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JO : quel bilan pour les commerçants ?


Les barraques des forains de Teahupo’o, à l’entrée du PK 0 (Crédit : Anne-Charlotte Lehartel).
Les barraques des forains de Teahupo’o, à l’entrée du PK 0 (Crédit : Anne-Charlotte Lehartel).
Tahiti, le 6 août 2024 – Après des débuts difficiles, l’adaptation des restrictions, le lancement de la compétition et l’exploitation de la totalité de la waiting period ont permis aux professionnels de Teahupo’o de bénéficier des retombées économiques des épreuves olympiques de surf. L’impact diffère toutefois selon les secteurs d’activité et la localisation, comme nous l’avons constaté jusqu’à Taravao.


Au lendemain du sacre de Kauli Vaast, l’effervescence est retombée : le PK 0 de Teahupo’o a retrouvé son calme, ainsi que sa libre circulation. Tandis que les premiers démontages des installations temporaires sont en cours, l’heure est au bilan pour les professionnels du secteur. Contrairement aux hébergeurs et prestataires nautiques intégrés à l’événement, les commerçants ne savaient pas à quoi s’attendre en termes de retombées économiques.
 

Jackpot pour le restaurant


Si les débuts ont été difficiles, avec la mise en œuvre d’un filtrage dès le 20 juillet pour la semaine d’entraînement, le lancement de la compétition a marqué un tournant. Pour le gérant du restaurant de la fin de la route, le réveil a été difficile, mardi matin, mais pour de bonnes raisons. “Dès que la compétition a commencé et que les spectateurs sont arrivés, on a vu une grande différence. On a carrément mieux tourné que lors de la WSL ! J’ai triplé mon chiffre d’affaires. On a même dû refuser des clients par manque de place. On est carrément fatigués”, confie Elvis Parker, qui a retrouvé le sourire.
 
Juste en face, à la fan zone du PK 0, plusieurs artisans affiliés au comité du tourisme de Taiarapu-Ouest se sont relayés pour vendre leurs créations. “Pour ma part, ça s’est très bien passé à chaque fois que j’ai pu venir exposer. J’ai bien vendu, sauf le dernier jour. Il y avait beaucoup de monde, mais les gens étaient absorbés par la compétition”, analyse Myriam Lucas, sans regret, car “très heureuse” d’avoir pu assister au triomphe du surfeur de Vairao.
 

“Pas aussi doré” pour d’autres


Du côté des barraques, délocalisées à l’entrée du PK 0, l’ambiance était aussi à la fête, même si le bilan est plus mitigé. “On a mal vécu les restrictions d’accès. On a eu quelques belles journées, et beaucoup de monde pour les finales, donc on a réussi à redresser les comptes. Ces Jeux vont rester un bon souvenir même si, pour nous les forains, ça n’a pas été aussi doré qu’on aurait souhaité”, remarque Bélina Reva, qui a hâte de retrouver ses habitudes sur la plage, dès la prochaine Tahiti Pro.
 
Avec une waiting period poussée à son maximum grâce aux aléas météorologiques, soit dix jours, du 27 juillet au 5 août, les retombées ont été optimisées pour l’unique supérette de Teahupo’o. “Quand le filtrage a enfin été décalé à la paroisse, on a commencé à voir plus de gens de l’extérieur, des délégations et des habitués. J’ai retrouvé la même fréquentation que lors de la WSL. À l’aller ou au retour de la fan zone, on a aussi eu pas mal de locaux. Le bilan est positif, mais pour la deuxième semaine uniquement”, explique le gérant, Randy Li Chin Foc, soulagé par l’adaptation du dispositif de sécurité.
 

Des initiatives jusqu’à Taravao

Dans les communes voisines, certaines enseignes ont continué à tourner sans changement notable. C’est le cas d’un snack situé dans un petit centre commercial de Vairao. “On n’a pas constaté plus d’affluence que d’habitude”, nous a confié une serveuse. “On a eu une petite augmentation des ventes en juillet, mais ce n’est pas extraordinaire”, confirme Rarahu Lehartel, vendeuse de cosmétiques locaux. Construit pour l’occasion par la commune, le village des artisans de Vairao aurait eu son quota de visiteurs. “Notre chance, c’est que nous n’avions pas de restrictions d’accès. Tous les artisans ont bien vendu leurs produits. Nous avons reçu des délégations de Paris 2024, mais aussi de l’Afrique du Sud, du Pérou ou encore du Portugal, et pas mal de touristes”, témoigne Vaihere Huriore, en tant que référente.
 
À Toahotu, c’est un collectif d’une douzaine d’artisans qui avait pris ses quartiers à la mairie, spécialement pour l’événement, comme nous l’a précisé Sylvie, en charge de la coordination. “Habituellement, on n’expose qu’un week-end, mais là on s’est relayé en équipes, comme des athlètes ! Dans l’ensemble, tout le monde est à peu près satisfait et le bilan est plutôt positif. Heureusement que certains d’entre nous parlent anglais, car on a reçu pas mal de touristes grâce à nos banderoles.”
 
Taravao étant une zone de transit pour les spectateurs de la fan zone – invités à se garer à Faratea pour se rendre au PK 0 en bus –, pour Annabella, vendeuse de fruits et légumes dans le centre-ville, “les Jeux olympiques, ça n’a pas changé les ventes : c’était comme d’habitude”. D’autres, au contraire, ont perçu un regain d’affluence. “On a vu passer beaucoup plus de touristes qui venaient remplir leur voiture, faire des courses et aussi apprendre quelques mots de tahitien”, s’amuse Ingaal, employé d’une station-service. Des restaurateurs de Taravao ont d’ailleurs saisi l’opportunité. Une soirée pour célébrer la fin des épreuves de surf a affiché complet, lundi, tandis qu’une autre enseigne avait fait le pari d’ouvrir tous les jours pendant la durée de la compétition, avec un bilan positif à la clé. “On a été agréablement surpris. Ça valait le coup !”, assure la gérante, tout en sachant que cette période coïncide avec la haute saison touristique.

Rédigé par Anne-Charlotte Lehartel le Mardi 6 Août 2024 à 17:56 | Lu 3603 fois