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Jusqu'à 12 mois ferme pour les braconniers de tortues


Tahiti, le 15 septembre 2022 – Le tribunal correctionnel a rendu, jeudi matin, son délibéré concernant l'affaire de braconnage de tortues, qui s'est déroulée en 2019 à Manuae. Des peines allant de 10 mois de prison avec sursis à un an ferme ont été prononcées à l'encontre des quatre prévenus jugés début septembre. La décision sur les intérêts civils a été renvoyée au 25 novembre.
 
Début septembre, quatre hommes, âgés de 22 à 44 ans, étaient jugés par le tribunal correctionnel de Papeete pour une affaire de braconnage de tortues, qui s'est déroulée en novembre 2019 à Manuae. Le tribunal a rendu son délibéré jeudi matin. À l'encontre du plus jeune, qui avait reconnu avoir débarqué des tortues, le parquet avait requis un an d'emprisonnement ferme. Il a finalement été condamné à dix mois de prison avec sursis. Une décision "encore pédagogique", souligne le président du tribunal Thierry Fragnoli, car le jeune homme a pour projet de partir à l'armée et qu'il n'était pas l'instigateur de l'expédition. S'il avait refusé de participer, un autre aurait pris sa place, explique le président pour motiver sa décision.
 
En revanche, le stade "pédagogique" a été dépassé pour les trois autres prévenus, qui ont tous les trois été condamnés à des peines de prison ferme. Un an de prison ferme avait été requis à l'encontre de deux des trafiquants, ainsi que l'interdiction d'exercer l'activité de pêche. Le président du tribunal a souligné leur participation active dans cette affaire. "Si vous n'aviez pas été là, vingt tortues seraient encore dans le lagon." Il a prononcé une peine d'un an d'emprisonnement dont quatre mois avec sursis. Quant à l'interdiction de pêcher, il a estimé "contradictoire" de demander de rembourser et d'interdire d'exercer la pêche alors qu'il s'agit de leur activité professionnelle. L'interdiction n'a donc pas été prononcée. En revanche, leurs embarcations ont été confisquées.
 
Quant au dernier prévenu, à l'encontre duquel 18 mois de prison dont six avec sursis avaient été demandés, le président du tribunal a suivi les réquisitions du procureur. Il a estimé que l'homme avait "prêté main-forte à l'égorgement des tortues", "motivé uniquement par l'appât du gain", et qu'il avait "abusé de la faiblesse des gens sur place pour de l'argent". En outre, il lui est interdit de pêcher, cette activité n'étant pas son métier. Les quatre hommes devraient être prochainement convoqués par le juge de l'application des peines. Un cinquième homme est mis en cause dans cette affaire. Celui-ci ayant précipitamment quitté le territoire pour la métropole, il sera convoqué et jugé ultérieurement. Il encourt la peine maximale de deux ans d'emprisonnement ainsi que la saisie de son bateau.

Manuae, réserve naturelle

L'affaire remonte à novembre 2019. Des pêcheurs de Tahiti ont organisé une expédition sur l'atoll de Manuae pour y capturer des tortues, en recrutement auparavant des habitants de Mopelia. Ils avaient été repérés par un avion des Forces armées de la Polynésie française survolant Mopelia en train de massacrer une vingtaine de tortues vertes, représentant près de 350 kg de chair animale, destinée à la revente à Raiatea et Tahiti. En Polynésie française, les tortues sont protégées depuis 1971 par un arrêté du Pays. Le président du tribunal a rappelé, jeudi, que le braconnage s'était effectué dans une réserve naturelle, et de surcroît pendant la période de reproduction.
 
La Polynésie française, qui s'est constituée partie civile dans le dossier, demande 15 millions de Fcfp de dommages et intérêts, dont 10 millions pour le préjudice moral et 5 millions pour le préjudice économique. La notion de préjudice écologique a également été évoquée lors de l'audience début septembre, a rappelé le président du tribunal. La décision sur les intérêts civils a été renvoyée au 25 novembre.

Rédigé par Anne-Laure Guffroy le Jeudi 15 Septembre 2022 à 11:53 | Lu 1468 fois