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Jean-Marc Morandini condamné à 6 mois de prison avec sursis probatoire pour harcèlement sexuel


Crédit Alain JOCARD / AFP
Crédit Alain JOCARD / AFP
Paris, France | AFP | mardi 29/08/2023 - L'animateur de télévision Jean-Marc Morandini a été condamné mardi à six mois de prison assorti d'un sursis probatoire de deux ans pour harcèlement sexuel à l'encontre d'un comédien de 19 ans.

M. Morandini, 57 ans, s'était déjà vu infliger un an de prison avec sursis pour corruption de mineurs en décembre.

La chaîne CNews (groupe Canal Plus) a indiqué que l'animateur allait continuer à présenter son émission. "Nous sommes attachés au respect de la présomption d'innocence", a-t-elle fait valoir dans un communiqué.

Absent à l'audience, Jean-Marc Morandini devra en outre payer une amende de 10.000 euros et indemniser la jeune victime - prénommée Gabriel - à hauteur de 13.000 euros notamment pour préjudice d'image.

Il a également l'obligation de suivre des soins psychologiques et se voit privé de son droit d'éligibilité pour trois ans. S'il ne suivait pas les injonctions du tribunal durant les deux prochaines années, son sursis (dit "probatoire") serait révoqué.

L'animateur était poursuivi pour avoir encouragé des comédiens, âgés de 19 à 26 ans au moment des faits, entre juin et septembre 2015, à s'exhiber nus pour les castings d'une web-série intitulée "Les Faucons" dont il était le producteur.

Une pseudo directrice de casting, Catherine Leclerc - qui n'était autre que Jean-Marc Morandini sous pseudonyme - leur avait adressé des courriels pour leur demander avec insistance d'envoyer des vidéos d'eux nus, le pubis rasé, et de scènes de masturbation parfois avec éjaculations.

Selon les enquêteurs, le "personnage totalement fictif" de Catherine Leclerc, constituait une "figure maternelle et sécurisante inspirant confiance" notamment au plus jeune des plaignants, Gabriel, comédien sans agent, sans formation et sans expérience du milieu du cinéma, l'incitant "à toujours repousser ses limites dans l'acte de nature sexuelle, sous le prétexte allégué de travailler sa posture de comédien".

Ce jeune homme avait notamment reçu en août 2015 deux mails de la fausse Catherine, signés "maman", lui demandant s'il était prêt à faire une fellation à Jean-Marc Morandini "qui n'est pas n'importe qui".

Soucieux de ne pas passer à côté de l'opportunité de devenir comédien, il répondait: "Il est évident que je ne vais pas faire le difficile sur la nudité (...). J'obéirai à ce que vous m'ordonnerez".

"Intérêt financier"

"Les demandes de Jean-Marc Morandini sont allées crescendo. Gabriel ne faisait que répondre aux sollicitations réitérées alors qu'il se trouvait pris dans un engrenage psychologique mis en place par le prévenu", a affirmé la présidente de la 31e chambre correctionnelle, lisant le jugement.

Elle a également insisté sur "l'intérêt financier" de M. Morandini qui souhaitait commercialiser sur internet une version interdite au moins de 16 ans de la web-série. "Lors de la commercialisation des épisodes, les rushs étaient vendus plus chers que les épisodes eux-mêmes. Jean-Marc Morandini avait donc un intérêt financier à ce que le jeune homme accepte d'aller toujours plus loin dans ce domaine", a estimé la présidente.

Concernant la plainte pour travail dissimulé à l'encontre de cinq comédiens dont Gabriel, le tribunal a reconnu l'animateur coupable et condamné la société "Ne zappez pas ! Production" (NZPP), dont il est l'unique gérant, à une amende de 10.000 euros.

"C'est une victoire implacable sur toute la ligne", s'est félicité après l'audience un des avocats des plaignants, Me Arash Derambarsh.

"C’est une décision juste et claire", a commenté de son côté l'avocat de Gabriel, Me Antoine Lachenaud.

Aucun des plaignants n'était présent à l'audience.

Les avocates de M. Morandini, Mes Céline Laseck et Florence Rault ont annoncé qu'elles feraient appel aussitôt. "Il est, et demeure, présumé innocent et ses avocats se chargeront de faire respecter strictement cette  présomption d’innocence dans les médias et sur les réseaux sociaux", ont-elle averti.

En décembre, l'animateur avait déjà été condamné à une peine d'un an de prison avec sursis assortie d'une obligation de soin de deux ans et son inscription au fichier des auteurs d'infractions sexuelles ou violentes (Fijais) pour des faits de "corruption de mineurs" commis sur trois adolescents entre 2009 et 2016, lors d'échanges électroniques à caractère sexuel et d'un casting à son domicile. Il a fait appel de cette condamnation.

le Mercredi 30 Août 2023 à 06:45 | Lu 520 fois