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Journée de la femme : ​La fête sans oublier la réalité des violences


Minarii Galenon, la présidente du Conseil des femmes de Polynésie française.
Minarii Galenon, la présidente du Conseil des femmes de Polynésie française.
Tahiti, le 7 mars 2022 – Le Conseil des femmes de Polynésie célèbre la journée des droits des femmes dans les jardins de Tarahoi de 9 à 20 heures ce mardi. 26 exposants pour un événement festif avec, en message de fond, la nécessité d’œuvrer pour que cessent les violences conjugales.
 
Le Conseil des femmes de Polynésie française célèbre la journée mondiale des droits des femmes, ce mardi, en organisant un événement dans les jardins de l’assemblée à Papeete. Un rendez-vous organisé sur fond d’animation musicale et ponctué de spectacles de danse où sont mis en place des stands d’information et d’exposition-vente. Cette année, le thème mondial de la journée des droits des femmes est La femme et le développement durable. "Nous allons travailler autour de ce thème, avec un côté festif que nous voulons encourager", commente Minarii Galenon, la présidente du Conseil des femmes. 26 exposants sont ainsi attendus dans les jardins de l’assemblée de 9 à 20 heures, ce mardi. Plusieurs exposants avec des produits artisanaux, des peintures, des bijoux, un stand de massage, un atelier bien-être, du coaching, mais aussi un atelier animé par le Centre d'information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF). La journée s’achèvera par une bringue organisée de 18 à 20 heures sur le paepae des jardins de Tarahoi. Une ambiance voulue festive en somme, sans pour autant occulter le message de fond que souhaite promouvoir le Conseil des femmes à travers cette journée.
 
Halte aux violences conjugales
 
"Il faut arrêter les violences faites aux femmes. On ne peut pas continuer comme ça", déplore Minarii Galenon. Une femme violentée, c’est une famille détruite."Une étude réalisée par le ministère de l’Intérieur en août dernier place en effet la Polynésie au deuxième rang des collectivités françaises pour son ratio d’homicides conjugaux. Sur le territoire, autour de 1 500 femmes seraient en outre annuellement victimes de violences conjugales, selon une estimation communiquée par Emmanuel Macron lors de sa visite officielle en juillet dernier. Mais les statistiques manquent pour une visibilité plus précise de ce phénomène sur le territoire. Dans l’immédiat, le Conseil des femmes demande ainsi la mise en place d’un numéro vert, grâce auquel les victimes pourraient se signaler avec un simple un appel gratuit. De quoi permettre une intervention rapide des forces de l’ordre. La requête a été exposée récemment auprès de la nouvelle ministre en charge de la condition féminine, Virginie Bruant. Par ailleurs, toujours afin de mieux appréhender la réalité des violences conjugales, la fédération des associations de défense des droits des femmes plaide en faveur de la création rapide d’un observatoire dédié.
 
Des violences conjugales qui sont aussi selon le Conseil des femmes le fruit d’un déficit dans l’éducation de certaines femmes et du trop grand isolement des victimes. Pour apporter sa contribution à une réponse collective pour remédier à ce problème, la fédération projette la construction du centre de la femme Pu o te hine here, pour étendre les missions du centre Pu o te hau déjà en activité. Un chantier évalué à 206 millions de Fcfp, cofinancé avec le Pays et l’État et pour lequel la fédération des associations pour la protection des droits des femmes a encore besoin de réunir 60 millions de Fcfp. Une partie des recettes réalisées durant la journée du 8 mars sera mise à contribution.

Dans les îles aussi
 
Le Conseil des femmes prolongera les manifestations de la journée internationale des droits des femmes avec un déplacement aux îles Sous-le-Vent. Des ateliers d’échange sont ainsi programmés du 11 au 13 mars sous le chapiteau Vavau à Vaitape, Bora Bora. La délégation du Conseil des femmes est ensuite attendue à Raiatea du 13 au 15 mars. L’année dernière, le Conseil des femmes avait organisé de tels ateliers d’information aux îles Australes. "Notre objectif est bien sûr de défendre les droits des femmes, mais aussi de montrer que l’on est présent, et pas juste à Tahiti", explique Minarii Galenon. "L’objectif c’est aussi de fédérer au sein de notre mouvement de manière à ce que notre voix porte plus au sein de la société polynésienne." Le Conseil des femmes compte aujourd’hui 20 associations et près de 10 000 membres.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Lundi 7 Mars 2022 à 09:19 | Lu 568 fois