ordinaire, personne ne me connait. C’était magnifique de voir ça, cet accueil… un truc de fou. C’était la surprise à chaque fois, partout où j’allais.”
 
Les images ont déjà fait le tour des médias nationaux. Toi, te lançant sur un surf gonflable porté par la foule. Raconte-nous cet épisode.
“Encore une fois, rien n’était prévu. Il y avait ce paddle gonflable et l’idée est venue : on voulait marquer le coup. Les supporters étaient tous d’accord donc on l’a fait. Franchement ils ont géré car c’était un peu bancal, le paddle était à moitié gonflé. C’était un vrai challenge car il ne fallait pas tomber et perdre la médaille au plein milieu de la foule.”
 
Tu parlais de la tournée médiatique, on le sait, les sollicitations ont été nombreuses. Comment as-tu géré cette nouvelle pression ?
“Je n’étais pas du tout stressé par les caméras. J’ai de la chance d’avoir assez d’aisance par rapport à tout ça. C’était vraiment que du kiff d’être sur des plateaux télés avec des personnes que je regardais moi-même à la télévision. J’en ai profité pleinement. Et si c’est vrai que c’est quelque chose qui m’a vraiment fatigué, d’un côté ça m’a donné tellement d’énergie de vivre tout ça. J’étais à 2000%.”
 
Parle nous de cette énergie, de cette force. C’est important pour la suite de ta carrière ?
“Complètement. Les Jeux olympiques ce n’étaient pas un objectif que j’avais au début de ma carrière. Quand j’ai commencé, mon seul objectif était de me qualifier pour le tour mondial et devenir champion du monde. Maintenant qu’il y a ça, forcément, c’est devenu un objectif et le fait de l’attendre ça n’apporte que du positif pour la suite. Depuis deux semaines j’ai pris pour moi toute cette bonne énergie, toutes ces bonnes ‘vibes’. Et puis voir le sourire chez tous ces gens grâce à ce titre, c’est un super coup de boost. Car maintenant le but c’est de se qualifier et d’être champion du monde. J’ai déjà raté de peu ma qualification par le passé donc je sais que c’est possible.”
 
Tu as eu l’occasion à Paris de rencontrer certains athlètes et de faire plus ample connaissance. As-tu gardé contact avec eux ? Allez-vous vous revoir et peut être préparer les prochains Jeux ensemble ?
“C’est vrai que j’ai eu la chance de participer à des événements auxquels je n’aurais jamais pu participer en d’autres circonstances. Je me suis retrouvé à la finale de basket, à côté d’Antoine Dupont et Léon Marchand. Quelques jours avant, jamais je n’aurais cru participer à tout ça. Du coup j’ai pu leur parler et c’était incroyable car ce sont des personnes vraiment humbles, ce sont des athlètes de haut niveau qui ont un objectif vraiment précis et qui ont donc la tête sur les épaules. Ils sont naturels et spontanés du coup ça a vraiment bien marché entre nous et donc aujourd’hui on a gardé contact et j’en suis très heureux. Voir Teddy Riner aussi, ça a été incroyable. Je n’avais aucune idée de la taille qu’il faisait donc ça a été impressionnant de le voir me prendre dans ses bras et me féliciter pour ma médaille. C’était hallucinant ! Jamais je n’aurais cru vivre ça.”
 
Ces champions pratiquent des sports bien ancrés dans la culture des JO. Qu’en est-il du surf ? Comment le surf est-il perçu parmi les autres disciplines ? Quel a été ton ressenti par rapport à ça ?
“Contrairement aux autres sports, tout le monde ne sait pas comment ça marche le surf. Les gens ont du mal à comprendre comment est-ce que c’est noté par exemple. Par contre, tout le monde a été impressionné par les images, vidéos et photos, du spot, de la vague et des surfeurs. La vague de Gabriel Medina a eu un succès fou auprès du grand public et c’est une bonne chose. Nous en tant que surfeurs ça nous a moins parlé car on saute tous à la fin de la vague mais, pour ceux qui ne surfent pas, c’était juste incroyable. Et puis il faut dire que les photos sont folles. Je pense notamment à celle où l’on voit une baleine sauter lors du dernier jour de compétition. Tony Estanguet en a même parlé lors de son discours à la cérémonie de clôture, c’est dire à quel point ça a marqué les gens. Ce sont toutes ces choses qui ont permis au surf d’être vu et considéré comme un sport.”
 
