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Jacky Bryant focalisé sur le 1er tour


“Je ne suis pas comme le Tavini à bouder une élection en fonction de mes intérêts.” Comme à chaque rendez-vous électoral, Heiura-Les Verts présente ses candidats et Jacky Bryant se présente sur la 1re circonscription. Crédit photo SD
“Je ne suis pas comme le Tavini à bouder une élection en fonction de mes intérêts.” Comme à chaque rendez-vous électoral, Heiura-Les Verts présente ses candidats et Jacky Bryant se présente sur la 1re circonscription. Crédit photo SD
Tahiti, le 25 juin 2024 – Jacky Bryant pour Heiura-Les Verts continue de saisir chaque élection pour se faire le porte-voix de l’écologie et de la transition énergétique. Face à un Rassemblement national en pleine ascension, il rappelle l’Histoire et met en garde. Au plan local, le clivage indépendance/autonomie est, selon lui, une façon de “continuer à abrutir” les électeurs. Interview.
 

L’enjeu qui est proposé aujourd’hui par vos adversaires, c’est de demander aux électeurs de choisir entre des députés indépendantistes et autonomistes. Allez-vous surfer sur ce clivage pour tirer votre épingle du jeu ?
 
“C’est très malin de confisquer le débat politique sur un choix de société réduit à des institutions. Mais ça fait 40 ans qu’on est dans cette logique. La Polynésie, aussi petite soit-elle, vit dans une mondialisation pour laquelle aujourd’hui on paie cash ce que les pays les plus industrialisés rejettent dans l’atmosphère. Nous vivons les effets de serre, la montée des eaux, des phénomènes de plus en plus catastrophiques... et se réfugier derrière une ligne autonomie/indépendance pour traiter des fondamentaux d’une société, c’est avoir un peu de mépris pour les électeurs, au pire, c’est continuer à les abrutir.”
 
C’est voir le problème par le petit bout de la lorgnette ?
 
“Complètement ! C’est l’arbre qui cache la forêt. Quel est le choix de société indépendantiste en termes de développement durable ? En termes de sortie de ce système économique industrialisé ? Quelle est la position des autonomistes qui se sont réunis aujourd’hui ? J’ai entendu depuis le début de la campagne des milliards, toujours des milliards, beaucoup de milliards. Alors pourquoi autant de milliards déversés en Polynésie nous amène à des situations dans nos quartiers où on peut s’interroger sur la redistribution de la richesse ? Donc ça nécessite beaucoup de conviction mais aussi des relations fortes avec nos partenaires à l’extérieur, dans le Pacifique ou en France, pour que nous ayons un discours qui soit porté à tous les échelons de nos institutions.”
 
Au-delà de ce clivage indépendantistes/autonomistes, on voit bien que le Rassemblement national prend de plus en plus de place sur l’échiquier politique national, et même au niveau local. Comment se positionne Heiura-Les Verts là-dessus ?
 
“Je n’ai pas changé par rapport à l’extrême droite. L’extrême droite puise son origine, pour partie du Front national, chez les SS. Il faut savoir ce que c’est cette période douloureuse que le peuple français, et particulièrement le peuple juif, a vécue. Même si on se modernise et que derrière les apparences, on a l’impression qu’on a changé, on n‘efface pas le passé et le risque que l’on prend, c’est une menace pour la France. Le Medef, qui s’est réuni il y a quelques jours, pointe clairement du doigt le risque économique pour la France parce qu’on a ouvert des dépenses à tout va pour faire plaisir, mais à aucun moment, on a trouvé des éléments de réponse. Comment on paie ?  Est-ce qu’on continue à couler le pays en creusant la dette ? La question va être posée à la Polynésie de la même manière.”
 
Brigitte Girardin, en d’autres temps, avait menacé de “couper les robinets” pour la Polynésie. Si le Rassemblement national arrivait au pouvoir demain dans le cadre d’une cohabitation, craignez-vous que la Polynésie doive renoncer aux 18 milliards de francs que l'État lui envoie chaque année au titre de la dette nucléaire ?
 
“Non. Depuis quinze jours, trois semaines, Jordan Bardella recule sur tout. Marine Le Pen recule sur tout. On a parlé des retraites mais on a aussi parlé d’autres facteurs sur lesquels ils ont des doutes. Ils sont en train de passer la serpillère pour tout ramasser. Mais il y a le principe de réalité. Et demain, même s’il passait, la Polynésie continuera.”
 
On s’était vus lors des européennes et cela coïncidait avec le bilan du Tavini et de Moetai Brotherson après un an de gouvernance. Vous aviez alors parlé de “désillusion”. Or, lors des dernières territoriales, vous aviez appelé à voter bleu pour le second tour. Aurez-vous la même consigne de vote cette fois-ci ?
 
“(...) Je ne suis pas comme le Tavini à bouder une élection en fonction de mes intérêts. Donc on a des désaccords profonds sur le fonctionnement de nos institutions. On est concentré sur le premier tour, mais sinon, on demandera au Tavini de voter pour nous parce qu’on sera au second tour (rires).”

Rédigé par Stéphanie Delorme le Mardi 25 Juin 2024 à 14:32 | Lu 1467 fois