PAPEETE, 19 mai 2019 - Fidèle militant, président du parti Te Nati, la branche polynésienne du Rassemblement National, Éric Minardi est le seul candidat polynésien à avoir des chances raisonnables d'accéder au Parlement européen à l'issue du scrutin de ce week-end. Interview.
Cette 25e place sur la liste du Rassemblement National pour les Européennes, comment vous a-t-elle été présentée par le parti ?
A la méritocratie, Marine Le Pen pense que je suis quelqu’un qui a largement contribué, en Polynésie française et dans les outre-mer, à donner une bonne image du Rassemblement National.
Pensez-vous être en position éligible ?
Oui. Pourquoi ? Nous recueillons aujourd’hui (vendredi) autour de 23,5 % des intentions de vote, ce qui nous place en tête au niveau national. Mais il faut bien comprendre que certains de nos électeurs ne disent pas qu’ils vont voter. Avec la mauvaise image que l’on nous a collé – raciste, économiquement pas bons, etc. – nos électeurs ne déclarent pas toujours leur intention. Et souvent, nous avons de meilleurs résultats lors du vote que ceux prévus par les sondages. C’est ce qui s’est passé en 2014. On nous créditait d’un score autour de 20 %. On a fait plus de 24 %. Nous avons eu 24 eurodéputés. Depuis, le mode de scrutin a changé. Il sera à la proportionnelle sur une circonscription unique. Et les électeurs des listes qui n’auront pas totalisé 5 % des suffrages exprimés viendront gonfler les sièges donnés aux listes qui auront franchi ce seuil. Cela nous donnera plus d’élus. Je pense que l’on peut arriver à 30 élus cette année. Et de toute façon, si je n’étais pas élu le 26 mai je le serais après les élections régionales, en 2020. Certains eurodéputés préféreront sans doute prendre des postes régionaux. Cela fera monter les suivants de liste.
Quel résultat visez-vous localement ?
Une dame m’a appelé tout à l’heure pour m’annoncer qu’elle fait campagne pour moi à Taravao. Certains maires dont je ne donnerai pas le nom me soutiennent. Des gens du Tapura, très bien placés, m’assurent que j’ai leur voix. Au Tahoera’a, les militants ont aujourd’hui un problème : ils ne comprennent pas qu’on les ait appelé à voter Marine Le Pen à la Présidentielle et maintenant pour un inconnu, M. Bellamy, sans avoir d’investiture et sans aucune représentativité.
Vous comprenez cette versatilité ?
Je pense que les hommes politiques traditionnels posent problème. C’est vrai que je n’ai pas les manières d’un homme politique : je n’ai pas fait d’études. Je suis un ouvrier qui a réussi ; mais je suis un chef d’entreprise. Et les gens, leur premier besoin, c’est un travail. Ils se tournent vers moi pour cela, parce qu’il y a peut-être du boulot à récupérer. C’est là-dessus que je me battrai. Les hommes politiques, comme je les vois au Tapura et au Tahoera’a qui changent sans cesse de parti, un jour à droite, l’autre à gauche, ensuite avec Macron, en fonction de leur intérêt, les électeurs commencent à en avoir marre. Ils veulent du concret. Et depuis 33 ans que je suis ici, tout ce que j’ai créé à bien marché.
Si jamais vous étiez élu, fin mai, serez-vous un eurodéputé Rassemblement National ou un eurodéputé polynésien ?
D’abord, je serai déjà un eurodéputé pour l’outre-mer, avec mon cœur qui bat au fenua. Le programme de la liste soutenue par Marine Le Pen touche tous les secteurs de l’outre-mer. Pour la Polynésie, je le répète, je serai à la disposition de tous les élus ou les intervenants qui voudront bien collaborer avec moi. Quand je vois le travail fait par les parlementaires polynésiens à Paris sur la question du nucléaire, Je veux porter le fait nucléaire jusqu'au Parlement européen.
Pour obtenir quoi du parlement européen ?
Des fonds déjà. Il ne faut pas oublier que plusieurs pays d’Europe, notamment lors des grands froids, sont amenés à consommer l’électricité produite par les 54 centrales nucléaires françaises. Je pense qu'il est juste que l’Europe sache que si la France dispose de l’énergie nucléaire, c’est aussi grâce à la Polynésie.
