Paris, France | AFP | jeudi 16/07/2020 - "Refonder le discours d'une gauche démocratique" et "anti-Macron": c'est après avoir "mûrement réfléchi" à cet objectif que Laurent Joffrin, 68 ans dont plus de 40 dans le journalisme, a décidé de quitter la direction de Libération pour se lancer en politique.
Le directeur de la rédaction et de la publication du quotidien de gauche, dont il est également co-gérant, a annoncé à l'AFP qu'il renonçait à toutes ces fonctions et publierait lundi un "appel à la recomposition de la gauche", une gauche qui serait ni "entièrement écologiste, ni bien sûr d'extrême gauche", mais "réaliste", résume-t-il.
"L'appel", qu'il lancera lundi au cours d'une conférence de presse à Paris, a été signé par une centaines de personnes, "connues ou non", parmi lesquelles "des philosophes, sociologues, experts, comédiens, créateurs, militants d'associations, quelques syndicalistes...".
Laurent Joffrin ne veut pas "faire de la politique" au sens politicien du terme - "je ne cherche aucune fonction élective", dit-il - mais ambitionne de "créer une association" pour aider à "la rénovation du discours politique au plan doctrinal, des valeurs et des propositions".
Il n'est pas question pour autant de larguer complètement les amarres. "Je continuerai à écrire pour le journal ma +lettre politique+ quotidienne", assure-t-il, lettre dans laquelle, chaque jour, il analyse de façon "subjective" la situation politique du pays.
Le 1er juillet, celui qui s'apprête à sortir un livre, intitulé "Anti-Macron" (chez Stock), une compilation de ses lettres quotidiennes, évoquait "l'affaissement de la démocratie française" et "la perte de légitimité des dirigeants" et ce, "quelle que soit leur étiquette politique". Quelques jours auparavant, il s'interrogeait sur "le privilège blanc et cette furieuse bataille autour de ce concept brandi dans certains milieux antiracistes".
"Si je quitte mes fonctions, c'est pour ne pas entraîner le journal dans cette affaire": Libération a vocation à demeurer "le journal d'information" qu'il est, assure-t-il.
Clap de Fin ?
"La presse française a souvent été écrite par des gens engagés en politique", rappelle Laurent Joffrin, en citant Clemenceau, Jaurès...
Mais la potion est dure à faire avaler à ses futurs ex-confrères, à qui il devait écrire une lettre vendredi matin pour expliquer les raisons de son départ.
Sitôt la rédaction informée du projet politique du directeur, les journalistes de "Libé" se sont réunis en assemblée générale pour débattre de sa position au sein du journal. "Laurent Joffrin veut faire de la politique, nous faisons du journalisme", soulignent les salariés du journal dans un communiqué mis en ligne en soirée sur le site de Libération.
Pas question pour eux que Laurent Joffrin poursuive une activité éditoriale et écrive des chroniques. "Mise devant le fait accompli, la rédaction constate que ce nouvel engagement personnel est incompatible avec la poursuite de toute activité éditoriale au sein de Libération", ajoutent-ils.
Ils précisent que Paul Quinio assurera l'intérim "à la direction de la publication ainsi qu'à la cogérance jusqu'à la rentrée".
Alors, clap de fin pour Joffrin? Sa carrière de journaliste avait débuté en 1977, à l'Agence France-presse, avant de se poursuivre au Nouvel Obs, comme directeur de la rédaction, puis à Libération.
Pour devenir journaliste, il avait renoncé à la politique: adolescent, il vit Mai-68 et fonde le comité d'action du lycée Lavoisier à Paris ; de 1972 à 1977, il est membre du PS, à la 18e section de Paris où il milite auprès de Daniel Vaillant, Lionel Jospin, Bertrand Delanoë. Il rejoint également le CERES de Jean-Pierre Chevènement et devient l'un des secrétaires nationaux du mouvement des Jeunes socialistes.
"Je n'ai jamais été d'extrême gauche", insiste celui qui a finalement décidé de revenir à ses premières amours et son autre passion: la politique.
Le directeur de la rédaction et de la publication du quotidien de gauche, dont il est également co-gérant, a annoncé à l'AFP qu'il renonçait à toutes ces fonctions et publierait lundi un "appel à la recomposition de la gauche", une gauche qui serait ni "entièrement écologiste, ni bien sûr d'extrême gauche", mais "réaliste", résume-t-il.
"L'appel", qu'il lancera lundi au cours d'une conférence de presse à Paris, a été signé par une centaines de personnes, "connues ou non", parmi lesquelles "des philosophes, sociologues, experts, comédiens, créateurs, militants d'associations, quelques syndicalistes...".
Laurent Joffrin ne veut pas "faire de la politique" au sens politicien du terme - "je ne cherche aucune fonction élective", dit-il - mais ambitionne de "créer une association" pour aider à "la rénovation du discours politique au plan doctrinal, des valeurs et des propositions".
Il n'est pas question pour autant de larguer complètement les amarres. "Je continuerai à écrire pour le journal ma +lettre politique+ quotidienne", assure-t-il, lettre dans laquelle, chaque jour, il analyse de façon "subjective" la situation politique du pays.
Le 1er juillet, celui qui s'apprête à sortir un livre, intitulé "Anti-Macron" (chez Stock), une compilation de ses lettres quotidiennes, évoquait "l'affaissement de la démocratie française" et "la perte de légitimité des dirigeants" et ce, "quelle que soit leur étiquette politique". Quelques jours auparavant, il s'interrogeait sur "le privilège blanc et cette furieuse bataille autour de ce concept brandi dans certains milieux antiracistes".
"Si je quitte mes fonctions, c'est pour ne pas entraîner le journal dans cette affaire": Libération a vocation à demeurer "le journal d'information" qu'il est, assure-t-il.
Clap de Fin ?
"La presse française a souvent été écrite par des gens engagés en politique", rappelle Laurent Joffrin, en citant Clemenceau, Jaurès...
Mais la potion est dure à faire avaler à ses futurs ex-confrères, à qui il devait écrire une lettre vendredi matin pour expliquer les raisons de son départ.
Sitôt la rédaction informée du projet politique du directeur, les journalistes de "Libé" se sont réunis en assemblée générale pour débattre de sa position au sein du journal. "Laurent Joffrin veut faire de la politique, nous faisons du journalisme", soulignent les salariés du journal dans un communiqué mis en ligne en soirée sur le site de Libération.
Pas question pour eux que Laurent Joffrin poursuive une activité éditoriale et écrive des chroniques. "Mise devant le fait accompli, la rédaction constate que ce nouvel engagement personnel est incompatible avec la poursuite de toute activité éditoriale au sein de Libération", ajoutent-ils.
Ils précisent que Paul Quinio assurera l'intérim "à la direction de la publication ainsi qu'à la cogérance jusqu'à la rentrée".
Alors, clap de fin pour Joffrin? Sa carrière de journaliste avait débuté en 1977, à l'Agence France-presse, avant de se poursuivre au Nouvel Obs, comme directeur de la rédaction, puis à Libération.
Pour devenir journaliste, il avait renoncé à la politique: adolescent, il vit Mai-68 et fonde le comité d'action du lycée Lavoisier à Paris ; de 1972 à 1977, il est membre du PS, à la 18e section de Paris où il milite auprès de Daniel Vaillant, Lionel Jospin, Bertrand Delanoë. Il rejoint également le CERES de Jean-Pierre Chevènement et devient l'un des secrétaires nationaux du mouvement des Jeunes socialistes.
"Je n'ai jamais été d'extrême gauche", insiste celui qui a finalement décidé de revenir à ses premières amours et son autre passion: la politique.