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Ivres, deux fêtards molestent des policiers et passent deux nuits à Nuutania


Policiers municipaux et nationaux ont eu maille à partir avec des fêtards un peu trop désinhibés par l'alcool le week-end dernier dans les bars de Papeete. (Illustration)
Policiers municipaux et nationaux ont eu maille à partir avec des fêtards un peu trop désinhibés par l'alcool le week-end dernier dans les bars de Papeete. (Illustration)
PAPEETE, le 7 août 2017 - Jugés ce lundi en comparution immédiate, ils ont juré qu'on ne les y reprendrait plus après l'expérience de ces 48 heures en détention provisoire. Ils ont écopé de peines d'avertissement et sont repartis libres.


L'alcool à très haute dose fait souvent faire n'importe quoi, même à des gens qui n'ont a priori pas des profils de délinquant. Vendredi dernier, vers 3 h 45 du matin, un jeune homme de 23 ans jusque-là inconnu des forces de l'ordre, et qui avait passé la soirée à boire comme tant d'autres dans les bars du quartier du commerce, s'en est ainsi pris physiquement à un policier municipal.

L'agent, appelés avec des collègues pour ramener l'ordre, s'apprêtait à interpeller deux individus qui s'étaient bagarrés et semaient le bazar dans la rue Colette quand le jeune homme, menuisier à la ville, s'est violemment interposé pour l'en empêcher. Pas de grosses blessures pour le policier, mais un coup de pied porté en plein thorax, quand même, ainsi qu'à l'autorité qu'est censée incarner l'uniforme.

Remis aux policiers de la DSP pour être placé en dégrisement, le jeune homme avait plus d'1,6 gramme d'alcool dans le sang. De la bière et du whisky, a-t-il expliqué, un cocktail qui lui a fait perdre la tête. Et qui lui a aussi valu de passer son week-end en détention provisoire à Nuutania, en attendant d'être jugé ce lundi en comparution immédiate. Le jeune menuisier s'est confondu en excuses, tout penaud à la barre, visiblement traumatisé par son séjour, aussi bref soit-il, en cellule : "Nuutania, ce n'est vraiment pas ma place, ça m'a bien fait réfléchir ! Tout est allé très vite, je n'ai pas réussi à maîtriser ma réaction à cause de l'alcool. J'étais complètement ivre, je titubais". "Un acte isolé dans sa vie", a plaidé son avocate devant le tribunal qui l'a finalement condamné à 2 mois de prison, qu'il n'aura pas à faire s'il effectue dans les délais 110 heures de travail d'intérêt général.

Bis repetita

Le second fêtard, désinhibé par les 2 grammes d'alcool qu'il avait dans le sang, s'en était pris, lui, à deux fonctionnaires de police venus lui rappeler samedi soir qu'on ne déambulait pas dans un tel état sur la voie publique. Insultes, rébellion, coups de tête porté à un policier dans la voiture qui le conduisait au poste, ce fonctionnaire contractuel au collège de Huahine, père de famille, ne s'attendait pas plus que le premier à finir son week-end en détention provisoire à Nuutania en attendant l'audience de jugement.

"Je regrette cet incident, mais la prison, là, ça m'a bien réfléchir". Le trentenaire semble sincère, perd sa respiration et ses moyens, tremblote quand il raconte à la barre cette expérience pour laquelle il n'était pas préparé : "C'est chaud là-bas, c'est agité, c'est très chaud, je n'ai pas ma place là-bas". Il fait amende honorable sur tout, reconnaît ses problèmes d'alcool, jure qu'il va s'inscrire à la croix bleue, suggère au tribunal de le condamner à n'importe quoi mais pas à la prison. Le papa, qui était venu de Huahine fêter l'anniversaire de sa fille, s'en sort avec 4 mois de prison avec sursis et une dispense d'inscription de la condamnation au casier judiciaire.

"J'observe que ce genre de violences contre des personnes dépositaires de l'autorité publique à tendance à se répéter ces derniers mois en Polynésie française", a déploré le procureur de la République Hervé Leroy, rappelant que les gardiens de la paix avaient justement pour mission de la garder, la paix.

"S'il y a comparution immédiate, c'est pour faire passer le message qu'en Polynésie française, on respecte les forces de l'ordre", a ajouté le représentant du ministère public. "Il n'y a pas à bafouer l'autorité. Je pense qu'ils ont compris ce que représentait la privation de liberté".
Le tribunal a prononcé deux peines d'avertissement pour ces actes qu'il espère "isolés", "en plus d'être allés à Nuutania pendant deux jours", a glissé la présidente en fin d'audience.

Rédigé par Raphaël Pierre le Lundi 7 Août 2017 à 17:51 | Lu 7331 fois