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Immersion du Kura Ora : des bonbonnes de gaz toxique à la dérive


Une trentaine de bonbonnes de gaz chimique, contenant du bromure de méthylène, un gaz extrêmement nocif pour l'homme, étaient à bord du Kura Ora lors de son immersion.
Une trentaine de bonbonnes de gaz chimique, contenant du bromure de méthylène, un gaz extrêmement nocif pour l'homme, étaient à bord du Kura Ora lors de son immersion.
PAPEETE, le 15 janvier 2019 - Vendredi dernier le Kura Ora II a été immergé au large de Papeete. Peu de temps après, des bonbonnes de gaz chimique sont remontées à la surface, ont révélé nos confrères de Polynésie la 1ère. Les autorités indiquent qu'il n'y aucun de risque de pollution mais appellent à la vigilance.

Le Kura Ora II aura décidemment été une plaie dans les dernières années de sa vie. La goélette qui a desservi pendant près de 30 ans les atolls les plus isolés des Tuamotu était accosté au quai de Motu Uta depuis 2016, date de la liquidation judiciaire de son armateur.
Jugé dangereux par les autorités du port de Papeete, la décision été prise l'année dernière de le couler au large de Tahiti.

Le cargo était ainsi passé par un processus de dépollution pour lui retirer notamment son carburant et ses huiles. Le navire était donc censé se retrouver vide de tout polluant lors de son immersion qui a été programmée vendredi dernier. Mais sauf que selon nos confères de Polynésie la 1ère, une trentaine de bonbonnes de gaz chimique, contenant du bromure de méthylène (voir encadré), étaient encore à bord pendant l'opération. Certaines ont été récupérées et d'autres seraient encore à la dérive. 

"La procédure de dépollution est engagée et suivie par la direction de l'Environnement (DIREN). À la suite de la procédure, un certificat de conformité est produit par un expert maritime. Puis l'opération d'immersion est menée par le Port autonome", confie un cadre de la Direction polynésienne des Affaires maritimes (DPAM).

Du côté du Port autonome, on indique que "notre seul tâche était de couler le bateau. Après, des personnes qui étaient présentes sur la zone ont vu des bonbonnes flotter. Elles les ont donc ramassées." 

Comment ces bonbonnes se sont retrouvées à bord du Kura Ora II, alors qu'il avait subi un processus de dépollution ? La question était encore en suspens hier. La DIREN n'ayant pas donné suite à nos sollicitations, le Pays nous indiquait alors en fin d'après-midi qu'un communiqué était en cours de rédaction avec les services de l'État.  



COMMUNIQUE DU HAUT-COMMISSARIAT

Le lundi 14 janvier 2019, le JRCC a été alerté de la présence à la surface de l’eau de bonbonnes ayant contenu du bromure de méthylène. Ces bonbonnes vides ont été récupérées par la Direction de la biosécurité puis stockées en sécurité à Motu Uta.
 
Par mesure de précaution, le ministère en charge de l’Environnement met en place dès aujourd’hui [mardi, NDLR] une surveillance maritime de la zone de récupération des bonbonnes et des alentours.

Il n’y a aucun risque pour la population dès lors qu’il n’y a pas de manipulation de celles-ci. Il n’y a pas non plus de risque d’explosion, notamment en cas de collision avec une embarcation.

Les services de l’État et du Pays sont pleinement mobilisés dans la gestion de cet événement pour assurer la sécurité des populations.

En cas de découverte d’une bonbonne, la conduite à tenir pour les usagers de la mer et du littoral est la suivante :
      1-  Ne pas toucher, ne pas déplacer la bonbonne
Le changement d’environnement, la fragilisation de la bonbonne et sa manipulation pourraient présenter des dangers éventuels. Il est donc impératif de laisser la bonbonne à l’endroit où elle a été découverte et de rester à distance.

2-            Relever l’emplacement de la bonbonne
Afin de faciliter la prise en charge de la bonbonne, il est nécessaire de relever les coordonnées GPS des lieux de découverte ou, en l’absence de GPS, de définir le plus précisément possible l’emplacement de la bonbonne.

3-            Prévenir le JRCC
Après s’être assuré d’avoir noté la position de la bonbonne, il est impératif d’avertir rapidement le JRCC par radio ou par téléphone en composant le 16.

Le bromure de méthylène, un gaz interdit en France, mais toujours utilisé en Polynésie française

En septembre 2017 Tahiti Infos présentait dans ses colonnes le bromure de méthylène, un gaz très toxique, utilisé dans le traitement des fruits et légumes par les services phytosanitaires. Interdit par le protocole de Montréal signé 1987, le fongicide, utilisé dans la fumigation, est utilisé en Polynésie depuis les années 60.

En plus de ses effets sur la couche d'ozone, ce gaz peut aussi se révéler extrêmement toxique pour l'homme, notamment pour ceux qui travaillent régulièrement en contact avec le gaz. En 2013, le quotidien Le Monde détaillait les effets de ce gaz sur la santé dans un article intitulé : Vertige, nausée, cancer... : les effets dus à la fumigation des conteneurs. "Migraines, troubles de la concentration et de la mémoire, vertiges et nausée, irritation de la peau, lésions des muqueuses du nez et des yeux, symptômes respiratoires et crampes musculaires, ou encore troubles de l'humeur et fatigue inhabituelle sont quelques-uns des signes d'une intoxication chronique ou aiguë due aux gaz", détaillait Le Monde dans son article.

De même, des résidus restants sur les fruits et légumes traités peuvent également être ingérés par les consommateurs. Même si les services du Pays affirment de leur côté que, "les résidus du produit s'évaporent plusieurs heures après la fumigation", selon des études réalisées, "les résidus de bromure ne posent probablement pas de problème pour la santé humaine, si les produits qui les contiennent sont consommés en quantités normales.

Rédigé par Désiré Teivao le Mardi 15 Janvier 2019 à 18:14 | Lu 3022 fois