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Indigné par " l'absence de courage politique" des élus, J.P Barral quitte le cabinet de J. Drollet


Indigné par " l'absence de courage politique" des élus, J.P Barral quitte le cabinet de J. Drollet
Il a démissionné lundi dernier du cabinet de Jacqui Drollet, mais pas question de fâcher l’influent président de l’assemblée. Jean-Paul Barral, qui n’a pas de mots assez durs ce mercredi matin contre la classe politique polynésienne, trouve encore la force de remercier le président du Ia Mana Te Nunaa. Mais l’ancien président du conseil d’administration de l’OPT descend en flèche le reste des élus, tous bords confondus, effaré qu'il est par cette "organisation politique aujourd'hui fractionnée en une dizaine de baronnies et en proie à une compétition d'ego acharnée et mortifère".

Au cours d’une conférence de presse organisée mercredi matin dans les locaux de l’assemblée de Polynésie, Jean-Paul Barral a donc poussé le « coup de gueule de l’homme fatigué ». Fatigué de la « logique de réflexe clanique », de la « petite manœuvre opportuniste », et de la « tambouille politicienne », Jean-Paul Barral abandonne le grand projet auquel il croyait tant : réunir l’ensemble de la classe politique polynésienne afin d’élaborer un projet de société pour la Polynésie de ces 30 prochaines années.

Embauché en juillet par Jacqui Drollet pour travailler à la « refondation de notre société », le « monsieur propre de l’OPT », dont l’inquisition approfondie des comptes de l’Office a notamment conduit Emile Vernaudon en prison pour 5 ans, affirme avoir rencontré en 3 mois « plus de 40 personnalités du monde économique, social, culturel et spirituel», et avoir pris de conscience de l’ « urgence » et de la « nécessité absolue » de la démarche qu’il avait engagée. Las, les inconstances des hommes politiques ont eu raison de sa volonté. Il raconte.


Indigné par " l'absence de courage politique" des élus, J.P Barral quitte le cabinet de J. Drollet
« Le 14 novembre, une partie des responsables politiques a souhaité au niveau du bureau de l’assemblée voir annuler cette démarche au motif qu’elle était soit trop tardive (elle aurait dû être menée à l’issue des dernières élections territoriales) soit trop précoce (il faudrait attendre 2013 et l’issue des prochaines élections) ; devant l’absence d’accord unanime des décideurs politiques, ma démarche perdait tout son sens et ma mission n’avait plus lieu d’être. J’ai donc demandé au président de l’assemblée d’acter la fin de ma mission et ma démission de son cabinet » relate Jean-Paul Barral.

« Je ne peux pas toutefois me retirer sans faire part de mon indignation devant une telle absence de courage politique, à un moment où le Pays traverse une crise structurelle existentielle héritée du modèle de société généré par l’impact du « système CEP » et les dérives de « l’autonomie dévoyée », aggravée par une crise conjoncturelle mondiale. A l’heure où des milliers de nos concitoyens vivent dans le dénuement, la précarité, l’angoisse des lendemains, une telle désinvolture me paraît scandaleuse » accuse celui que le Tavini décrivait en mars comme un « honnête homme ».

Avant de jeter l’éponge, Jean-Paul Barral a donc vraiment cru un instant pouvoir rassembler l’ensemble de la classe politique polynésienne. Utopiste ? « C’est un compliment que j’accepte volontiers », répond-il ensuite avec un sourire. « Nelson Mandela était un utopiste, de Gaulle aussi ». Certes, mais ils auront cru à leur pouvoir de persuasion plus de quelques mois.



le Mercredi 23 Novembre 2011 à 14:46 | Lu 2119 fois