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Incidents à l'APF : Reporters sans Frontières et TNTV écrivent à Jacqui Drollet


Incidents à l'APF : Reporters sans Frontières et TNTV écrivent à Jacqui Drollet
L’interdiction faite aux médias de pénétrer dans les locaux de l’assemblée, lundi matin, et les attaques de Jacqui Drollet contre les médias polynésiens (voir notre article), alertent le correspondant de Reporters sans Frontières en Polynésie. « Jamais, de mémoire de journaliste, il n’avait été interdit à la presse de pénétrer dans le hall de l’assemblée ou d’interroger des élus, ce que vous avez également refusé », s'inquiète Mike Leyral dans une lettre adressée au président de l’assemblée, ainsi qu’à l’ensemble des médias polynésiens. Le journaliste demande à Jacqui Drollet de donner « quelques assurances aux journalistes, et peut-être à la population, sur la manière dont (il envisage) la suite de (son) mandat, dans (ses) relations avec les médias. »

Voici le courrier dans son intégralité.



Monsieur le Président,

Plusieurs journalistes, de télévision, de radio, de presse écrite et du web, m’ont fait part d’incidents survenus ces derniers jours.

Vendredi 13 mai, vous avez reproché à un journaliste de TNTV d’être entré « comme un voleur » dans votre bureau, alors que vous l’y aviez invité.

Lundi 16 mai, vous avez interdit l’accès à l’assemblée à tous les journalistes, qui s’y présentaient pourtant sur la base de l’agenda que vos services diffusent auprès de la presse. Ce lundi étaient prévues la commission des finances et la réunion des présidents de groupes, régulièrement couvertes par les médias.
Jamais, de mémoire de journaliste, il n’avait été interdit à la presse de pénétrer dans le hall de l’assemblée ou d’interroger des élus, ce que vous avez également refusé.

Dans l’après-midi, vous avez traité à plusieurs reprises de « menteur » un journaliste de Polynésie Première, qui tentait de vous expliquer quel reportage il était venu assurer le matin même.

Dans une interview accordée aux Nouvelles, vous avez affirmé que d’anciens élus « n’ont pas à appeler TNTV ». Est-ce au Président de l’Assemblée de choisir qui doit appeler les médias ? N’est-ce pas une forme de censure ?

Vous avez aussi plusieurs fois affirmé que les journalistes étaient « aux ordres de Gaston Flosse ». C’est méconnaître le fonctionnement des rédactions, qui se sont battues, particulièrement en Polynésie, pour acquérir leur droit à la liberté d’informer, et sont jalouses de leur indépendance, qu’elles entendent conserver.

Si vous avez la preuve qu’un organe de presse est « aux ordres » d’un parti politique, apportez-la. Dans le cas contraire, c’est de la diffamation.

Je sais que vous êtes attaché aux principes démocratiques, dont la liberté de la presse et la liberté d’expression sont des piliers. Je suis persuadé que vous ne considérez pas les journalistes comme des « menteurs » ou des « voleurs », mais bien comme des garants de la liberté de parole, dont vous aviez fait, avec l’UPLD, un thème de campagne pendant le Taui.

C’est pourquoi il me semblerait souhaitable que vous dissipiez ce qui n’est, je l’espère, qu’un malentendu ; et que vous donniez quelques assurances aux journalistes, et peut-être à la population, sur la manière dont vous envisagez la suite de votre mandat, dans vos relations avec les médias.

Je vous prie de recevoir, Monsieur le Président, l’expression de mon profond respect.

Mike Leyral



La rédactrice en chef de TNTV, Tiare Nui Pahuiri, a également écrit au président de l'assemblée, mardi en fin d'après-midi. Elle y réaffirme "l’indépendance de TNTV par rapport à toute forme de pression politique, qu’elle vienne du Tahoeraa Huiraatira ou de l’UPLD, de l’opposition ou de la majorité". Son courrier est disponible ci-dessous :

Rédigé par F K le Mardi 17 Mai 2011 à 16:47 | Lu 1884 fois