Tahiti Infos

Jugé pour avoir espionné sa voisine avec une caméra


Jugé pour avoir espionné sa voisine avec une caméra
Tahiti, le 31 août 2023 – Un commercial en informatique, poursuivi pour avoir espionné sa voisine durant trois ans à l'aide d'une caméra qu'il avait cachée chez elle, a été jugé jeudi en comparution immédiate. Un an de prison avec sursis a été requis à son encontre. Décision le 7 septembre.

Surprenante et effrayante affaire que celle jugée en comparution immédiate jeudi. Un agent commercial en informatique jusque-là inconnu de la justice était en effet poursuivi pour avoir filmé sa voisine durant un peu plus de trois ans. Les faits avaient été mis au jour lorsque la victime, qui vivait seule, avait découvert une caméra installée au-dessus de sa machine à laver. Après un dépôt de plainte et l'ouverture d'une enquête, il était apparu que la caméra avait été posée par son voisin auquel elle avait confié ses clés pour nourrir ses chats. L'homme avait fait un double et avait installé la caméra pour filmer la victime dans sa vie intime et ce, pendant plus de trois ans. Avec les images recueillies, il avait créé des montages avec des films pornographiques. Dans son téléphone, les enquêteurs ont également trouvé des vidéos ou des photos prises à l'insu d'autres femmes dont une de ses collègues.

À la barre du tribunal correctionnel jeudi, l'auteur des faits, en couple depuis vingt ans, a évoqué des “pulsions” et une situation de “disette sexuelle” en reconnaissant qu'il avait fait une “terrible erreur”. L'individu, qui habite toujours dans le voisinage de la victime, a cependant eu du mal à justifier l'extrême perversité de ses actes. Selon le psychiatre qui l'avait examiné dans le cadre de cette affaire, le quadragénaire ne présente pas d'anomalie sur le plan psychiatrique. Il souffre de traits de personnalité obsessionnelle et apparaît comme un homme “toujours sous contrôle” qui se “lâche” parfois pour décompenser.

Un prévenu “serviable” et “gentil”

Tel qu'elle l'a expliqué à la barre jeudi, la victime s'est sentie doublement trahie lorsqu'elle a découvert la caméra car le prévenu était un voisin “serviable”, “gentil” et “bienveillant” avec lequel elle s'entendait bien. “On lui aurait donné le bon dieu sans confession” a-t-elle dit en pleurs avant de faire part de sa “honte” d'avoir été “salie” par cette longue intrusion dans sa vie privée. Pour son avocat, Me Loris Peytavit, le tribunal n'a eu accès qu'à la “partie émergée de l'iceberg” alors que le prévenu a “collecté un nombre effrayant de données”. “Il présente une stratégie de défense bien rôdée et j'espère que la justice s'abattra de manière sévère sur lui” a-t-il souhaité après avoir rappelé que sa cliente en était traumatisée.

Pour le procureur de la République, la version des pulsions livrée par le prévenu est en contradiction avec les faits : “Cela a duré des années. Il a fait un double des clés, il a acheté une caméra, est entré chez la victime pour l'installer. Il en a réinstallé une autre lorsque la première a dysfonctionné, tout cela correspond plutôt à des actes réfléchis qu'à des pulsions.” S'étonnant que le rapport du psychiatre ne fasse état d'aucune pathologie, le représentant du ministère public a finalement requis un an de prison avec sursis.

Déviance sexuelle

Selon l'avocate du prévenu, Me Myriam Toudji, la “seule réponse que l'on peut trouver à la question de savoir pourquoi un individu inconnu de la justice et décrit comme serviable et gentil se livre à des actes de voyeurisme” est qu'il souffre d'une “déviance sexuelle” : la paraphilie. Lors de sa plaidoirie, l'avocate a donc expliqué que son client avait entamé un travail psychologique pour savoir d'où vient cette déviance qui est “commune” chez les hommes. L'affaire a été mise en délibéré au 7 septembre.

Rédigé par Garance Colbert le Samedi 2 Septembre 2023 à 12:12 | Lu 12577 fois