Nouméa, France | AFP | lundi 03/06/2024 - Trois semaines après le début des émeutes en Nouvelle-Calédonie, le monde économique peine à se relever. Malgré l'urgence, le sentiment d'insécurité, les difficultés de déplacement et de longues démarches administratives compliquent la réouverture des entreprises.
Implanté à proximité immédiate d'un quartier populaire particulièrement touché par les violences, le Dumbéa Mall a des allures de petit miracle.
Les alentours ont été ravagés mais le centre commercial, fleuron du réseau de distribution de l'agglomération de Nouméa à son ouverture en 2018, est resté intact. Dimanche, il a pu rouvrir, pour la première fois depuis que la Nouvelle-Calédonie s'est embrasée.
A quelques dizaines de mètres de l'entrée, les carcasses de voitures incendiées et un panache de fumée noire montrent que le calme n'est pas totalement revenu.
Les militants indépendantistes ont installé un petit chapiteau sous lequel ils confectionnent des banderoles peintes à la bombe et aussitôt installées sous le regard de gendarmes mobiles qui gardent les ronds-points.
"J'ai des mauvais souvenirs ici. J'étais exactement là quand on a entendu des coups de feu. On a couru dans tous les sens", raconte un garçon d'une dizaine d'années dans la file d'attente qui s'étire devant le centre commercial.
"Là, c'est mieux. La première semaine tu avais peur de te prendre une balle perdue", confirme sa grande sœur.
Dans le centre commercial, des haut-parleurs rappellent les consignes: se dépêcher, et prendre seulement deux produits identiques par personne, tandis que des vigiles autorisent les clients à entrer par groupe de 30.
Si la direction ne souhaite pas communiquer, un employé confie que c'est "parce qu'on a peur de se faire déborder, on manque de personnel".
- Un monde à reconstruire -
Les violences qui ont émaillé le territoire du Pacifique sud, nées de la contestation d'une réforme électorale par la frange indépendantiste de l'archipel, ont durement touché le tissu économique depuis mi-mai, avec de nombreux commerces détruits, incendiés ou pillés.
"On a 5.000 pertes d'emplois directs, mais on estime à 7.000 les emplois directs et indirects qui sont perdus", a déclaré lundi sur Franceinfo David Guyenne, président de la chambre de commerce et d'industrie (CCI) de Nouvelle-Calédonie, estimant à 15.000 le nombre de salariés qui seront touchés par du chômage partiel.
Là où la reprise du travail est possible, des salariés, parfois, manquent à l'appel. Certains ne sont pas joignables, d'autres sont bloqués hors de Nouméa.
"J'ai un salarié qui a réussi à rentrer sur son île d'origine, à Ouvéa, parce que ça chauffait trop à côté de chez lui. Un autre, au Mont-Dore, qui ne peut pas passer. J'ai aussi une salariée d'origine tahitienne avec un bébé d'un an qui a été menacé. Elle a dû s'enfuir pour se réfugier à Bourail", ville située 160 kilomètres au nord de Nouméa, rapporte Nicolas, à la tête de plusieurs sociétés.
Pour le gérant, les ressources humaines sont devenues un véritable casse-tête, entre manque de personnel et gestion des demandes d'aides auprès des institutions.
D'autres employés font grève sans le dire, à l'instar de ce militant indépendantiste d'une trentaine d'années présent sur les barrages, qui confie à l'AFP ne pas vouloir reprendre le travail tant que le projet de réforme constitutionnelle n'est pas retiré.
Mais même quand les employés reviennent travailler, les émeutes ont créé un gouffre béant entre certains employés. Au-delà des questions de trésorerie, c'est un monde du travail multiculturel qu'il faudra reconstruire, tandis que la peur domine encore.
Une jeune secrétaire kanak, qui souhaite garder l'anonymat, raconte la méfiance qu'elle a ressentie à son retour au travail de la part de ses collègues "avec qui j'étais amie".
