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Jugée pour avoir battu ses trois filles


Tahiti, le 5 novembre 2022 – Le tribunal correctionnel a condamné, lundi en comparution immédiate, une femme de 36 ans à deux ans de prison dont un avec sursis pour des violences physiques et psychologiques commises sur ses trois filles âgées de 2, 6 et 16 ans. La prévenue a également perdu l'autorité parentale sur les trois victimes.
 
“Ça me fait mal aux mains quand je les tape, elles ont la peau dure.” C'est par ces mots qu'une mère de famille de 36 ans a reconnu, lors de sa garde à vue en juillet dernier, qu'elle frappait ses trois filles âgées de 2, 6 et 16 ans. Présentée en comparution immédiate lundi, cette femme sans emploi a reconnu les violences qui lui étaient reprochées. Il y a quatre mois, la prévenue avait elle-même appelé les gendarmes pour leur expliquer qu'elle était victime de violences conjugales. Or, après s'être rendus au domicile familial, les enquêteurs avaient établi que c'est elle qui frappait ses trois filles. Coups de pied, gifles, insultes et menaces : les trois enfants étaient victimes de violences “trois fois par semaine” selon l'aveu même de leur mère face aux gendarmes. 
 
Jugée pour ces violences habituelles lundi, la prévenue a expliqué au tribunal qu'elle avait pris conscience de la gravité des faits tout en tentant de les minimiser. Les coups de pied sur son aînée ? Car elle se faisait “insulter” par cette dernière. Les coups portés à son bébé à peine âgé de deux ans ? La petite “faisait des manières” et la prévenue ne comprenait pas de “quoi elle parlait”. Alors que les cas de maltraitances commises par des mères sont rares à la barre, le tribunal correctionnel a tenté de comprendre le parcours de la prévenue, une femme elle-même victime de graves violences dans son enfance et dont les experts psychiatres disent que son comportement relationnel “borderline” est à mettre sur le compte des “nombreux événements traumatiques” qui ont émaillé sa vie.
 
“Silence coupable”
 
Pour l'avocat des trois enfants, Me Christophe Rousseau-Wiart, s'il est normal d'“essayer de comprendre”, cela n'excuse en rien les violences qui étaient reprochées à la jeune femme. Du côté du parquet, représenté par Robert Danielsson, il s'agissait lundi du “procès même de toute une absence de pédagogie” sociale quant à la place de la violence : “Ce genre de procès doit être diffusé car les familles polynésiennes doivent comprendre qu'aujourd'hui, cette violence n'est plus acceptable.” Dix-huit mois de prison dont 12 avec sursis ainsi que le retrait de l'autorité parentale ont finalement été requis. 
 
Après avoir dénoncé le “silence coupable” du mari de sa cliente, Me Isabelle Nougaro a elle aussi dénoncé lors de sa plaidoirie “encore un autre procès de la violence” qui va “au-delà” tant sa cliente n'a fait que reproduire ce à quoi elle avait été exposée durant toute son enfance. Après en avoir délibéré, le tribunal a condamné la mère de famille à deux ans de prison dont un avec sursis. Il a prononcé le maintien en détention et le retrait complet de l'autorité parentale de la prévenue sur ses trois filles. 

Rédigé par Garance Colbert le Lundi 7 Novembre 2022 à 19:11 | Lu 1923 fois