Quand je vois que l’EDF (Electricité de France, ndlr) donne 1 % de son chiffre d’affaires à son comité d’entreprise, cela représente en 90 et 100 milliards Fcfp. Je n’ai rien contre les employés d’EDF, ni contre leur bien-être. Mais il faut savoir que nous, en Polynésie, nous avons des centaines de malades atteints de cancers radio-induits ; que cela coûte des milliards à la collectivité et que ce sera encore le cas pendant des décennies.
Il faut savoir aussi que la France verse 23 milliards d’euros à l’Europe et qu’elle n’en récupère que près de 16, chaque année. Sur cette différence de 7 milliards d’euros, on pourrait récupérer une part.
Vous avez parlé de cette question du nucléaire avec Marine Le Pen ?
Oui. Elle me soutient.
Quels autres dossiers vous semblent prioritaires ?
La protection de la zone économique exclusive polynésienne. Je pense qu’il est utile de savoir qu’il n’y a pas que des bateaux chinois qui croisent à la bordure de notre ZEE. Un autre dossier qui me tient à cœur la création d’une université internationale de la mer, ici en Polynésie. Nous avons besoin que nos jeunes gagnent en expertise et apprennent ce qui se passe au niveau des océans. Je pense qu’il faut éviter de permettre à des laboratoires européens de venir ici sans passer par une structure existante.
Une autre piste de travail que je tiens à mettre en avant s’adresse aux communes. Le Fonds européen de développement (FED) a apporté près de 15 milliards de francs en 60 ans en Polynésie. Cela représente 250 millions par an. C’est une miette ! Je trouve anormal que les fonds européens ne contribuent pas plus. Nous voulons créer une interface entre PTOM (Pays et territoires d’outre-mer de l’Union européenne, ndlr) et RUP (Région ultrapériphérique de l’Union européenne, ndlr). Cela nous permettrait d’accéder à plus de fonds. Et pour cela, il faut un eurodéputé polynésien qui soit prêt à se battre pour ces dossiers. Je ne suis attaché à aucune couleur politique. Dans le Te Nati Rassemblement National polynésien, nous avons des gens du Tahoera’a, du Tapura, du mouvement écologiste, des gens du Tavini. Tous nous disent qu’ils sont au Rassemblement National polynésien parce que le projet que l’on porte les intéresse.
Votre parti, Te Nati, sera-t-il en course pour les municipales ?
Je pense qu’il faut aborder une élection après l’autre. Voyons d’abord ce que nous faisons comme score aux Européennes. Il est certain que si je suis élu au Parlement européen, cela me donnera des moyens supplémentaires.
Cette 25e place sur la liste du Rassemblement National pour les Européennes, comment vous a-t-elle été présentée par le parti ?
A la méritocratie, Marine Le Pen pense que je suis quelqu’un qui a largement contribué, en Polynésie française et dans les outre-mer, à donner une bonne image du Rassemblement National.
Pensez-vous être en position éligible ?
Oui. Pourquoi ? Nous recueillons aujourd’hui (vendredi) autour de 23,5 % des intentions de vote, ce qui nous place en tête au niveau national. Mais il faut bien comprendre que certains de nos électeurs ne disent pas qu’ils vont voter. Avec la mauvaise image que l’on nous a collé – raciste, économiquement pas bons, etc. – nos électeurs ne déclarent pas toujours leur intention. Et souvent, nous avons de meilleurs résultats lors du vote que ceux prévus par les sondages. C’est ce qui s’est passé en 2014. On nous créditait d’un score autour de 20 %. On a fait plus de 24 %. Nous avons eu 24 eurodéputés. Depuis, le mode de scrutin a changé. Il sera à la proportionnelle sur une circonscription unique. Et les électeurs des listes qui n’auront pas totalisé 5 % des suffrages exprimés viendront gonfler les sièges donnés aux listes qui auront franchi ce seuil. Cela nous donnera plus d’élus. Je pense que l’on peut arriver à 30 élus cette année. Et de toute façon, si je n’étais pas élu le 26 mai je le serais après les élections régionales, en 2020. Certains eurodéputés préféreront sans doute prendre des postes régionaux. Cela fera monter les suivants de liste.
Quel résultat visez-vous localement ?
Une dame m’a appelé tout à l’heure pour m’annoncer qu’elle fait campagne pour moi à Taravao. Certains maires dont je ne donnerai pas le nom me soutiennent. Des gens du Tapura, très bien placés, m’assurent que j’ai leur voix. Au Tahoera’a, les militants ont aujourd’hui un problème : ils ne comprennent pas qu’on les ait appelé à voter Marine Le Pen à la Présidentielle et maintenant pour un inconnu, M. Bellamy, sans avoir d’investiture et sans aucune représentativité.