Tu parlais des grands sportifs, aujourd’hui, à ton tour, tu en es devenu un aussi. Les jeunes veulent te ressembler, surfer comme toi. Comment tu le vis ? Est-ce une pression ?
“Ce n’est pas du tout une pression. C’est un bonheur ! Ça me motive encore plus. Ça me rappelle quand moi j’étais petit et que Michel Bourez arrivait. Je n’avais pas envie d’aller lui serrer la main car c’était quelque chose d’impensable. Aujourd’hui on se voit et c’est normal de se serrer la main, de se parler. Mais je me souviens que cela me motivait grave ! Aujourd’hui, je vois les jeunes être survoltés et surmotivés après leur avoir parlé, c’est que du bonheur ! Ça me donne encore plus envie de réaliser de belles choses et de leur prouver que tout est possible.”
 
Quel message as-tu justement pour ces jeunes désireux de poursuivre la même voie que toi ?
“J’aimerais dire à tous les jeunes qu’ils profitent, qu’ils ne lâchent rien. Ce n’est pas un chemin facile, il faut y croire. C’est un processus long qui demande énormément de sacrifices donc il faut vraiment s’accrocher. Quand tu as envie, que tu travailles, que tu profites du moment et que tu aimes ça, il n’y a que du positif.”
 
Un projet de pôle de performance entre la fédération française et la fédération tahitienne de surf devrait voir le jour – une première – et ta médaille d’or aux JO vient légitimer ce type de projet. Toi qui as un pied dans les deux fédérations, que penses-tu de ce genre de projet ?
“C’est génial. Pour la nouvelle génération cela représente tout simplement plus d’opportunité pour progresser et pour performer, que ce soit localement ou à l’étranger. C’est une chance d’avoir ce type de relation entre les deux fédérations.”
 
D’ailleurs, est-ce que ça n’a pas été un peu compliqué de devoir représenter ces deux territoires, la France et la Polynésie ? La question ne s’est-elle jamais posée pour toi ?
“Du tout, ce n’est pas une question qui s’est posée. Moi, ma tête elle est dans la compétition. Je porte la France sur mon lycra et j’ai la Polynésie dans le cœur. Les gens le savent. Et puis il y a la Calédonie aussi. Ma mère est Calédonienne, j’ai du sang calédonien. Pour moi cette médaille c’est pour les trois, la France, Tahiti et la Calédonie.”
 
Cette médaille d’or t’ouvre énormément de possibilités, tu es d’ailleurs déjà dans la police, tu es encore jeune… est-ce que tu n’es pas tenté d’envisager la suite de tes projets différemment ?
“Je vis au jour le jour. Pour le moment j’essaye de me focaliser sur mes objectifs, qui d’ailleurs restent inchangés. Effectivement, je sais que je rencontre beaucoup plus de personnes et donc il y a beaucoup de portes qui s’ouvrent, mais pour le moment je veux juste rester concentré, prendre mon temps et surtout garder les pieds sur terre. Je repars bientôt pour les compétitions, c’est pourquoi ces prochains jours j’aimerais profiter du calme pour repartir sur mes entraînements avec Jimmy Tiapari, un de mes coachs pour la natation, mais également Charles, mon kiné. J’ai envie également de reprendre mes entraînements pour le mental afin de faire redescendre toute l’excitation, mes entraînements avec Hira aussi pour être sûr de repartir en étant le plus prêt possible. L’objectif reste le même : se qualifier pour le WCT et devenir champion du monde un jour.”
 
Sur le podium tu es le seul qui ne fait pas parti du tour du mondial. Gabriel Medina et Jack Robinson, que tu connais très bien, sont-ils venus te voir pour te motiver à les rejoindre ?
“Oui, on se connaît relativement bien. J’ai déjà eu l’occasion de surfer contre eux dans d’autres compétitions et ils sont impressionnants. Ce que j’ai fait c’est bien, mais là on parle d’une seule compétition : les Jeux. En vrai, eux ce sont des machines de guerre qui s’affrontent tout au long de l’année sur le circuit mondial. Leur travail c’est d’exceller toute l’année, c’est encore un autre niveau mais je vais y arriver. En dehors de l’eau on est amis et on se souhaite le meilleur.”
 
Du coup, les JO de 2028, ça se prépare dès lundi ?
“Non, non. Les Jeux c’est dans quatre ans et les sélections se feront un an et demi avant comme les années précédentes. Pour être qualifié il faudra rester concentré et faire partie des deux meilleurs français au moment de décrocher le ticket de la qualification. Pour l’instant c’est loin. L’objectif c’est la qualification pour le WCT.”

Rédigé par Wendy Cowan le Dimanche 18 Août 2024 à 22:02 | Lu 2815 fois