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Israël sommé de coopérer pour l'aide à Gaza, admet des "erreurs" dans la mort des sept humanitaires


Crédit MOHAMMED ABED / AFP
Crédit MOHAMMED ABED / AFP
Territoires palestiniens | AFP | vendredi 05/04/2024 - Israël subit vendredi une pression internationale croissante pour laisser entrer davantage d'aide humanitaire dans la bande de Gaza, au bord de la famine, au moment où son armée a admis de "graves erreurs" dans la mort de sept humanitaires, tués dans une frappe.

La bande de Gaza est le théâtre depuis près de six mois d'une guerre dévastatrice entre Israël et le Hamas, déclenchée par une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien sur le sol israélien le 7 octobre. 

Selon un dernier bilan vendredi du ministère de la Santé du Hamas, 33.091 personnes, majoritairement des civils, y ont été tuées.

Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a exigé vendredi l'arrêt de toute vente d'armes à Israël, dans une résolution évoquant les craintes de "génocide" contre les Palestiniens.

Le président américain, Joe Biden, avait lui évoqué jeudi pour la première fois la possibilité de conditionner l'aide américaine à Israël à des mesures "tangibles" face à la catastrophe humanitaire à Gaza.

- "Mesures immédiates" -
Le cabinet de sécurité israélien a approuvé des "mesures immédiates pour augmenter l'aide humanitaire à la population civile" à Gaza, a déclaré vendredi le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu dans un communiqué.

Israël va autoriser l'acheminement "temporaire" de l'aide par le port israélien d'Ashdod, à environ 40 kilomètres au nord de la bande de Gaza, et par le point de passage d'Erez, entre le territoire palestinien et le sud d'Israël.

Les autorités israéliennes vont aussi permettre "l'augmentation de l'aide jordanienne par Kerem Shalom", poste-frontière du sud d'Israël.

Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a déclaré vendredi que Washington attendait des "résultats" après ces engagements, et l'Allemagne a aussi appelé Israël à mettre en oeuvre "rapidement" ses promesses, estimant que ce pays n'avait "plus d'excuses". 

Israël mène une vaste opération militaire dans la bande de Gaza depuis l'attaque du 7 octobre, menée par des commandos du Hamas infiltrés depuis ce territoire. L'attaque a entraîné la mort de 1.170 personnes du côté israélien, en majorité des civils tués le jour même, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de chiffres officiels israéliens.

Plus de 250 personnes ont été enlevées au cours de l'attaque et emmenées comme otages dans la bande de Gaza, où 130 sont toujours détenues, parmi lesquelles, selon l'armée israélienne, 34 sont mortes.

Israël s'est juré d'anéantir le Hamas, qui a pris le pouvoir en 2007 dans la bande de Gaza et qui est considéré comme une organisation terroriste par les Etats-Unis, Israël et l'Union européenne notamment.

- Demande d'enquête "indépendante" -
La pression internationale s'accentue chaque jour davantage sur Israël, notamment depuis la mort lundi soir de sept membres de l'ONG World Central Kitchen (WCK), un Palestinien et six étrangers, dans une frappe israélienne dans la bande de Gaza.

L'armée israélienne a affirmé vendredi dans un rapport avoir commis une série d'"erreurs graves", notamment d'appréciation, soulignant qu'elle avait voulu viser un "homme armé du Hamas" tirant depuis le toit d'un des camions d'aide. 

Evoquant aussi des "violations des procédures opérationnelles normales", elle a reconnu que WCK avait bien communiqué son plan de route, mais les militaires chargés des frappes ne l'avaient pas en mains. Deux officiers impliqués dans cette bavure vont être limogés, selon le rapport.

WCK a demandé vendredi la création d'une commission d'enquête "indépendante", et la Pologne, dont un ressortissant fait partie des victimes, a indiqué avoir réclamé à Israël "une enquête criminelle" pour "meurtre".

Sur le terrain, le bureau de presse du Hamas a fait état vendredi de frappes aériennes et tirs d'artillerie à travers la bande de Gaza, notamment à Rafah (sud), où s'entassent près de 1,5 million de Palestiniens déplacés par les combats, et Khan Younès (sud).

Dans cette dernière ville, l'armée israélienne a dit avoir détruit "une infrastructure terroriste souterraine" et localisé des armes.

Selon le ministère de la Santé du Hamas, 56 corps ont été transportés dans des hôpitaux, dont une majorité d'enfants, de femmes et personnes âgées.

Les bombardements et l'offensive terrestre des forces israéliennes ainsi que le siège total du territoire palestinien ont provoqué un désastre humanitaire.

- Réunion du Conseil de sécurité -
A Bruxelles, M. Blinken a affirmé que "100% de la population a besoin d'aide humanitaire" à Gaza.

Premier soutien militaire d'Israël, les Etats-Unis ont exigé de leur partenaire une "augmentation spectaculaire" de cette aide, espérant voir des mesures concrètes prises "dans les heures et jours qui viennent".

"Si nous perdons ce respect pour la vie humaine, on prend le risque de ne pas pouvoir nous démarquer de ceux que nous combattons", a dit le chef de la diplomatie américaine, en référence au Hamas.

Après la frappe de lundi, WCK a annoncé suspendre ses opérations à Gaza, accroissant les craintes pour les 2,4 millions d'habitants.

Open Arms, l'organisation espagnole qui avait affrété avec l'ONG le premier bateau d'aide humanitaire arrivé à Gaza en mars, a dit aussi suspendre ses opérations via le couloir humanitaire depuis Chypre.

Jeudi, Médecins sans frontières (MSF), Oxfam, Médecins du Monde et Save the children International ont alerté sur leur quasi impossibilité de travailler à Gaza.

Le Conseil de sécurité de l'ONU doit tenir vendredi une réunion sur la situation des travailleurs humanitaires et le risque de famine à Gaza.

Le Croissant-Rouge palestinien a indiqué jeudi que "31 enfants de (la bande de) Gaza sont morts de faim et de déshydratation".

Et selon une étude d'Oxfam, la population du nord de ce territoire survit avec "moins de 12% des besoins caloriques quotidiens moyens".

Pour apporter leur aide, plusieurs pays effectuent notamment des parachutages, mais cette méthode ne peut se substituer aux routes terrestres, insiste l'ONU.

Joe Biden a aussi pressé jeudi Benjamin Netanyahu de conclure "sans délai" un accord pour un cessez-le-feu, alors que l'opération terrestre voulue par le Premier ministre israélien à Rafah suscite une inquiétude croissante.

le Vendredi 5 Avril 2024 à 05:43 | Lu 706 fois