Vous comprenez cette versatilité ?
Je pense que les hommes politiques traditionnels posent problème. C’est vrai que je n’ai pas les manières d’un homme politique : je n’ai pas fait d’études. Je suis un ouvrier qui a réussi ; mais je suis un chef d’entreprise. Et les gens, leur premier besoin, c’est un travail. Ils se tournent vers moi pour cela, parce qu’il y a peut-être du boulot à récupérer. C’est là-dessus que je me battrai. Les hommes politiques, comme je les vois au Tapura et au Tahoera’a qui changent sans cesse de parti, un jour à droite, l’autre à gauche, ensuite avec Macron, en fonction de leur intérêt, les électeurs commencent à en avoir marre. Ils veulent du concret. Et depuis 33 ans que je suis ici, tout ce que j’ai créé à bien marché.
Si jamais vous étiez élu, fin mai, serez-vous un eurodéputé Rassemblement National ou un eurodéputé polynésien ?
D’abord, je serai déjà un eurodéputé pour l’outre-mer, avec mon cœur qui bat au fenua. Le programme de la liste soutenue par Marine Le Pen touche tous les secteurs de l’outre-mer. Pour la Polynésie, je le répète, je serai à la disposition de tous les élus ou les intervenants qui voudront bien collaborer avec moi. Quand je vois le travail fait par les parlementaires polynésiens à Paris sur la question du nucléaire, Je veux porter le fait nucléaire jusqu'au Parlement européen.
Pour obtenir quoi du parlement européen ?
Des fonds déjà. Il ne faut pas oublier que plusieurs pays d’Europe, notamment lors des grands froids, sont amenés à consommer l’électricité produite par les 54 centrales nucléaires françaises. Je pense qu'il est juste que l’Europe sache que si la France dispose de l’énergie nucléaire, c’est aussi grâce à la Polynésie.
Quand je vois que l’EDF (Electricité de France, ndlr) donne 1 % de son chiffre d’affaires à son comité d’entreprise, cela représente en 90 et 100 milliards Fcfp. Je n’ai rien contre les employés d’EDF, ni contre leur bien-être. Mais il faut savoir que nous, en Polynésie, nous avons des centaines de malades atteints de cancers radio-induits ; que cela coûte des milliards à la collectivité et que ce sera encore le cas pendant des décennies.
Il faut savoir aussi que la France verse 23 milliards d’euros à l’Europe et qu’elle n’en récupère que près de 16, chaque année. Sur cette différence de 7 milliards d’euros, on pourrait récupérer une part.
Vous avez parlé de cette question du nucléaire avec Marine Le Pen ?
Oui. Elle me soutient.
Quels autres dossiers vous semblent prioritaires ?
La protection de la zone économique exclusive polynésienne. Je pense qu’il est utile de savoir qu’il n’y a pas que des bateaux chinois qui croisent à la bordure de notre ZEE. Un autre dossier qui me tient à cœur la création d’une université internationale de la mer, ici en Polynésie. Nous avons besoin que nos jeunes gagnent en expertise et apprennent ce qui se passe au niveau des océans. Je pense qu’il faut éviter de permettre à des laboratoires européens de venir ici sans passer par une structure existante.
Une autre piste de travail que je tiens à mettre en avant s’adresse aux communes. Le Fonds européen de développement (FED) a apporté près de 15 milliards de francs en 60 ans en Polynésie. Cela représente 250 millions par an. C’est une miette ! Je trouve anormal que les fonds européens ne contribuent pas plus. Nous voulons créer une interface entre PTOM (Pays et territoires d’outre-mer de l’Union européenne, ndlr) et RUP (Région ultrapériphérique de l’Union européenne, ndlr). Cela nous permettrait d’accéder à plus de fonds. Et pour cela, il faut un eurodéputé polynésien qui soit prêt à se battre pour ces dossiers. Je ne suis attaché à aucune couleur politique. Dans le Te Nati Rassemblement National polynésien, nous avons des gens du Tahoera’a, du Tapura, du mouvement écologiste, des gens du Tavini. Tous nous disent qu’ils sont au Rassemblement National polynésien parce que le projet que l’on porte les intéresse.
Votre parti, Te Nati, sera-t-il en course pour les municipales ?
Je pense qu’il faut aborder une élection après l’autre. Voyons d’abord ce que nous faisons comme score aux Européennes. Il est certain que si je suis élu au Parlement européen, cela me donnera des moyens supplémentaires.