"Il y a une semaine, quand je suis arrivée à mon travail, je n'ai pas pu retenir mes larmes. J'ai pleuré, pleuré...", témoigne-t-elle: "C'est comme si j'étais une terroriste".
Implanté à proximité immédiate d'un quartier populaire particulièrement touché par les violences, le Dumbéa Mall a des allures de petit miracle.
Les alentours ont été ravagés mais le centre commercial, fleuron du réseau de distribution de l'agglomération de Nouméa à son ouverture en 2018, est resté intact. Dimanche, il a pu rouvrir, pour la première fois depuis que la Nouvelle-Calédonie s'est embrasée.
A quelques dizaines de mètres de l'entrée, les carcasses de voitures incendiées et un panache de fumée noire montrent que le calme n'est pas totalement revenu.
Les militants indépendantistes ont installé un petit chapiteau sous lequel ils confectionnent des banderoles peintes à la bombe et aussitôt installées sous le regard de gendarmes mobiles qui gardent les ronds-points.
"J'ai des mauvais souvenirs ici. J'étais exactement là quand on a entendu des coups de feu. On a couru dans tous les sens", raconte un garçon d'une dizaine d'années dans la file d'attente qui s'étire devant le centre commercial.
"Là, c'est mieux. La première semaine tu avais peur de te prendre une balle perdue", confirme sa grande sœur.
Dans le centre commercial, des haut-parleurs rappellent les consignes: se dépêcher, et prendre seulement deux produits identiques par personne, tandis que des vigiles autorisent les clients à entrer par groupe de 30.
Si la direction ne souhaite pas communiquer, un employé confie que c'est "parce qu'on a peur de se faire déborder, on manque de personnel".
- Un monde à reconstruire -
Les violences qui ont émaillé le territoire du Pacifique sud, nées de la contestation d'une réforme électorale par la frange indépendantiste de l'archipel, ont durement touché le tissu économique depuis mi-mai, avec de nombreux commerces détruits, incendiés ou pillés.
"On a 5.000 pertes d'emplois directs, mais on estime à 7.000 les emplois directs et indirects qui sont perdus", a déclaré lundi sur Franceinfo David Guyenne, président de la chambre de commerce et d'industrie (CCI) de Nouvelle-Calédonie, estimant à 15.000 le nombre de salariés qui seront touchés par du chômage partiel.
Là où la reprise du travail est possible, des salariés, parfois, manquent à l'appel. Certains ne sont pas joignables, d'autres sont bloqués hors de Nouméa.
"J'ai un salarié qui a réussi à rentrer sur son île d'origine, à Ouvéa, parce que ça chauffait trop à côté de chez lui. Un autre, au Mont-Dore, qui ne peut pas passer. J'ai aussi une salariée d'origine tahitienne avec un bébé d'un an qui a été menacé. Elle a dû s'enfuir pour se réfugier à Bourail", ville située 160 kilomètres au nord de Nouméa, rapporte Nicolas, à la tête de plusieurs sociétés.
Pour le gérant, les ressources humaines sont devenues un véritable casse-tête, entre manque de personnel et gestion des demandes d'aides auprès des institutions.
D'autres employés font grève sans le dire, à l'instar de ce militant indépendantiste d'une trentaine d'années présent sur les barrages, qui confie à l'AFP ne pas vouloir reprendre le travail tant que le projet de réforme constitutionnelle n'est pas retiré.
Mais même quand les employés reviennent travailler, les émeutes ont créé un gouffre béant entre certains employés. Au-delà des questions de trésorerie, c'est un monde du travail multiculturel qu'il faudra reconstruire, tandis que la peur domine encore.
Une jeune secrétaire kanak, qui souhaite garder l'anonymat, raconte la méfiance qu'elle a ressentie à son retour au travail de la part de ses collègues "avec qui j'étais amie".
"Il y a une semaine, quand je suis arrivée à mon travail, je n'ai pas pu retenir mes larmes. J'ai pleuré, pleuré...", témoigne-t-elle: "C'est comme si j'étais une terroriste".